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Metal Gear Solid 4, Guns of the Patriots



Metal Gear Solid 4, Guns of the Patriots

Il y a 21 ans, l’univers des jeux-vidéo a vu l’apparition d’un nouveau héros, un soldat combattant seul contre tous pour sauver la face du monde. Au fur et à mesure, le héros s’est transformé en une légende qui a fortement contribué à changer le paysage vidéoludique et qui a permis de redéfinir le genre de l’action/infiltration, notamment grâce à des combats particulièrement épiques. Après deux décennies de bons et loyaux services, Solid Snake revient aujourd’hui dans le chapitre final de la saga des Metal Gear Solid. Et même s’il s’agit là de sa dernière mission, Snake ne se contente pas de réitérer ce qu’il a pu faire dans les précédents épisodes. En effet, Metal Gear Solid 4 : Guns of the Patriots place la barre très haute en devenant le nouveau standard en termes de gameplay, de réalisation et de cinématiques. Un modèle que les autres titres du genre tenteront ensuite de surpasser. L’attente fut longue pour les fans, mais cela en valait la peine, car Konami et Kojima Productions proposent aujourd’hui un véritable petit bijou.

Un monde en guerre

Le monde de Metal Gear Solid 4 est assez peu attrayant. En effet, par de nombreux aspects, il s’agit précisément de ce qu’Otacon et Snake ont toujours voulu éviter. Six ans après les dernières aventures de ce dernier, la guerre et les conflits armés n’ont plus lieu sporadiquement dans les régions agitées du monde, car la planète entière est maintenant engouffrée dans des combats permanents. La guerre est devenue une industrie auto-suffisante qui a petit à petit remplacé l’économie traditionnelle grâce à la création de milices privées (PMCs) qui mettent leurs compétences au service de celui qui paiera le plus. Ces mercenaires tentent constamment de prouver leur efficacité au combat afin de remporter de nouveaux contrats, qui causeront encore plus de destruction. Même les civils ne sont plus à l’abri de ces super-soldats dopés aux nanomachines, car les affrontements peuvent avoir lieu n’importe où.

C’est dans cet environnement que Snake est tiré de sa retraite pour une dernière mission qui vise une fois de plus à sauver le monde de la destruction. Envoyé initialement au Moyen-Orient sous couverture des Nations-Unies, Snake a la dure mission d’assassiner Liquid Ocelot, qui est devenu le leader de cinq des plus puissantes PMC. Bien entendu, tout ceci est plus facile à dire qu’à faire, Ocelot s’étant littéralement entouré d’une armée de soldats, parmi lesquels figure un groupe de quatre femmes particulièrement dangereuses connues sous le nom des Beauty and Beasts, et qui arborent une apparence mi-femme, mi-machine. Malheureusement, Snake souffre de vieillissement accéléré du à une dégénération cellulaire, ce qui a pour conséquence de compliquer sa tâche. Mais le héros possède plus d’un tour dans son sac, et saura sûrement se défaire des situations les plus périlleuses dans cet épisode qui se révèle être le plus complet de la série.

Les fans de la série savent très bien qu’avec chaque nouvel épisode, les développeurs ont pris soin d’introduire de nouveaux mécanismes de gameplay, et bien entendu, c’est encore le cas avec ce quatrième opus. Les nouveautés sont ici nombreuses, bien équilibrées, et s’inscrivent parfaitement dans l’ambiance et le genre de la série. Le système lié aux armes a par exemple été complètement remanié pour s’adapter au scénario du titre. En effet, à cause des nanomachines, chaque soldat est contraint d’utiliser uniquement les armes qui lui ont été attribuées, les armes des adversaires ne peuvent donc plus être utilisées directement par Snake. Afin de contourner cette restriction, Snake doit donc faire appel à un marchand d’armes nommé Drebin (qui est accompagné d’un petit singe assez comique) qui pourra ôter les sécurités liées aux nanomachines ou lui vendre de nouvelles armes, des accessoires (viseurs…) ou des munitions.

