Vous voilà donc sur une île ostensiblement caribéenne, eldorado notoire de tout aspirant tyran désireux de se gaver sur le dos des populations locales et de tout homme d’affaire peu scrupuleux, l’un comme l’autre rêvant d’en faire une plate-forme de production bon marché ou un paradis touristique pour faire couler les devises dans leurs poches par torrents. La formule n’évolue pas pour ce cinquième opus : El Presidente que vous êtes va devoir mener son île vers sa prospérité (la sienne, pas celle de l’île), en gérant la politique interne mais aussi les relations diplomatiques. Soyons clairs : Tropico ne change pas. D’épisode en épisode, la formule n’innove ni ne change guère…

Alors bien sûr il y a tout de même quelques petites modifications, pour que la ruse ne se voit pas trop… Ainsi, on découvre une espèce de brouillard de guerre, les directeurs qui donneront une caractéristique spéciale aux entreprises dans lesquelles ils évoluent, et quelques menus détails.

En fait, la véritable innovation vient du fait que désormais on prend son île paradisiaque bien plus en amont, dès l’arrivée des premiers colons. A cette première période succèdera la Deuxième Guerre Mondiale, et ses conséquences géopolitiques bien réelles, la Guerre Froide, qui a lourdement impacté les Caraïbes elle aussi, et enfin les Temps Modernes. Faute de calendrier, le passage de l’un à l’autre ressemble plus à une étape obligatoire qu’à un déroulement du temps « classique », mais passons. Par ailleurs, ceux qui espèrent que les Temps Modernes ressembleront à ceux de Tropico 4 en seront pour leurs frais : il faut bien justifier de futurs DLC…

Ces ères (comme Aimé) auront tout de même une influence sur le jeu, à travers les courants de pensée qui traverseront votre peuple (comme la volonté d’indépendance) et bien sûr les grands alignements pendant les guerres, ce qui vous poussera à orienter votre développement et vous placera face à différents enjeux : difficile, par exemple, d’espérer que l’URSS restera les bras croisés si vous vous vendez aux américains.

La liberté du jeu, quant à elle, est assez relative : vous êtes théoriquement libres, mais un système de missions, hérité tout droit de Tropico 4, vient encadrer votre progression, d’une façon hélas pas toujours très lisible. Dès le tutorial, il peut arriver d’être bloqué par un détail insignifiant pas très bien programmé. C’est un cas TRES rare, précisons-le, mais qui peut agacer. Et en revanche, en dehors des missions, la liberté est heureusement assez totale. Ajoutons tout de même que les missions peuvent être réussies de différentes manières, pour coller à votre mode de gouvernance. Classe.

L’ombre de Tropico 4 plane tout de même considérablement sur ce T5… Et pas toujours pour le mieux, puisque certains points ont reculé, pour rendre le jeu plus accessible : certains aspects, comme les salaires, ne sont plus aussi travaillés, et les menus sont parfois terriblement confus. Or, s’il est un point sur lequel une régression est difficilement admissible, c’est bien l’interface…

Alors bien sûr il reste le charme spécial de Tropico : son univers, son humour, l’ambiance « cool » et rigolarde, mais on a tout de même l’impression que la saga fait vraiment du standby, et ce depuis un ou deux numéros… Voire même, pire, qu’elle recule, donc, sur certains points…

Néanmoins, Tropico inclut ENFIN un mode multijoueur. Ce n’est pas que ça manquait, mais quand même… Et là où le jeu innove un peu quand même, c’est qu’à côté du versus classique, on trouve même un mode coopératif, qui cadre plutôt bien, bizarrement, avec un jeu de ce genre. Le mode versus, quant à lui, est un repaire à coups de Trafalgar, mais un je ne sais quoi rend les affrontements brouillons et pas toujours plaisants à suivre.