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Shenmue I & II « HD » : Deux jeux cultes mais…



Ah ! La Dreamcast, une console puissante qui n’a pas eu le succès escompté, sans doute par le manque de confiance des consommateurs vis-à-vis de Sega et de sa Megadrive « modulable » avec son extension 32x et son Mega-CD. Ces deux extensions n’ayant préalablement pas rencontré de succès mais connurent plutôt un échec commercial, tout comme la Saturn en confrontation directe avec la PS1.

Néanmoins il ne s’agissait pas que d’un manque de confiance puisque les regards étaient également tournés vers la concurrence, et tout particulièrement Sony avec la future sortie de la Playstation 2, réputée plus puissante. Pourtant la dernière console de Sega (la Dreamcast) a eu un beau catalogue inédit à l’époque : Skies of Arcadia, les Sonic Adventures, Phantasy Star Online ou encore les épisodes Shenmue. Ce sont ces derniers qui nous intéressent particulièrement aujourd’hui et surtout leur portage HD sur les consoles dites de dernière génération.

On en attendait beaucoup plus !

Une fois n’est pas coutume, on plonge dans le vif du sujet qui va, à n’en pas douter, faire polémique un bon bout de temps : c’est le portage en lui-même. Certains vont dire que le principal c’est ce que le jeu apporte d’un point de vue gameplay et scénaristique, l’enrobage graphique passant clairement au second plan. Sur ce point, nous sommes entièrement d’accord avec eux, les graphismes ne font pas un jeu. Sauf que là, la problématique ce n’est pas les graphismes qui ont certes vieilli mais c’est surtout la technique qui accuse le coup.

Il faut dire que les fans attendent encore aujourd’hui la suite des aventures de Ryo Hazuki et cette attente dure désormais depuis 17 ans. Yu Suzuki (After Burner, Virtua Fighter,…) leur a fait plaisir en 2015 en annonçant enfin Shenmue III, dont il était possible de participer au financement via Kickstarter. Profitant de ce succès (le financement initial étant atteint en à peine 24 heures), les fans se sont aussitôt tournés vers Sega avec une forte demande d’une réédition de Shenmue I & II. Cette année, Sega a finalement décidé d’annoncer cette compilation HD regroupant les deux premiers épisodes. En toute logique, le studio avait donc largement le temps entre l’annonce du développement de Shenmue III et aujourd’hui (soit 3 ans) pour sortir et peaufiner des versions graphiquement et techniquement au top.

Et bien que nenni, non seulement visuellement on retrouve les textures qui ont mal vieilli, mais techniquement il y a de nombreuses problématiques. Sans doute pour une question de budget très limité ou de temps plus court que prévu, on se retrouve finalement avec des portages HD purement et simplement bâclés.

Alors oui, le soft bénéficie d’un filtre HD qui rend le tout plus lisse et donc moins aliasé, mais cela s’arrête là. La compil’ souffre en effet de nombreux bugs en tout genre et cela même avec le patch Day One déployé par Sega, le plus touché étant le premier Shenmue.

On ne va pas tout citer en détail mais signaler les soucis les plus importants. Par exemple, il nous est arrivé de ne pas avoir d’image mais du son, ou au contraire une image mais pas de son. On a aussi eu des bugs nous empêchant d’avancer, des grésillements audio, du popping,… Finalement en y regardant de plus près, à part quelques détails, on se dit que le soft n’est presque qu’un simple portage des versions d’origine (Dreamcast et Xbox). Au passage, les nostalgiques seront ravis de voir le logo Dreamcast dans les options.

Pour égayer cette partie, on peut néanmoins citer deux points positifs. Premièrement l’affichage 16:9 qui donne un meilleur confort visuel même si les cinématiques n’en bénéficient pas puisqu’elles sont restées en format 4:3. Et en second, on a enfin le droit à des sous-titres en français sur les deux épisodes, de quoi peut-être pousser les réfractaires de l’époque à se lancer. Maintenant que nous avons terminé avec le gros point sensible de cette compilation, on va s’intéresser au scénario.

La vengeance sera longue

Petite piqûre de rappel, à l’origine Yu Suzuki avait prévu que sa saga allait s’étaler sur 16 chapitres (d’après Shin Ishikawa, le directeur de la version Xbox du jeu) avec au moins 4 ou 5 épisodes pour suivre l’histoire complète. Une sorte de jeu épisodique avant l’heure. Finalement quelques années plus tard, l’homme a décidé de faire de Shenmue une trilogie. Pour le moment, deux jeux sont sortis mais avec du contenu tronqué, on s’explique.

Il y a Shenmue premier du nom qui se concentre exclusivement sur le premier chapitre mettant en scène les bases du jeu ainsi que les prémices de la vengeance. Normalement, en toute logique après le premier chapitre on a le second, sauf que même si celui-ci a bien existé, il se déroulait sur un bateau (un aperçu l’attestant est disponible dans une BD déblocable dans le jeu de la version Xbox). Ce second chapitre a finalement été complètement abandonné et on passe donc directement au chapitre 3 jusqu’au quatrième avec l’épisode Shenmue II.

