Mes nuits sont plus belles que vos jours

Voilà, c’est fini ! Dark Souls 3 sera donc le dernier volet de l’univers issu de l’imagination fertile de Hidetaka Miyazaki,  la dernière occasion pour le studio From Software de torturer les gamers courageux mais assurément masochistes. Vous incarnez donc un ténébreux chevalier, Morteflamme, venu libérer le royaume de Lothric des anciens seigneurs ténébreux qui font régner la terreur et la désolation dans une contrée désolée et inhospitalière. Disons-le tout de suite, le background de Dark Souls 3 ne constitue pas sa plus grande force et le scénario ne retiendra pas forcément notre attention même si des efforts d’écriture et de clarification ont été consentis. En revanche, il est difficile de ne pas être scotché devant le design d’ensemble d’un univers qui assume les codes de la Dark Fantasy avec une telle maîtrise et un tel brio.

Car avant même de parler d’un gameplay qui atteint quasiment la perfection, il convient de le clamer haut et fort, Dark Souls 3 est une tuerie artistique ! Certes, le jeu n’atteint pas le niveau technique d’un Uncharted 4 même si nous n’en sommes pas très loin. Mais en revanche, Dark souls 3 défonce tout sur son passage en terme de créativité visuelle. Beau mais surtout intelligent, imaginatif, le monde médiéval qu’ont su élaborer les graphistes regorge de trouvailles et développe une atmosphère à la fois morbide et fascinante. Tout cela est sombre, brumeux mais pas une seule seconde le joueur ne se lassera de contempler tel ou tel environnement. Cimetière désolé parcouru par des adeptes décharnés, château désolé gardé par un dragon aux dimensions titanesques, marais poisseux et labyrinthiques ; le joueur évolue dans le royaume du Lothric comme l’on parcourt un livre émaillé de gravures majestueuses et immersives. Du grand art qui ne devra jamais vous faire oublier que vous êtes là pour en baver !

Tu ‘loot’, tu ‘farm’, tu ‘kill’

La grande force de Dark souls 3 est de ne pas être un simple hack’n slash, aussi exigeant soit-il. Ce dernier volet combine un peu tout ce qu’il y a de mieux dans le jeu vidéo : de l’action, de l’exploration, de la réflexion et de la gestion. Et oui, tout ça réuni en un seul titre ! En effet, le level design des différentes zones de l’aventure est loin d’être linéaire et offre son lot de raccourcis et d’emplacements plus ou moins secrets. Ces derniers ne doivent absolument pas être négligés car ils recèlent des objets magiques parfois déterminants afin de booster vos compétences ou même vos armes. Le looting est essentiel pour pouvoir espérer achever la campagne et vous force donc à ne négliger aucun recoin. Si un ennemi un peu trop costaud vous empêche d’accéder à l’un d’entre eux, il sera toujours possible de revenir sur ses pas lorsque vous aurez suffisamment upgradé votre avatar afin d’en découdre à armes égales. Car votre personnage, en dehors d’une classe initiale qui impactera votre manière de jouer, sera on ne peut plus évolutif. Les différentes orientations de développement que vous pouvez choisir sont multiples. Serez-vous un magicien pyromancien ou un clerc pour lequel intercéderont les forces divines, ou bien encore un guerrier manipulant la masse lourde comme s’il s’agissait d’un simple éventail ? A vous de définir le collecteur d’âmes que vous désirez incarner selon votre inspiration. Les fameuses âmes perdues libérées par les ennemis que vous décimez constituent la principale monnaie d’échange afin de renforcer une arme auprès d’un forgeron, d’acheter une potion ou un item magique auprès d’un PNJ, ou plus simplement d’augmenter l’une de vos compétences. Tout ceci aura généralement lieu dans le Sanctuaire, sorte de hub que vous visiterez très souvent, en particulier après avoir vaincu l’un des fantastiques boss qui ont fait la réputation de la licence depuis le tout premier épisode. La dimension rôlistique est donc bien présente et n’a rien à envier à un RPG pur et dur… Et au regard de la difficulté du jeu et de la force phénoménale affichée par des ennemis pourtant mineurs, il ne sera pas inutile de farmer le plus possible avant d’oser passer à une nouvelle zone de combat et d’exploration. En effet, il est possible de refaire à l’envie plusieurs fois la même zone sachant qu’une fois « nettoyée », celle-ci sera réinitialisée dès que vous aurez choisi de récupérer vos PV à la chaleur réconfortante d’un feu de camp. Dans Dark Souls 3 comme chez ses prédécesseurs, farmer est la garantie de vous construire un chevalier suffisamment puissant pour ne pas mourir toutes les minutes. Et la mort est parfois lourde de conséquences lorsque l’on sait que vous êtes immédiatement dépossédé des âmes collectées et non investies. Heureusement, il est encore possible de récupérer ce que vous avez perdu en revenant immédiatement sur les lieux de votre échec afin de trouver une flammèche verte, sorte de réservoir temporaire où sont « bloquées » les âmes perdues.

Veuillez rendre l’âme !

Mais Dark Souls 3 ne serait pas aussi légendaire sans ce qui reste son axe central, à savoir des combats acharnés et bien souvent punitifs. Le bestiaire de ce nouvel opus est toujours aussi formidable tant au niveau du character design que dans la variété des attaques. Même vos opposants les plus humbles peuvent s’avérer terriblement retors : se faire au final trucider par un simple squelette vous amène à faire preuve de la plus grande humilité. Et alors que dire des Seigneurs des Cendres, ces boss aussi gigantesques que formidablement mis en scène ? Véritables clous du spectacle, leurs modes d’attaque sont tous différents et vous obligent à adapter constamment votre tactique. Notons que ces combats sont un peu plus nerveux que dans le deuxième opus, votre personnage étant à la fois plus leste et plus réactif. Mais la règle d’or du combattant dans Dark Souls 3 reste l’observation et l’esquive. A moins d’avoir atteint un très haut level et de disposer d’armes surpuissantes, se lancer dans une attaque frontale en taillant à tout-va ne mènera à pas grand-chose sinon à un décès aussi prématuré que prévisible. Bien difficile d’envoyer ad patres du premier coup ces adversaires d’exception surtout que ceux-ci bénéficient d’une sorte de double jauge de vie. Dans un premier temps, il faudra « sacrifier » une vie ou deux pour bien repérer le pattern d’attaque et de déplacement. C’est alors qu’il faudra absorber une fameuse braise boostant vos PV pour enfin les annihiler et libérer ainsi une nouvelle mission principale. Chacune de ces joutes constitue un intense moment de bravoure assorti par ailleurs d’une magnifique musique mêlant orchestre symphonique et chœurs épiques. A ce niveau, nous ne sommes pas très loin de l’excellence d’une partition comme celle composée par Howard Shore pour sa Trilogie du Seigneur des Anneaux. Bravo Mr Sakuraba !

Enfin, il serait bien compliqué de recenser les innombrables trouvailles concoctées par les développeurs, les multiples possibilités offertes au joueur comme celle de recourir à l’aide d’un joueur en ligne pour abattre un boss ou encore envahir la partie de ce même joueur afin de lui subtiliser ses items.