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The Witcher 3 – Wild Hunt : Geralt trois pour toi



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On l’aura attendu celui-ci ! Là où tant de producteurs rapaces retardent un jeu simplement parce qu’un délai de sortie trop court aurait abouti à la sortie d’un jeu indigne (il sortira finalement plus tard sous la forme d’un jeu perclus de bugs), CD Projekt Red a lui repoussé son jeu pour le fignoler, le peaufiner, l’améliorer. Bon, certes, nous n’avons pas échappé au désormais traditionnel patch Day One, auquel même Nintendo commence à succomber, mais il est compensé par des DLC gratuits, alors bon… Ajoutons à cela que les développeurs polonais ont glissé dans la boîte une lettre de remerciement aux joueurs, et qu’ils ont rendu le patch Day One accessible… aux pirates. Des hurluberlus, mais voilà une démarche qui a le (grand) mérite d’être rafraichissante.

Vous voici donc à nouveau dans la peau de Geralt de Riv, le Sorceleur, le mutant albinos le plus célèbre du monde (parce que probablement le seul, il faut bien l’avouer). Après un premier opus centré sur la découverte du personnage et de son univers, un deuxième davantage axé sur les enjeux politiques du monde, nous voici revenus à des enjeux plus personnels, puisque Geralt est à la recherche de sa pupille Ciri, traquée par la Chasse Sauvage.

Et il faut bien le dire, l’aventure est tout simplement époustouflante. D’abord, quelques mots sur la dimension technique : le jeu est l’un des plus beaux que j’aie jamais vu. Tout ce que j’évoquais dans ce préambule (mal) romancé est vrai : le soleil qui croît et décroît au fil de la journée, provoquant de sublimes jeux de lumière mais pouvant aussi s’avérer un handicap pénible quand vous l’avez dans les yeux, le vent qui couche les arbres, mais pas tous en même temps et dans un ordre totalement aléatoire, la météo changeante, les volées d’oiseaux qui s’envolent à votre approche, la faune, tout contribue à donner au jeu une vérité incroyable, une cohérence. Les villes également sont de superbes exemples d’architecture, même s’il faut bien reconnaître que les PNJ se ressemblent beaucoup parfois. Bref, ne serait-ce que pour l’écrin, le jeu en vaut la chandelle, même si The Order a prouvé que cela ne suffisait pas…

Les combats, quant à eux, élément essentiel du jeu, sont fluides et intéressants. D’abord, il y a un travail réel à accomplir en amont : à mesure que le jeu avance, vous remplissez votre bestiaire, qui vous donne des indications sur la manière dont il convient de vaincre une créature. A défaut, vous risquez de vous compliquer la vie. Huile à appliquer sur vos armes, faiblesses face à un Signe ou à une bombe spécifiques, mode opératoire de la créature, tout y est, et heureusement car les combats peuvent s’avérer coton et basculer sur un détail.  En tous cas, le surnombre sera quasiment toujours synonyme de défaite. En combat, vous alternerez frappes rapides et puissantes, tout en esquivant ou parant pour placer des contre-attaques, et d’un simple geste vous pourrez ralentir le temps pour choisir parmi les Signes dont vous disposez pour ensuite les lancer sur vos adversaires, qu’il s’agisse de les enflammer, de les charmer, et bien d’autres. Brillant.

Si la caméra est parfois un peu hasardeuse, les combats en eux-mêmes donnent une impression de chorégraphie étonnante, chaque arme ayant ses animations propres, et Geralt pouvant alterner à la volée entre deux armes durant un combat. De base, ces armes seront son épée en acier (pour les humains) et en argent (pour les bestioles). Vous pouvez aussi consommer diverses potions, mais attention car ces sympathiques mixtures ne sont pas sans danger. En revanche, point d’artisanat stricto sensu ici : si Geralt peut jouer à l’herboriste, les armes et armures resteront l’apanage des spécialistes à qui vous pourrez remettre vos modèles et vos matières premières.

Parfois, également, vous aurez affaire à un boss, qui lui sera un peu plus délicat à battre, et exigera un peu de sang-froid voire de réflexion. Mais ne croyez pas pour autant que le péon moyen sera du menu fretin, en tous cas pas au début.

