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L’île de Giovanni : poésie et humanisme



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Ilegiovanni-jaq15 août 1945. Le Japon capitule. Loin des kamikazes, loin des camps, loin de la haine primaire de ce conflit, les habitants de Shikotan reçoivent la nouvelle avec une amertume profonde. ils ont cru au Japon, ils ont cru en cette cause. L’Amérique, ce sont des barbares, sans foi, sans honneur. Junpei est le fils du commandant des forces armées japonaises de l’île.

Son petit frère s’appelle Kanta. Ils sont inséparables ces deux-là et c’est ensemble qu’ils voient, un jour funeste, débarquer l’armée soviétique. Les accords de Yalta ont livré l’île aux forces soviétiques. L’annexion est non seulement militaire mais les soldats rouges débarquent avec leurs femmes et leurs enfants. 

La demeure familiale de Junpei est réquisitionnée par le major commandant les forces russes. Il est accompagné  de son épouse et de sa fille Tanya. Junpei et son frère sont contraints de dormir dans la grange, mais petit à petit les liens se créent entre Tanya et le jeune homme qui se donne le prénom, plus abordable, de Giovanni. Cette relation est comme une étoile dans la pénombre. Les deux communautés, russe et japonaise, doivent cohabiter mais il n’y a pas toujours de la place pour la compréhension. 

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Un train de nuit 

En bruit de fond, on peut déceler la présence de la célèbre nouvelle japonaise de 1927 : Un Train de Nuit dans la Voie Lactée. Celle-ci conte l’histoire de Giovanni qui fait un rêve bien étrange, celui d’un train qui semble emmener les âmes égarées. Cette histoire, émouvante, poignante, semble avoir inspiré le film. Le ton est celui de la compréhension, de la tolérance et celui des espoirs de l’enfance. 

N’allez pas chercher dans ce long-métrage des enjeux galactiques ou des batailles titanesques. Ici on nous parle de l’amitié mais aussi des liens indéfectibles entre un père et ses enfants. On peut aussi sentir, de manière bien tangible, les dégâts incommensurables d’un conflit de nations, la guerre laisse les enfants sur la touche, elle ne fait pas de détails. Le rouleau compresseur ne s’arrête pas en route. 

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Sans tomber dans la sensiblerie extrême, le réalisateur, arrive simplement à créer, petit à petit, cette boule au ventre, celle-là même qui nous fait nous sentir vivants. Junpei est un personnage hors normes. Un enfant simple, certes, mais un enfant à l’épaisseur folle. Il est la pierre angulaire de toutes les interactions du film. Le réalisateur est un architecte hors-pair ! 

Côté animation, le travail est de toute beauté. La patte artistique est belle et bien là. Ce sont les décors qui forcent le respect. On dirait que les artistes ont souhaité montrer toute la fragilité de l’être au milieu de son environnement. Le tout est épaulé par une bande-son toute en simplicité.