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Marvel Versus Capcom Infinite : l’éternel retour



Fun fight !

La franchise Marvel Versus Capcom n’a clairement jamais joué dans la même cour que Street Fighter. Si ce dernier a toujours axé son gameplay sur des combats exigeants et techniques ne laissant quasiment aucune chance aux néophytes, le crossover improbable entre les figures légendaires des plus grands hits de la firme nipponne et les superhéros des célèbres comics s’est toujours défini comme beaucoup plus permissif et débridé au fil des différents opus. Marvel VS Capcom, c’est avant tout du fun et des effets visuels à vous faire perdre 2/10ème à chaque œil ! Bien sûr, cela reste un jeu de baston compétitif et le hardcore gamer sachant maîtriser la moindre combo aura toujours un avantage certain sur le newbie inconscient qui oserait le défier. Mais marteler comme un dingue le paddle a également tendance à produire des effets aussi positifs qu’insoupçonnés. Un peu moins prise de tête et disposant surtout d’un casting dont l’aura dépasse largement la sphère du jeu vidéo, ce Marvel versus Capcom Infinite disposait a priori de tous les atouts pour faire un petit carton et tenir la dragée haute à la concurrence offerte par les Mortal Kombat ou les Tekken. Mais pourquoi donc l’emploi de cet inquiétant conditionnel ?

Débourser plus pour bastonner moins !

La licence Marvel Versus Capcom avait jusqu’alors toujours proposé un nombre très important de personnages jouables même si une bonne partie d’entre eux devait naturellement être débloqués en atteignant différents objectifs ou en remportant moult défis plus ou moins ardus. Mais soyons clair, le joueur en avait pour son argent et pouvait déjà se réjouir de prendre en main des héros légendaires comme la quasi intégralité des Xmen ou des Avengers mais aussi des figures emblématiques du jeu vidéo comme Dante de Devil May Cry ou même une bonne partie du casting séminal des Street Fighter. Mais dès le lancement de ce nouvel épisode, l’excitation laisse place à une relative consternation. Trente combattants ! Oui, seulement trente sachant que six autres personnages sont téléchargeables contre monnaie sonnante et trébuchante. Si vous comptiez vous frotter à la Panthère Noire, à Venom ou bien à Monster Hunter, il faudra passer par la case DLC. Si l’on peut comprendre que le buisness model d’un jeu vidéo a évolué de manière généralisée depuis quelques années et que tout le monde y va de son contenu additionnel et de sa proposition de Season Pass, là pour le coup, on se sent vaguement pris en otage par une logique commerciale jusqu’auboutiste. Evidemment, ce casting va s’élargir au fil des mois mais quand on sait que Marvel VS Capcom 2 proposait par exemple plus de cinquante-cinq combattants, cela laisse tout de même un léger goût amer dans la bouche et une sensation assez désagréable au niveau du fondement. Pas même un petit X-men dans les parages à moins de débourser pour profiter des formes généreuses de la sculpturale Natasha Romanoff alias La Veuve Noire. On note en revanche l’arrivée de quelques nouveaux visages comme Gamora, extirpée des Gardiens de la Galaxie, ou encore Ultron et Megaman X. Bien maigre tout cela !

La guerre des Clans

Mais laissons de côté la déception pour jeter un coup d’œil sur les différents modes de jeu proposés. Si bien évidemment, un jeu de baston fait la part belle à la compétion entre joueurs que ce soit en mode local ou online, il est toujours possible de découvrir l’ensemble des fighters au fil d’un mode scénarisé qui doit relever le défi de construire une histoire cohérente avec une galerie de personnages aussi disparates. C’est sûr qu’associer la bouille impayable du Arthur de Ghost’n Goblins avec la carrure surdimensionnée de Hulk relève du bon gros challenge ! Capcom s’en sort donc avec une sombre histoire de plans parallèles investis par le très expansionniste Ultron. Pourquoi se contenter d’asservir un univers quand on peut se payer le luxe d’en posséder deux ? Voilà voilà, il ne faut pas s’attendre à une intrigue haut de gamme mais à de multiples cinématiques qui assurent la transition entre les rounds de combat. De temps en temps, un coup de théâtre vient tout de même relancer la « dramatisation » de l’ensemble avec quelques trahisons (consenties ou pas) à la clé. D’un autre côté, est-on en droit d’attendre vraiment plus ?

« Si j’avais un marteau… » (Thor Remix extended version 2017)

Reste le cœur du débat à savoir le gameplay dont le caractère débridé et épileptique a toujours été le principal atout de la licence. Rappelons qu’à l’inverse d’un Street Fighter beaucoup plus axé sur la compétition online, Marvel Versus Capcom ne propose pas du one vs one mais des teams de deux opposants entre lesquels il est possible de switcher durant les combats. Dans un probable souci de démocratisation, Capcom a en revanche renoncé au fameux 3 vs 3 plus compliqué à prendre en main par le joueur très occasionnel. Marvel vs Capcom Infinite reste donc dans la démarche « historique » de la série en proposant des rixes nerveuses avec une palette de coups moins étendue que dans un Street Fighter mais beaucoup plus faciles à mettre en œuvre et en particulier des combos dévastateurs accompagnés d’effets visuels qui explosent littéralement à l’écran. Ceci par ailleurs, ne facilite pas toujours la lisibilité des combats mais il est difficile d’adresser ce reproche tant une telle débauche visuelle relève du parti pris assumé.

Le côté sympa de ce gameplay, c’est de pouvoir s’amuser d’entrée et d’avoir cette sensation grisante de bien jouer dès les premières minutes de prise en main. D’ailleurs, les coups spéciaux finissent toujours par sortir comme par enchantement. Il est en effet possible de les déclencher une fois les jauges respectives remplies grâce à un enchainement spécifique mais aussi en martelant la même touche comme un dératé. Même si dans ce cas, les dégâts sont automatiquement minorés : une prime à la technicité assez judicieuse pour le coup et qui propose le double intérêt de ne pas frustrer le petit frère de dix ans qui veut faire joujou avec Spiderman tout en valorisant le « bon joueur ». Avant chaque combat, vous devrez choisir une Pierre de l’Infini qui vous octroiera un ultime coup spécial se déclenchant quasi automatiquement. Je sens que le hardcore gamer sourcille face à une telle facilité… Mais reconnaissons que les combats s’enchainent dans une belle humeur communicative. Clairement, Marvel Versus Capcom Infinite est le jeu que l’on peut se mettre de temps en temps pour une soirée entre potes sans se contraindre à des heures d’entrainement forcené.

Raviveur de couleurs

Un derrnier petit mot sur le packaging technique de cet opus qui laissera certains assez songeurs. Durant les combats, il n’y a rien à dire : ça claque à max ! C’est évidemment très flashy, très outrancier mais les effets visuels sont assez impressionnants et la modélisation des personnages très attractive. Même constat pour les animations qui sont d’une fluidité impeccable malgré des écrans souvent très surchargés ; en revanche, on est en droit de s’interroger face à la charte graphique adoptée pour les multiples cinématiques… Si les personnages des licences Capcom ne sont pas trop mal lotis, difficile d’en dire autant pour des héros comme Iron Man ou Captain America ou bien même Thor. A trop hésiter entre une esthétique purement comics, le photoréalisme et le cartoon à la mode Disney Infinite, on finit par aboutir à un character model juste bizarre et parfois très éloigné de ce à quoi on peut s’attendre. Certains aimeront sans doute… Pas votre humble serviteur.

Testé sur PS4.