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Ghost In The Shell : les deux anime de Mamoru Oshii



Cette fois nous nous intéressons aux deux films sortis en 1995 et 2004. Ils ont été dirigés, tous deux, par Mamoru Oshii. Ils s’inspirent du manga mais ils en sont assez éloignés par leur histoire mais aussi par l’angle d’attaque du phénomène technologique. Julie vient me donner un coup de main pour ce dossier ! 

 

Le réalisateur a donné à ses films une dimension philosophique inédite et a fait fi de l’humour pourtant très présent dans l’oeuvre originale. Et c’est pourtant le premier opus qui a révélé l’oeuvre au monde entier et qui est considéré par beaucoup comme la quintessence de cet univers.

De par les libertés prises par le réalisateur, ces deux films peuvent être vus de manière indépendante du reste de l’oeuvre (autres oeuvres animées et Mangas) mais si vous cherchez une sorte d’ordre chronologique dans l’histoire, je pense qu’on peut les situer juste après les séries Arise et Stand Alone Complex, rapport au destin du major. Mais comme je le disais dans la news d’annonce du focus, cela fait débat sur la toile, ce n’est donc que mon avis ! 

Mais passons à l’avis de Julie sur le premier opus. 

C’est en 1995 que le manga de Masamune Shirow est porté à l’écran pour la première fois, sous la forme d’un film d’animation Ghost in the Shell (réalisé par Mamoru Oshii. 1995 – 1h 23min – Production I.G). Reprenant l’univers de l’œuvre de Shirow, l’adaptation d’Oshii se concentre sur le personnage de Motoko Kusanagi dite « Le Major », un cyborg appartenant à la section 9, une unité d’élite anti-terroriste. Prenant place dans un Japon futuriste cyberpunk en 2029, Ghost in the Shell relate la traque par Le Major et la section 9 d’un cybercriminel connu sous le nom de « Puppet Master », capable de pirater les esprits humains comme les machines via les réseaux informatiques.

Si cette enquête criminelle sert de base, elle apparaît au final bien secondaire. Non, le sujet de Ghost in the Shell est beaucoup plus philosophique puisqu’il interroge sur ce qui définit ou non l’être humain, ce qui en fait sa spécificité, sur la frontière entre le corps et l’esprit, … Et c’est d’ailleurs toute cette complexité qui suscite l’intérêt pour ce surprenant film d’animation.

Bien loin des clichés que pourrait entraîner son sujet de base (une enquête policière violente uniquement basée sur l’action et négligeant tout le reste), le film réussit au contraire un tour de force en puisant dans un style contemplatif qui colle parfaitement à l’ensemble et permet une immersion totale dans cet univers si particulier.

A l’image des films de Hayao Miyazaki qui sont des œuvres majeures du Septième Art, Ghost in the Shell est une œuvre cinématographique à part entière, bien loin de l’image que l’on pourrait se faire d’un simple film d’animation.

 

Le grain de sel de tof : j’ai pu regarder Ghost In The Shell 2.0 qui est une sorte de remaster paru en 2008. Il y a eu un travail de peaufinage des images et de la bande-son. C’est plutôt propre. Mais ce qui l’est moins, ce sont les effets numériques ajoutés ici et là. Je trouve qu’ils sont décalés, trop artificiels et en manque d’inspiration. Après, tous les goûts sont dans la nature. 

 

Passons désormais à la seconde oeuvre : Ghost In The Shell Innocence (réalisé par Mamoru Oshii. 2004 – 1h 36min – Production I.G). La section 9. La section anti-criminelle. Nous sommes en 2030 environ. Batou fait partie de cette section, il est un cyborg : un humain amélioré par des prothèses technologiques. Il est appelé sur les lieux d’un crime. Sur place, il découvre le corps sans vie d’une Geisha. Mais dès qu’il approche, elle l’attaque et, neutralisée, elle préfère s’auto-annihiler. Ce n’est pas un cas isolé, plusieurs robots dédiés au plaisir tuent leurs propriétaires avant de s’auto-détruire. Pas de Major Motoko Kusanagi dans ce pitch de départ. Elle a quitté son enveloppe charnelle (c’était un cyborg aussi, seul son cerveau était naturel) pour disparaitre dans les réseaux informatiques en fusionnant avec le Puppet Master. La mémoire du major hante Batou, indéniablement. En tout cas, pour cette enquête, il est accompagné par Togusa, tout ce qu’il y a de plus humain à part une interface cérébrale, classique. Leur enquête les mène sur les traces de l’usine de ces machines du plaisir. Usine qui semble aller un peu trop loin pour rendre ces robots plus vrais que nature. Heureusement, c’est plus que la mémoire du major qui est près de Batou. 

Encore une fois, Mamoru Oshii exploite magnifiquement bien les thèmes du Manga. On plonge dans les méandres des âmes, on se pose les questions existentielles sur notre pourquoi. Le fond est là, indéniablement. Côté forme, c’est magnifique. C’est lié à une direction artistique de feu. Ils arrivent à créer des ambiances incroyables. Le passage du défilé du carnaval arrive à poser un malaise assez puissant. Le tout est accompagné par la sublime bande originale de Kenji Kawai. Le plaisir des yeux et des oreilles. Moins sympathique, les images calculées par ordinateur, elles gâchent un peu le spectacle à mon goût. On sent bien la maladie numérique des années 2000. 

Deuxième opus, deuxième coup de maître. On adore cette ambiance, on aime la philosophie qui s’en dégage. Un jalon dans le monde de l’animation. 

 

Deux oeuvres magnifiques pour qui aime l’anticipation, pour qui aime le cyberpunk, pour qui aime les anime. A posséder absolument.