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Carnet de Voyage : Le Japon, ce monde parallèle



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JOUR 1 : Arrivée à Tokyo

Première frayeur à CDG : la gentille dame de l’enregistrement refuse de me laisser partir car je n’ai pas de billet de retour (je compte ensuite aller en Corée en ferry et ignore ma date de départ), ce qui est strictement incompatible avec l’obtention du visa de trois mois pour entrer au Japon. Après quelques négociations et la preuve de ma bonne foi que je n’avais pas comme projet d’être un immigré clandestin, on me laisse passer. 

Après une morose escale à -25 degrés à Moscou, j’atterris enfin à Narita, une ville à 1h30 de Tokyo. Ma mission est la suivante : retrouver le contact Air BNB en plein centre d’une des plus grosses mégalopoles mondiales, sans internet ni téléphone. 

En sortant de l’avion, tout ce que je m’étais imaginé de totalement loufoque sur le Japon s’avère faux. Je m’attendais à arriver en pleine nébuleuse urbaine, bondée de monde et de néons colorés. Je traverse finalement un aéroport fantôme, propre comme un bloc opératoire. Impossible de trouver âme qui vive si ce n’est une rangée de douaniers alignés comme des robots, des hommes de ménage qui nettoient des déchets invisibles et des sols écarlates. Un silence mortuaire et une certaine sobriété me faisant presque penser que j’ai atterri en Corée du nord…

Sans aucun mal, j’échange mon bon pour obtenir mon Rail Pass (pass à acheter en France qui permet de voyager de manière illimité au Japon pendant trois semaines), que l’hôtesse japonaise me remet en mains propres avec autant d’importance que si elle me remettait mon diplôme du baccalauréat.  

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Et c’est parti pour le Narita express : un train futuriste juste pour moi tout seul. Avant de monter dans mon wagon du futur, une équipe de quatre personnes, habillées dans un genre Ghost Busters, font la danse du soleil du nettoyage et vont s’affairer à vérifier que chaque parcelle de tissus, que chaque millimètre carré de métal sera bien propre et opérationnel pour mon voyage. J’apprécie. 

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Arrivée à Tokyo, les 16 heures d’avion, les neuf heures de décalage horaire et les quatre plateaux-repas pseudo-comestibles commencent à se faire sentir. La nébuleuse est enfin là et je me la prends dans les dents : je ne sais pas où aller, personne ne parle anglais, tout le monde marche à cent à l’heure et absolument tout est écrit en japonais. Le sac est lourd, la tête tourne, on a juste cette sensation d’avoir été téléporté dans un monde parallèle.GOPR0140

Impossible de joindre mon contact avec un téléphone français. Je lève mon plan en gémissant d’un air décharné : « Pleeaassee help meee« . Trois Japonaises en jupes d’écolières s’en vont en courant lorsque je leur adresse la parole, puis un homme d’affaires vient finalement à mon secours. Après quelques explications que j’ai retenu comme si j’allais rentrer dans une chambre de Fort Boyard, je saisis comment rejoindre le bon quartier, puis le bon appartement. Le gardien de l’immeuble ne me laisse pas entrer car « NO ENGLISH, NO ENGLISH SIR« , puis finalement, la personne à qui j’ai loué l’appartement arrive enfin en courant pour m’accueillir.

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Les minutes qui ont suivi ont sans doute été les plus drôles et les plus gênantes de ma vie. Nori saute dans mes bras avec un dessin du Mont Fuji -fait par elle-même- en criant « WEEEELLLLCCCOOMMME TO TOOOKKKKYYYYOOOOOOOOO !!!!!!! » avec un immense sourire et des grands yeux comme dans les mangas. Elle me présentera ensuite chaque objet et chaque mobilier de la chambre pour que je me sente bien. Lorsque j’ai accepté son invitation à son anniversaire Vendredi, j’ai cru qu’elle allait pleurer de joie. Car oui, Nori m’a avoué qu »elle avait pensé à moi et mon amie toute la journée. J’apprécie. 

Une fois seul, je me sens épuisé et déphasé comme jamais, mais fier d’avoir atteint mon but. Mon amie arrive bientôt de Londres pour me rejoindre. Je lui envoie quelques indications pour moins galérer que moi et m’endort en une seconde. Lorsqu’elle vient me réveiller, j’ignore quelle heure il est et où je suis géographiquement dans cette immense ville. Je bafouille quelques mots absurdes pour lui dire que je suis content de la voir puis me rendort aussitôt.

Vers 22h, nous trouvons un petit sushi typique qui sert à l’unité des choses simples ou bien étranges. Après une soupe au crabe, des anguilles et des aliments non identifiés, on s’achève avec une bouteille de vin blanc.

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Le lendemain, jeudi 8 Janvier, réveil à 12h comme à Paris. Grand soleil, petit vent frais, très grande forme. Je me lève comme un champion de boxe, l’esprit clair comme jamais, je vais comprendre comment fonctionne cette ville, qu’elle le veuille ou non.

Le tour du monde peut commencer, l’aventure peut débuter, Tokyo me voilà ! Direction la fameuse place de SHIBUYA  et ses hordes de passants qui traversent en même temps comme on voit dans les films…