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Retour sur Okami HD : un chef d’oeuvre



 

Le titre était apparu sur PS2 et Wii avant de signer un come-back en HD sur PS3. 

Un dragon, une déesse, un loup

Depuis que le dragon Orochi a été vaincu puis enfermé par le loup Shiranui, l’archipel vit en paix et coule des jours heureux. Malheureusement (ou heureusement pour le joueur d’Okami), le dragon que l’on pensait mis à l’écart pour l’éternité s’est réveillé et a commencé à répandre malheur et obscurité. Une situation suffisamment grave pour qu’Amaterasu, la déesse du soleil, se réincarne dans la peau de l’ancien loup afin de remettre Orochi à sa place. Dans sa nouvelle enveloppe, la déesse pourra compter sur le soutien du trublion Issun, matérialisé sous la forme improbable d’une puce. Issun l’accompagnera partout où elle ira, lui servant occasionnellement de guide un peu à la manière de la fée Navi dans Zelda.

Ne tournons pas autour du pot, le gameplay reste très classique pour un jeu d’aventure : vous arpentez des plaines et des villages à la recherche d’informations et de missions, votre quête est régulièrement ponctuée par l’exploration de donjons où s’est réfugié l’inévitable (et gigantesque) boss de fin de niveau. En un mot comme en cent, ce n’est pas pour son déroulement qu’Okami sort du lot. En fait, son originalité vient d’une arme tout à fait inattendue : un modeste pinceau !

Libérez le Dali qui sommeille en vous !

A la manière d’un peintre, vous possédez donc un pinceau que vous pouvez utiliser à loisir pour modifier votre environnement. Par une simple pression sur la gâchette R1, vous immobilisez le temps et vous vous saisissez de cet instrument, symbole de votre influence divine. Vous pouvez ensuite dessiner sur le décor ou sur les ennemis. Bien entendu, il n’est pas question de faire n’importe quoi. Au fur et à mesure de votre avancée, d’autres divinités vous apprendront de nouvelles techniques de dessin. Ainsi, vous pourrez pêle-mêle couper des rochers en deux grâce à un subtil coup de pinceau horizontal, créer des nénuphars en dessinant des cercles, pour franchir de grandes étendues d’eau, ou encore faire renaître des fleurs ou un arbre mort. En conséquence, Okami repose sur la combinaison des actions du loup et celles effectuées au pinceau. On se prend très rapidement au jeu, barbouillant tout ce qui nous entoure, sachant qu’une grande partie de notre mission consiste à faire revivre la nature et donc à faire repousser les végétaux par nos gestes divins. Visuellement, il faut bien avouer que le soft est une véritable claque : à chaque fois que vous redonnez vie à un arbre ou que vous éliminez une troupe d’ennemis, la nature se réveille et se déchaîne dans des animations de toute beauté, la réalisation n’étant pas avare en qualités artistiques.

 

 

En marge de la campagne de « purification picturale », les quêtes annexes, dispensées par des habitants haut en couleur, se révèlent aussi variées que rafraîchissantes : ici on vous demandera de ramasser des carottes sans vous faire prendre par le propriétaire du potager, là on vous priera de réparer un moulin à eau pour pouvoir reprendre la production de saké, etc. Les donjons, quant à eux, proposent des challenges un peu plus relevés sans toutefois rivaliser avec le génie des énigmes du père Link. Cela dit, les schémas d’attaque des ennemis sont bien pensés et les combats vous demanderont un certain sens tactique, notamment pour terrasser les boss ! Tout imposant qu’ils sont, ces derniers ne font d’ailleurs pas trop les malins. Il faut dire que votre loup n’est pas démuni non plus, loin s’en faut : il pourra varier ses attaques en fonction de plusieurs armes offensives et d’un bouclier, sans oublier le fameux pinceau bien sûr.

 

C’est beau et c’est maniable 

Ce n’est pas compliqué, soit on adore soit on déteste. Le style graphique d’Okami s’inspire directement des estampes japonaises avec un rendu cel-shadé du plus bel effet. Le souci du détail est ahurissant : en jetant un œil sur le ciel, on discerne même le grain du papier. Les couleurs pastel se déchaînent et émerveillent au moment de la floraison. Quant aux animations, elles n’en finissent pas d’étonner. Les mouvements du loup sont un modèle de décomposition. Des fleurs naissent harmonieusement sur son chemin, renforçant encore une impression globale de grande fluidité. Les environnements fourmillent eux aussi d’éléments animés, entre feuilles, lucioles et autres particules. La version PS3 n’a pas franchement changé la donne si ce n’est une fluidité plus conséquente.

Le loup obéit à la perfection sans une once d’hésitation. Bien que les combats se déroulent en arène fermée, à la manière de Devil May Cry, la caméra s’en sort toujours très bien, laissant en permanence une vue nette sur l’action. En terme de difficulté, le challenge demeure à la portée de tous, avec des énigmes ingénieuses mais pas vicieuses. Les plus aguerris trouveront sans doute certains passages un peu trop faciles mais ce serait oublier que l’intérêt du soft est aussi à la contemplation. L’idée géniale d’Okami réside dans ce pinceau divin permettant d’intervenir sur l’environnement. Le mélange ainsi obtenu d’actions et d’interactions au pinceau virtuel donne une saveur toute particulière au soft des studios Clover, bousculant nos us et coutumes en matière de jeux d’aventure.

Du côté du son, pour animer les nombreux dialogues, les développeurs ont choisi l’option yaourt. A la manière d’un Chibi-Robo, chaque syllabe est convertie en onomatopée. Le procédé finit cependant par lasser. Heureusement, le reste de la bande-son est tout bonnement fantastique, puisant dans le folklore japonais avec des mélodies tour à tour apaisantes ou inquiétantes, symphoniques ou intimistes. Les tambours et autres percussions nippones ne sont pas en reste et se font particulièrement remarqués remarquer durant les combats. En dolby surround, les explosions ne manqueront pas de vous prendre aux tripes. Dans les moments plus calmes, vous saisirez tout le sens de l’expression « marcher à pas feutrés ».

 

En conclusion

Dans un souci d’exhaustivité, on pourrait vous parler encore longuement des autres atouts de ce titre, de ses nombreux bonus et améliorations à récupérer ou encore de son système de récolte du bonheur permettant d’upgrader les capacités du loup (bonheur libéré en redonnant vie à la nature ou en rendant des services), mais finalement l’essentiel est ailleurs.

Fruit du croisement entre un artiste fou et un fanatique de jeux vidéo, Okami est tout simplement unique en son genre, par son originalité graphique comme par son esprit définitivement écologique et poétique. Vous vivrez cette expérience autant par vos actions que par le spectacle visuel qu’elles génèrent.