Le commerce des armes

Pour effectuer tous ces achats, Snake doit dépenser des « Drebin Points » qu’il pourra acquérir de plusieurs manières. Snake peut par exemple fournir à Drebin toutes les armes qu’il trouve et dont il n’a pas besoin, ainsi, Drebin pourra continuer de faire tourner son petit commerce. Des points peuvent également être gagnés avec les différents flashbacks qui ont lieu durant les cinématiques, ou en se débarrassant d’ennemis spécifiques. Enfin, à la fin de chaque chapitre, le joueur sera récompensé en fonction de ses performances (nombre d’ennemis tués, nombre de fois où le joueur a été repéré, nombre d’objets de soin utilisés…). Ce système de points et de gestion des armes peut paraître un peu trop arcade et semble parfois s’éloigner de l’aspect purement infiltration qui était la ligne de conduite de la série, mais il offre au contraire une vraie liberté au joueur par rapport à sa manière d’aborder l’expérience de jeu. Ainsi, il est tout à fait possible de ne pas utiliser les services de Drebin et de se concentrer sur une approche furtive ou au contraire, de se servir de toute la puissance de feu à disposition et de rentrer un peu plus violemment dans le tas.

Pour rester invisible, Snake peut encore une fois compter sur son indispensable camouflage optique (qui prend l’apparence de n’importe quelle surface sur laquelle il se trouve) et sur l’anneau qui identifie les menaces situées à proximité. Mettre à profit ces éléments est extrêmement important car Snake fait ici face aux adversaires les plus intelligents jamais rencontrés. L’IA des ennemis est en effet très développée, et il faudra faire preuve de maîtrise pour arriver à déjouer la vigilance des gardes. Ces derniers ne se contentent plus de patrouiller selon un schéma prédéterminé, ils vont et viennent à leur guise, en fonction des bruits perçus, et lorsqu’ils sont en alerte, fouillent le moindre recoin en soulevant les cartons. Il faudra donc utiliser toutes les possibilités offertes par le gameplay de MGS4, à savoir le camouflage, les roulades au sol, la mort factice ou les mouvements de CQC (close combat). Malgré tout, même les plus aguerris devront parfois utiliser quelques balles pour se sortir de l’embarras lors d’affrontements spécifiques.

Les phases de jeu alternant combat à l’arme à feu et infiltration sont particulièrement bien dosées, et sont également équilibrées grâce au système de stress et de psychisme qui gouvernent et influencent le mental de Snake au coeur des combats. Le psychisme du héros affecte ses capacités physiques et sa précision à la visée. Plus le psychisme baisse, plus il devient difficile de rester efficace en combat, notamment à cause du vieillissement avancé de Snake. Le stress vient également jouer un rôle dans cette affaire, en accélérant la chute du psychisme et en empêchant celui-ci de remonter relativement rapidement. Le stress augmente lors des combats, ou lorsque Snake se trouve dans une situation défavorable (s’il est à découvert, s’il se fait repérer, s’il fait trop chaud ou trop froid…). Cette relation entre les combats et le psychisme oblige le joueur à équilibrer de lui-même les phases d’infiltration et les phases de combats à proprement parler, ce qui permet au jeu de proposer un gameplay particulièrement équilibré.

Un scénario digne des meilleurs films

Snake pourra également mettre à profit quelques gadgets très utiles comme le Solid Eye ou le Mark II. Alors que le premier permet de distinguer les alliés des ennemis et donne différentes informations sur les objets, le second s’avère être un fidèle aide de camp qui pourra se faufiler discrètement là où Snake ne peut pas forcément aller. Le Mark II est en effet un petit robot (création d’Otacon) qui peut se rendre invisible, qui peut électrocuter les gardes ou encore récupérer des items sur le champ de bataille. Ces deux gadgets sont des outils très intéressants pour obtenir une vision claire du terrain et planifier une approche tactique qui évitera de se faire repérer par le premier garde un peu planqué. Snake devra également tirer parti de son environnement. Le fait de venir en aide aux soldats rencontrés sur place lui permettra de s’allier avec les deux camps rivaux du territoire en guerre sur lequel il se trouve.

