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A Way Out : par ici la sortie !



Un Prison Break sans le glam !

Les deux protagonistes de A Way Out sont bien éloignés des célèbres frères Scofield de Prison Break, à savoir qu’ils ne présentent pas ce physique improbable de surfeurs californiens arborant un bronzage bien étrange dans un univers carcéral où, par définition, on ne profite pas vraiment du soleil. Mais sont-ils au moins charismatiques ? Et bien on peut au moins reconnaître que leur personnalité respective sont bien contrastées. D’un côté nous avons Léo, au tempérament particulièrement sanguin, impulsif et prêt à tous les coups fourrés ; et de l’autre Vincent, un poil plus réservé et représentant l’archétype même du gars qui se trouve là par erreur ou du moins par un fâcheux concours de circonstances. Mais nous n’en dirons pas plus afin de ne pas déflorer le background de chacun de ces deux personnages dont vous maîtriserez la destinée entre vos mains fébriles. Toujours est-il que ces deux convicts, malgré des premiers échanges quelque peu houleux, vont s’allier afin d’échafauder un plan d’évasion digne de L’Evadé d’Alcatraz de Don Siegel. L’ambiance d’un pénitencier américain est franchement bien restituée avec tous ces codes, ces matons tantôt cruels tantôt bienveillants mais toujours corruptibles, et surtout sa flanquée de détenus foutraques prêts à mettre le boxon dans le zonzon, améliorant l’ordinaire en procédant à de multiples trafics et bien évidemment, du moins pour certains, trouvant votre bobine suffisamment avenante pour servir de punching ball. Le paradis quoi !  On comprend également assez rapidement qu’il ne faudra pas s’attendre avec A Way Out à un soft de haute volée sur la plan graphique. Du travail correct qui n’a rien de déshonorant mais assez éloigné des standards les plus ambitieux. Après une introduction narrant l’arrivée de Vincent dans son nouveau Home Sweet Home et installant d’entrée la logique du split Screen que Tarantino avait sublimé dans Jackie Brown, vous serez rapidement jeté dans le grand bain de l’enfer carcéral. Avec un seul objectif : en sortir au plus vite !

Le plaisir de la découverte. Mais après…

Les prétentions coopératives associées à ce fameux split screen permanent laissaient envisager un gameplay aux petits oignons assorti de mécanismes ingénieux. Ne vous faisons pas languir, le soufflé retombe finalement assez vite. Effectivement, le jeu s’appuie essentiellement sur l’étroite collaboration que vous serez amené à mettre en place avec votre coéquipier virtuel et réel. La plupart du temps, il s’agit essentiellement de trouver le moyen de faire diversion et d’attirer l’attention des gardes afin que votre partenaire ait le champ libre pour récupérer un objet ou infiltrer discrètement un lieu. Prenons pour exemple une des premières séquences lorsque Léo et Vincent se retrouvent malencontreusement alités à l’infirmerie après une rixe comme il en survient souvent dans de tels endroits. Il faut bien se défouler un peu… Alors que Léo souhaite récupérer un outil dans un bureau à proximité, Vincent aura pour tâche de détourner l’attention de l’infirmière en feignant un pic de douleur extrême et accessoirement en tapant un peu la causette. De son côté, Léo devra rester discret en se camouflant derrière des bureaux et en observant le pattern du déplacement des gardes. Ce n’est pas du Splinter Cell et le challenge n’est guère relevé mais disons que le mécanisme fonctionne correctement et que la logique de coopération est plutôt bien mise en scène. Le problème est que ce type de situation revient à intervalles plus que réguliers et que ce qui s’avérait plaisant dans un premier temps finit par devenir terriblement répétitif : la logique reste invariable et seules les situations changent quelque peu : Et ce ne sont pas les quelques séances de courtes échelles qui émaillent le jeu çà et là qui relèvent le niveau. Autre problème de taille, le jeu se voulant narratif, on aurait également apprécié que vos choix aient un impact beaucoup affirmé sur le déroulement du scénario. Or après vérification, le jeu s’avère plutôt directif et sa division en grands chapitres aux fins généralement non alternatives vous amènent clairement à suivre une arborescence d’évènements que l’on imagine parfaitement tracée. Certaines situations extrêmes comme un saut en parachute qui tourne mal parviennent tout de même à susciter quelques pics d’adrénaline bien sentis.

Vroum Vroum, Bang Bang et… Puissance 4 !

En dehors de l’aspect collaboratif, A Way Out ambitionne également de vous proposer un peu d’action avec des combats à mains nues puis des gunfights et des courses-poursuites dès que vous aurez réussi à franchir les murailles du pénitencier. Concernant les combats, le bilan est franchement négatif, c’est la foire aux QTE dans ce qu’ils ont de plus basique. Il suffit d’appuyer sur les bonnes touches au bon moment pour déclencer l’uppercut bien spectaculaire ou l’esquive mettant votre adversaire dans le vent. C’est tout le problème des jeux qui se veulent très cinégéniques. Pour cela, le QTE reste encore le moyen le plus simple d’intégrer de petites cinématiques. Mais c’est au détriment de la jouabilité car disons-le clairement, le QTE est au gameplay ce qu’une session d’autos-tamponneuses est à une course de F1. On a assez souvent fait ce reproche aux productions de Quantic Dreams pour ne pas le souligner dans le cas présent. Pour la conduite des véhicules ou les séances de gunfight, le bilan est plus positif même si la physique des différents bolides que vous « emprunterez » reste très perfectible et si l’IA des ennemis semble bien statique. Au final, le jeu tente de diversifier les expériences mais souffre constamment d’un manque de finition. A Way Out propose également  quelques mini-jeux intégrés dans l’aventure comme la possibilité de se faire un petit Puissance 4… Je sais bien que l’on doit s’emmerder en prison mais quand même… Au bout d’une petite dizaine d’heures et à l’issue de notre folle escapade, on se dit que l’on a eu entre les mains un potentiel chef-d’œuvre que le manque de moyens a transformé en série B pétrie de bonnes idées mais n’allant jamais jusqu’au bout de celles-ci. Mais une chose reste certaine, A Way Out reste une tentative intéressante de « sortir des clous » et de proposer sur le marché une manière différente de jouer. Sans nul doute, ce soft ouvre une voie qui sera sans doute empruntée par son lot de suiveurs. Et ces quelques heures auront tout de même permis de s’attacher à ces deux compères auxquels une histoire plutôt bien écrite aura réussi à donner de l’épaisseur.

Testé sur PS4