J’en profite d’ailleurs pour faire une précision qui servira de transition : The Witcher 3 étant un monde ouvert, vous pouvez n’importe où tomber sur un monstre beaucoup plus fort. Les joueurs de FF hurleront à la mort, les joueurs logiques se rappelleront qu’un monde ouvert n’est pas cloisonné et qu’on trouve de tout, partout…

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Le monde ouvert, donc… Quelle claque ! La seule zone du prologue est déjà riche en aventures, et l’on découvre bien vite qu’en sus de la quête principale (déjà fort réjouissante, et qu’un streamer a fini en ne faisant qu’elle et en zappant tous les dialogues en… 25 heures !), le jeu propose un nombre de quêtes annexes absolument délirant, chacune faisant l’objet d’une écriture soignée et ayant toujours le bon goût d’afficher une narration réjouissante au possible. Oubliez les quêtes Fedex, ici chaque chose a un sens. Que vous les récupériez sur les panneaux d’information, en discutant ou en épiant les conversations, elles ne manquent pas, et auront un impact plus ou moins avéré sur votre parcours, pouvant même déboucher sur des issues plus ou moins tragiques. De l’or en barre. Alors autant vous dire qu’une fois le prologue passé, c’est l’orgie la plus totale…

Un certain nombre de quêtes sont, du reste, des quêtes de chasse : on vous donne une cible, et à vous de la traquer, à l’aide notamment de vos sens de sorceleur (souvent mis à contribution dans le jeu) qui mettront en évidence certains indices. Mais là encore, le souci de précision des développeurs fait que si vous vous en servez, l’environnement sonore notamment sera incroyablement amplifié, et vous entendrez des sons que vous n’entendriez pas sinon. Je pense qu’on n’a d’ailleurs pas fini de copier le boulot des développeurs sur le son dans ce jeu.

Une petite digression, tant qu’on y est : TW3 a eu le bon goût de reprendre une belle idée des Elder Scrolls. N’essayez pas de vous la jouer J-RPG en cassant et ouvrant tout, cela aurait pour seul effet d’attirer à vous des gardes belliqueux décidés à vous enseigner les bonnes manières à coups de glaive. Et ils font mal. Au début.

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Les discussions, parlons-en : selon vos choix, elles aboutiront donc à des parcours très différents. Certaines de vos compétences aboutiront d’ailleurs à de nouveaux choix qui en général vous faciliteront la vie. Par ailleurs, le jeu a bénéficié d’une localisation et d’un doublage intégraux, d’excellente qualité. Exception faite de Geralt, qui peut donner envie de jouer en VO, les autres personnages ont été doublés avec un soin remarquable. Et que dire des textes, certains s’offrant le luxe de ne pas faire avancer l’histoire mais d’être simplement là pour nourrir le récit et creuser un personnage. Le sens du détail jusque dans les moindres recoins.

J’évoquais les compétences de Geralt, c’est l’occasion d’arriver au système de compétences. A chaque passage de niveau, vous pouvez attribuer un point à une compétence dans un arbre ou un autre : combat, magie, artisanat, ou un onglet plus général. Chaque point vous apportera de nouvelles compétences, de nouveaux talents, et vous pourrez aboutir à des builds très différents, qui iront du mage de bataille au guerrier lourd en passant, pourquoi pas, par un combattant en distance. Le tout se place ensuite dans une espèce d’inventaire propre, où les compétences acquises pourront être associées à un mutagène qui en amplifiera les effets. Du velours, on vous dit.

En revanche, léger écueil, l’inventaire aurait gagné à davantage d’ergonomie : pensé pour console, c’est une chose, mais il reste assez pesant à utiliser. On s’y fait, mais il manque divers outils de tri et de rangement, et quelques ajouts en matière d’ergonomie.

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Et puisqu’il faut tout évoquer, y compris ce qui ne va pas, on croise parfois quelques petits bugs ponctuels, le plus drôle étant celui que j’ai appelé le Pégase : le cheval de Geralt, Ablette, est subitement devenu volant, avec impossibilité de le faire atterrir. Et lorsqu’il a fallu descendre, et bien Geralt est mort, s’écrasant quelques mètres plus bas…

Mais les bugs restent ponctuels et traqués sans relâche par les développeurs.

Dernier petit détail avant une conclusion enthousiaste : le Gwynt, jeu de cartes intégré au jeu, qu’à mon avis on n’a pas fini de voir pillé et copié tant il est génial et chronophage. Star Wars cherche un jeu de cartes ? Ils seraient inspirés de pomper allégrement le Gwynt, qui se transposerait très bien à l’univers de Jar-Jar Binks…

Ah, et juste pour info, c’est du vécu : après avoir fini le prologue et entamé entre 10 et 15% de l’une des zones suivantes, j’étais à plus de 20 heures de jeu.

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Testé sur une version PC