Si vous suivez toujours, si on inclut la BD, on a véritablement les « chapitres 1, 2, 3 et 4 » avec les deux jeux. Rappelons que Yu Suzuki a indiqué que le troisième épisode ne sera pas le dernier (il couvrira le chapitre 5 et le sixième) et que finalement la trame ne sera pas découpée en seize mais en onze chapitres.

Le scénario intéressant et bien ficelé nous emmène au Japon, alors que Ryo Hazuki, jeune lycéen de 18 ans rentre chez lui. A son arrivée, il découvre le panneau du dojo de sa famille coupé en deux, il va rapidement voir que son père est en plein combat avec un Lan-Di (un mystérieux étranger expert en arts martiaux) qui le met vite au tapis.

Ryo fonce alors défendre son père mais va tout bonnement servir de leurre ; en effet Lan-Di cherche à récupérer un mystérieux miroir. Ayant appris où se trouve le précieux objet, Lan Di le fait récupérer par ses hommes et tue le père de Ryo.

Le jeune Hazuki remis de ses blessures quelques jours plus tard, va alors chercher des indices pour découvrir qui est cet homme, le traquer et surtout venger son père. Bien sûr, dans le second épisode le périple se poursuit mais se déroule cette fois en Chine.

Un gameplay révolutionnaire pour l’époque avec les techniques « d’avant »

A l’époque de sa sortie sur Dreamcast, Shenmue était un jeu révolutionnaire grâce à de multiples choses. En premier lieu le système « FREE ». Celui-ci avait pour attrait principal de pouvoir fouiller son environnement avec diverses interactions d’éléments comme par exemple l’ouverture de tiroirs. Le tout se déroulant dans une petite ville (oui, déjà) que l’on pouvait explorer à la troisième personne.

Ainsi se rendre dans les divers commerces, discuter avec les nombreux PNJs (environ 300), aller dans les salles d’arcade, faire des petits boulots, etc… rendait le tout immersif. Sans compter le dépaysement que l’on avait grâce à l’atmosphère d’une ville réaliste. D’ailleurs pour appuyer ce côté immersion, un cycle jour/nuit était déjà présent avec le temps qui s’écoulait, il était évident que les commerces étaient fermés la nuit, tout comme les PNJs n’étaient plus sur le lieu d’un rendez-vous si on arrivait quelques heures en retard.

En plus de tout cela, Shenmue a introduit les phases de QTE que l’on connaît bien aujourd’hui. En bref les softs ont été bien conçus et ont redéfini le jeu moderne comme on le connaît aujourd’hui. Néanmoins les nouveaux(elles) joueurs(euses) ne vont pas s’enthousiasmer pour si peu, puisque l’on retrouve maintenant assez régulièrement ce système de « monde ouvert interactif » et QTE dans d’autres jeux.

Pour résumer le gameplay des deux épisodes cultissimes de Shenmue, c’est assez simple : il y a trois phases de gameplay « distinctes » : l’exploration, les combats façon Virtua Fighter et les séquences de QTE. La première phase consiste à évoluer au travers d’un jeu d’Aventure en 3D où l’on évolue dans les environnements à la recherche d’indices pour traquer l’assassin du père de Ryo, une enquête en somme.

En plus de cette enquête, on est libre de nos mouvements, on peut donc aussi bien aller s’occuper d’un chat, réaliser plusieurs quêtes annexes, visiter les lieux, acheter quelques petites figurines qui font office de collectibles, faire quelques petits boulots pour gagner de l’argent, faire quelques mini-jeux « classiques » : bras de fer, chariot élévateur, et bien sûr se rendre dans une salle d’arcade. Oui, il y a une véritable salle d’arcade où l’on peut jouer à d’anciens hits de Sega, comme son célèbre jeu de voiture OutRun ou encore le shooter Space Harrier. De quoi faire renaître la nostalgie.

En ce qui concerne les combats, ils s’inspirent du jeu de combat Virtua Fighter : plus on effectue une attaque, plus elle devient puissante ; on peut d’ailleurs améliorer ces techniques en les achetant directement ou en se rendant auprès de divers personnages. Pour finir, on a les incontournables phases de QTE où il faut appuyer sur les touches apparaissant à l’écran.

Les jeux sont toujours aussi réalistes et fonctionnent toujours, même si clairement ils ont pris un coup de vieux avec des déplacements rigides et quelques maladresses, que cela soit au niveau de l’exploration ou au niveau des combats.

En effet, l’équipe derrière ce « portage » n’a pas rajeuni le soft en incluant par exemple un peu de souplesse aux mouvements ou encore la possibilité de gérer la caméra générale avec le second stick (le stick droit faisant simplement office de caméra de regard de Ryo), ce qui peut être assez désagréable dans les lieux étroits et confinés, Ryo ne se déplaçant pas au doigt et à l’oeil.

En lieu et place de ce rajeunissement, on a quelques petites features utiles comme la possibilité de se « téléporter » à la maison dans le premier épisode, de zapper les cutscenes ou encore de pouvoir sauvegarder à presque tout moment.

A noter également que l’on peut commencer par l’épisode que l’on souhaite, même si évidemment pour suivre l’histoire, il faut impérativement commencer par le premier. D’ailleurs une fois le premier épisode terminé, la sauvegarde finale permet de garder ses techniques de combat, collectibles et son argent, et ainsi commencer le deuxième épisode avec tout son attirail.

Testé sur Xbox One X