Tous ces éléments contribuent à rendre le scénario de Metal Gear Solid 4 très intéressant. Il est d’ailleurs assez exceptionnel de profondeur, et ceci pour deux raisons. Tout d’abord, il s’agit là du dernier épisode de la série et en tant que tel, le scénario met enfin des mots sur tous les aspects de l’histoire de Snake. Les joueurs qui cherchaient en vain des réponses aux questions posées par les épisodes précédents vont enfin pouvoir trouver leur bonheur dans ce quatrième opus. Chacun des briefings de mission donne non seulement des informations sur les objectifs à accomplir, mais instruit le joueur sur des éléments de l’univers de la série comme les Patriotes, Foxdie… Les studios Kojima sont ainsi parvenus à condenser tous les concepts parfois obscurs de la franchise dans des dialogues relativement simples à comprendre. Seuls les fans sauront en profiter à 100%, mais ces phases de jeu donneront sûrement aux nouveaux venus l’envie de s’essayer aux premiers titres de la série.

La deuxième se situe dans le fait que la série des Metal Gear a souvent fait référence de façon plus ou moins directe aux évènements de l’actualité, et bien entendu c’est encore le cas dans ce nouvel opus. La profondeur du scénario s’en ressent, ce qui permet au joueur de se plonger littéralement dans les différents sujets traités. Kojima parle en effet des horreurs de la guerre, de ces effets sur les civils, du détournement de la technologie ou encore de manipulation mentale ou de sacrifice. Ces sujets ne sont pas forcément très distrayants mais ils posent de véritables questions aux joueurs (parfois dignes de dissertations), et justifient en quelque sorte la longueur des cinématiques. Il y a en effet matière à explorer, et même si certains vont trouver les cinématiques trop longues (45 minutes pour la plus longue), le scénario parvient à captiver suffisamment les joueurs pour les clouer au canapé.

Une réalisation exceptionnelle

Tous les éléments cités précédemment contribuent à la création d’une excellente expérience de jeu, mais les atouts du jeu ne s’arrêtent pas là. En effet, les visuels sont tout bonnement exceptionnels, et font de MGS4 l’un des plus beaux titres sorti à ce jour sur consoles. Le design des personnages fait état d’un niveau de détail impressionnant, les transitions entre les cinématiques et les phases de jeu se font sans à-coup et de manière très naturelle. Les environnements sont également remplis d’une multitude de détails, avec quelques touches subtiles comme la poussière ou l’eau qui viendront se mettre sur la caméra. Malheureusement, ce niveau de détail se paye par un temps d’installation relativement élevé, qui devra être complété par quelques minutes supplémentaires avant le début de chaque chapitre. Mais l’attente en vaut la peine. Tout ceci est bien entendu accompagné par une bande-son d’excellente qualité également, dans laquelle figure par exemple la « Love Theme » qui est sans doute l’une des plus réussies de la série.

Au final, que dire. Metal Gear Solid 4 est un titre qui est à la hauteur de tous les superlatifs qui lui ont été attribués avant sa sortie. Même si certains ont regardé toutes les previews, vu toutes les images et lu toutes les interviews, ils n’ont pas pu apprécier toute la profondeur du gameplay et du scénario. C’est une expérience de jeu qu’il faut vivre pour bien la comprendre. Les légendes meurent de manière héroïque. Metal Gear Solid 4 offre ainsi la fin parfaite au légendaire soldat Solid Snake. Ce quatrième opus marque tout simplement un pas dans l’histoire des jeux vidéo. Avec un excellent gameplay, complexe et complet à la fois, une très bonne durée de vie, et une réalisation qui impressionne, il s’agit là de l’un des meilleurs jeux de l’année, sans aucun doute.


Initialement publié le 28.07.08