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Beyond Two Souls : Beyond Videogames

NOTE DE MaXoE
7
VOTE DES LECTEURS
1 / 52 / 53 / 54 / 55 / 5
Par où commencer pour parler de ce jeu ? Et d'abord, Beyond two souls est-il un jeu ? Quantic Dream s'est toujours singularisé par un attachement très particulier à la narration, à travers des jeux aussi mémorables et cultes que Nomad Soul ou Fahrenheit. L'avènement des nouvelles consoles leur a permis de franchir un nouveau cap, audacieux, soutenus par Sony, avec Heavy Rain, qui avait divisé la communauté des joueurs. En effet, le jeu ressemblait davantage à un film interactif qu'à un jeu, selon certains, avec ses QTE systématiques. Pourtant, Heavy Rain offrait une immersion, une richesse scénaristique rarement atteintes, et surtout reflétait d'une manière incroyable la personnalité du joueur selon la fin qu'il obtenait, prouesse inégalée à ce jour. Si on considère qu'un jeu doit essentiellement être actif, que le joueur doit agir tout le temps, alors non Heavy Rain n'était pas un vrai jeu. Si en revanche on admet qu'une belle histoire, magnifiquement racontée, et dans laquelle le joueur par ses actions a un poids décisif est un jeu, alors Heavy Rain est l'un des plus beaux d'entre eux. Comment, du reste, certains ont-ils pu crier au génie devant Shadow of the Colossus, et jeter l'anathème sur Heavy Rain ? Vous l'avez compris, cette introduction n'a qu'un seul but, un avertissement : Beyond Two Souls est du même tonneau. Comme le veut l'expression désormais consacrée : haters gonna hate. Pour les autres, bienvenue dans l'imaginaire.

1

 

Autant être honnête : ce test ne sera pas objectif parce qu’il ne peut pas l’être. Si le mélange film interactif/QTE vous laisse de marbre, passez votre chemin, considérez que le jeu vaut 4 et on n’en parle plus.

On peut cela étant en effet s’interroger : quand on voit un jeu dont la jaquette affiche en gros les noms des acteurs principaux, Ellen Paige et Willen Dafoe, on est tout de même terriblement prêt du film à part entière, ce qui semble avoir été l’obsession de David Cage. Ce en quoi, du reste, il a parfaitement raison : les progrès spectaculaires en matière de motion capture rendent les personnages plus vivants que jamais, leurs expressions étant réalistes au possible ce qui sublime le jeu d’acteurs des deux protagonistes, qui sont extrêmement talentueux l’un comme l’autre (quel dommage que Dafoe soit oublié à ce point…).

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Jodie Holmes est une petite fille solitaire. Ou plutôt elle voudrait l’être. En effet, elle a beaucoup de mal à vivre comme une enfant de son âge : Aiden, un esprit (très) frappeur et plutôt colérique est, pour une raison mystérieuse, lié à elle. Il la protège certes des monstres tapis dans le noir, mais il agresse aussi ses petits camarades et répond un peu trop promptement aux sautes d’humeur de son hôtesse… A telle enseigne que même les parents de Jodie commencent à en avoir peur, et que la petite fille est récupérée par un laboratoire puis par la CIA pour ses talents uniques. Socialement handicapée, totalement déphasée, Jodie subit les événements de la vie dans une léthargie tragique, tandis qu’autour d’elle comme un contrepoids Aiden s’en donne régulièrement à cœur joie.

Pourtant l’esprit frappeur n’est pas qu’une menace : il protège volontiers la petite, en générant des champs de force autour d’elle, en agressant ses assaillants, ou autre. La cohabitation se poursuit donc vaille que vaille, malgré les obstacles, et l’on peut voir dans la bande-annonce que la coopération des deux est par moments parfaitement dévastatrice…

L’histoire est assez classique, finalement, les références nombreuses et parfois très voire trop visibles, mais elle est bien racontée, avec un vrai souffle, un vrai sens de la narration. Pourtant, on ne peut s’empêcher de se dire que tout cela aurait fait un bon jeu, avec un gameplay asymétrique entre la petite fille et son encombrant Cerbère. Qu’à cela ne tienne, l’ensemble est tout de même plus dynamique et actif que Heavy Rain. A l’inverse, la présence d’un seul personnage principal rend l’ensemble moins riche que le groupe de Heavy Rain, et Aiden a tendance à phagocyter l’attention du joueur. Pourtant, on résiste assez rapidement à la tentation de recourir à l’esprit systématiquement quand on mesure à quel point les désastres qu’il provoque peuvent impacter le futur de la petite.

