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Ritournelle de Ikebe, le manga adulte destiné aux femmes…

Dans une campagne perdue au sein d’un pays pas forcément reconnaissable s’élève un couvent reculé. Des jeunes femmes y vivent liées par un serment. Le serment fait à ce Dieu impalpable pour lequel elles ont tout donné. Mais qu’arriverait-il si des pensées « impures » venaient à envahir l’esprit d’une de ses jeunes pensionnaires ?

Ritournelle
Ritournelle couv

Ritournelle de Ikebe – komikku (2015)

Le temps reste lié au rythme des saisons qui passent sans que rien ne vienne perturber le bel agencement des choses. Dans un couvent niché dans la campagne d’un pays quelconque, de jeunes femmes, et de jeunes filles, s’adonnent aux tâches qui leur sont dévolues. Pour la petite Amilah, la corvée de sol ressemble à un véritable calvaire. Agenouillée elle lave sans méthode le parquet sans fin d’une chapelle bien trop grande pour elle. Sœur Marwena, jeune femme plus expérimentée lui explique alors la manière de procéder pour ne pas s’épuiser inutilement au labeur. En s’éloignant Marwena sonde le vide de son regard, se remémorant sans doute les premiers instants vécus au couvent des années plus tôt. Au dehors le soleil inonde d’immenses vergers de ses douces raies. Marwena y aperçoit un jeune homme de dos venu récolté des herbes et des légumes. Elle sait que les contacts avec l’extérieur sont prohibés, d’autant plus si les personnes rencontrées sont des hommes. Mais elle reste malgré tout femme et emplie des souvenances d’un passé qui l’a vu rencontrer ce même étranger lors d’une procession organisée en ville sept ans plus tôt. Une procession qui voit les pensionnaires déambuler dans la bourgade et s’approcher des éventuelles tentations…
Le récit construit par Aoi Ikebe, outre révéler un véritable talent narratif et expressif, donne à voir un josei (manga construit généralement sur des thématiques existentielles et destiné aux femmes adultes) qui se développe tout en volutes. Des moments de vie relevés par des couleurs sobres et efficaces qui participent véritablement à la mise en ambiance. Au couvent où elles sont élevées depuis qu’elles ont décidé de rejoindre les ordres ou depuis qu’elles ont été abandonnées par leurs parents, les jeunes filles, ou femmes qui composent cette communauté, se voient confiées des missions et des tâches au quotidien qui régissent leur vie menée en autarcie. De l’organisation structurelle même de cette microsociété dépend sa survie. Ainsi aux trois âges de la vie, la fillette, la jeune femme et la femme mâture, correspondent des fonctions et des responsabilités qui maintiennent à flots la barque. Une barque qui tangue parfois en raison des « tentations » aperçues en extérieur, notamment lors de la procession qui se déroule en ville tous les sept ans.
L’histoire laisse entrevoir les doutes qui habitent parfois les pensionnaires du couvent : Leur destin est-il lié à cette vie monastique et à l’amour du Dieu qu’elles sont censé vénérer ? L’amour ne peut-il pas recouvrer d’autres acceptions, notamment charnelles ? La vie en extérieur, dans cette ville, si loin, si proche, qui reste dépeinte comme le lieu où le mal gangrène les esprits, ne possède-t-elle pas une part de vérité et de vie ? Des marchés bariolés en passant par les quartiers où les femmes offrent leurs charmes et fument en toute impudeur, là encore où les vaisselles excitent les pupilles de leurs couleurs outrancières, ne doit-on pas voir l’expression d’une croyance tout autre, attachée à la vie et à la liberté ? Une liberté gagnée qui fait terriblement défaut dans l’écrin austère et lisse du couvent… Une prodigieuse réflexion, tout en subtilités, sur le sens à donner à sa vie et sur cette virtualité de croire aux possibles…

Ikebe – Ritournelle – Komikku – 2015 – 18 euros


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