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Takagiri, l’art de la fauconnerie au Japon



La fauconnerie est un art de nobles dans la plupart des pays. Et le Japon ne fait pas défaut à cette idée reçue en Europe. Les japonais considèrent la fauconnerie comme un symbole de leur noblesse, de leur statut et leur esprit guerrier, c’est le Takagiri.

Le Takagiri remonte à 335 AD (AD pour « après Jésus Christ ») par l’empereur Nintoku. Rapidement adoptée par la cour qui se l’est même appropriée en l’interdisant au commun des mortels, elle devient particulièrement populaire parmi les samourais au 13ème siècle (et toujours autant par la cour). Ils utilisaient les combats de faucons pour régler les problèmes de propriétés foncières. Truc typiquement humain de faire se combattre des animaux au lieu des hommes… C’est d’ailleurs ce qu’en ont pensé les temples bouddhistes, qui, en tant que propriétaires de terrain, s’opposaient à ces pratiques. Comme chacun le sait, les bouddhistes sont contre le fait de donner la mort. Et pour contrer ces pensées pacifiques, les seigneurs fauconniers ont trouvé une justification dans la religion Shinto. Sont malins les bougres. Et c’est donc sur des principes shintoïstes que plusieurs écoles de fauconnerie ont été créées.

La fauconnerie est basée sur des méthodes sino-coréennes, et pour se l’approprier, les nobles ont publié leur premier manuel de fauconnerie en 818, leur permettant d’établir leur autorité en la matière. Mais l’installation du Shoguna Ashikaga à Kyoto a permis aux samouraïs de développer une certaine influence sur le sujet. Ils commencèrent d’ailleurs à écrire des textes au 16ème siècle.

Ce sport était très lié au statut social du fait du coût très élevé qu’il nécessitait : le coût du matériel, des employés, de la structure d’élevage sans compter un vaste terrain pour pouvoir s’exercer. Ah oui, j’oubliais le temps libre aussi. Les gens communs passaient tout leur temps à travailler et n’avaient pas le temps (ni les moyens) de pratiquer ce genre de choses « futiles ». Mais avec la période Tokugawa vint la fin des guerres de la période Sengoku et la fauconnerie, ainsi que la pratique de l’épée, du tir à l’arc et des courses de chevaux servirent à canalyser les militaires.

Tokugawa Ieyasu (ère Tokugawa donc, vous suivez, hein ? ) adorait la fauconnerie et en a fait le symbole de son autorité. Il a interdit sa pratique par la cour et établit quelques restrictions : suivant votre classe (samouraï ou seigneur féodal par exemple) vous ne pouviez chasser que certaines proies (oies, canards, ou la plus précieuse des proies : le cygne. Mais il a aussi établit des territoires de pratique en dehors desquels il était interdit d’utiliser un faucon pour chasser. Et cette restriction se faisait au dépend des fermiers qui occupaient ces terrains : ils se voyaient obligés de fournir les animaux à chasser, ce qui leur prenait des jours, voir même des semaines et ils avaient interdiction de les faire fuir ou de s’en débarasser malgré les dégâts qu’elles pouvaient provoquer à leur culture.

La révolution Meiji provoqua un grand changement : elle signa la fin du monopole de ce sport par les samouraïs. La fauconnerie s’ouvrit donc au public, mais le processus de modernisation qui en découla mis fin à sa prospérité. La Maison Impériale ont quelques fauconniers qui conservent certaines traditions. Et la fin de la Seconde Guerre Mondiale (jamais compris pourquoi on devait mettre des majuscule à un évènement pareil) signa la fin de la pratique par la Maison Impériale. Aujourd’hui le takagari n’est pratiqué que par des clubs de passionnés. Ils font d’ailleurs une démonstration au parc Hamarikyu Teien à Tokyo tous les jours. Ce n’est qu’une petite démonstration et si vous voulez voir quelque chose de plus intéressant, il vous suffit d’attendre le nouvel an où là, ils font une belle démonstration (le premier week-end de la nouvelle année plus précisément).

Vous pouvez visitez le site du Suwa Falconry Preservation Society (qui est malheureusement en japonais ).


Initialement publié le 29.01.09 à 16:03.