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Car le choix est, là encore, au cœur du jeu : conçu comme une narration éclatée à la Pulp Fiction, le jeu nous emmène dans le désordre à diverses périodes de la vie de Jodie, et les choix que nous faisons, notamment via les dialogues, ont des répercussions à d’autres moments de l’aventure. Du coup, on regrette que parfois le jeu nous prive de liberté et nous impose un ressort scénaristique fort. Par exemple, dans une scène, Jodie, alors petite fille, est embêtée par une grosse brute. On passe alors dans la peau d’Aiden, et le jeu n’avancera pas tant qu’Aiden n’aura pas attaqué l’agresseur. On aurait préféré ne pas faire intervenir le fantôme, car là le ressort est un peu gros puisqu’il entraîne la rupture entre Jodie et sa famille. Un jour, peut-être, les consoles permettront une aventure vraiment libre dont nous écrirons chaque ligne mais d’ici là il faudra quelques aménagements avec la liberté…

Et c’est tout. C’est tout car il est difficile de parler de gameplay pour un jeu qui n’en a pas vraiment, basé presque exclusivement sur les QTE au demeurant très bien intégrés. Aiden se laisse maîtriser après quelques tâtonnements, on ne rencontre aucun écueil, mais tout cela est bien évidemment un peu chiche. On note par ailleurs qu’Aiden peut être incarné par un second joueur, petit bonus qui offre encore un nouvel angle à l’histoire. Ce choix ludique permet, en revanche, de passer tout le jeu dans une magnifique cinématique, riche et très rythmée.

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Et dans les faits, même si le joueur se sent parfois plus spectateur qu’acteur, comme dans Heavy Rain, deux joueurs ne vivront pas la même expérience, à travers des modifications un peu plus fines et subtiles qui sautent moins aux yeux, et sont mieux pensées.

Techniquement, le jeu est une claque énorme : mise en scène cinématographique, musique magnifique, il aurait tout à fait sa place dans les salles obscures.

Quel dommage, dans ces conditions, que l’aventure sombre, progressivement, dans la série B. D’une histoire somme toute assez belle, assez touchante, sur la solitude, la liberté ou la différence, on finit progressivement par sombrer dans une histoire bancale, dont la tenue se délite au fur et à mesure, la faute en revenant entre autres à l’absence de personnages secondaires vraiment présents à l’exception des deux acteurs principaux… On peut même dire que certains passages sont, à cet égard, totalement ratés…

 

 

NOTE MaXoE
7
VOTE DES LECTEURS
1 / 52 / 53 / 54 / 55 / 5

Beyond Two Souls ne contentera pas tout le monde. Ni jeu ni film, il est à la fois beaucoup plus et beaucoup moins que chacun des deux, une pierre de plus posée par Quantic Dream vers ce que sera peut-être la révolution annoncée du jeu vidéo. Toutefois, Cage doit maintenant descendre de sa tour d'ivoire et réaliser qu'un jeu implique d'agir. Les QTE et le reste sont bien pensés et satisferont les joueurs qui privilégient le fond, mais il n'est pas déshonorant de faire jouer le joueur, surtout avec un scénario comme celui-là. Il a parfaitement réussi à créer un film interactif, même si cette fois le film n'est pas d'une très grande qualité, mais si l'objectif est de faire franchir au jeu une étape, difficile de dire qu'il est atteint. Reste néanmoins une réussite technique, d'abord, une histoire qui a tout de même beaucoup de qualités, des passages épiques et grisants et l'impression, tout de même, de voir une frontière reculer.
ON A AIMÉ !
- Réalisation extraordinaire
- Un casting de rêve
- Une base prenante
- Aiden
ON A MOINS AIMÉ...
- Une seconde partie qui gâche le travail entrepris au début
- Trop de Aiden
- Cherche trop souvent son second souffle
- Une intrigue peu convaincante
- L'influence des décisions n'apparait qu'au second run, quand on peut la mesurer
Beyond Two Souls
Editeur : Sony
Développeur : Quantic Dream
Genre : Aventure
Support(s) : PS3
Nombre de Joueur(s) : 1-2
Sortie France : 09/10/2013

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