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Django Unchained : un Tarantino déchaîné revisite magistralement le western spaghetti



 

1858, Sud des États-Unis, deux ans avant la Guerre de Sécession. Le Dr King Schultz (Christophe Waltz), un dentiste allemand reconverti en chasseur de primes, fait l’acquisition de Django (Jamie Foxx), un esclave capable de reconnaître les frères Brittle, les meurtriers qu’il cherche à capturer – morts ou vifs. Schultz promet à Django de lui rendre sa liberté contre ce service.

Un climat de confiance s’instaure peu à peu entre les deux hommes qui décident finalement de s’associer afin de poursuivre un but, celui de retrouver la femme de Django, Broomhilda (Kerry Washington), dont il fut séparé à cause du commerce des esclaves. Cette quête les mène alors dans l’immense plantation du puissant Calvin Candie (Leonardo DiCaprio), le négrier ayant acquis Broomhilda. Ils y rencontrent également Stephen (Samuel L. Jackson), l’esclave mais aussi bras-droit de Candie qui a toute sa confiance et dont ils éveillent les soupçons.

S’agissant de la trame de fond, peu de surprises. Toujours cette thématique de la vengeance alliée à la violence si chère au réalisateur. Difficile d’ailleurs de ne pas se douter de l’issue du scénario, Tarantino n’étant pas vraiment un adepte du Deus ex machina. Peu importe, le talent est ailleurs. Il réside dans cette capacité à cueillir le spectateur environ tous les quarts d’heure (sur approximativement 2h45 de film) ; à transformer, en un instant, un moment dramatique en une scène frôlant l’absurde ; à choisir une BO allant de la musique classique au rap en passant par du Ennio Morricone sans que cela ne soit choquant ; à capter comme personne les regards de ses acteurs via ses habituels gros plans ; etc.

Les acteurs d’ailleurs. Ici, la part belle est faite aux hommes. Cela ne s’était pas vu depuis Reservoir Dogs, son premier film. Kerry Washington, par ailleurs d’une infinie justesse et dont la beauté crève l’écran, ne sert que de faire-valoir aux quatre protagonistes, tous masculins donc, et aussi bons les uns que les autres, malgré des registres totalement différents. Jamie Foxx d’abord, d’une retenue et d’une finesse que l’on ne lui connaît que trop rarement. Il ne pouvait en être autrement pour camper ce rôle d’esclave fraîchement affranchi. Une interprétation moins sobre aurait certainement trop dénoté. Christophe Waltz, est, quant à lui, dans la précision à l’instar de son rôle dans Inglorious Basterds, parfois (souvent !) cabot mais sans tomber dans le sur-jeu, et toujours très pince-sans-rire, comme à son habitude. Samuel L. Jackson, par contre, prend le total contre-pied de Jamie Foxx, avec un jeu très excentrique, quasi ubuesque mais collant tout à fait à ce personnage. Il s’en amuse, et cela se ressent. Et que dire, enfin, de Leonardo DiCaprio à qui Tarantino offre ici son tout premier rôle de vrai méchant. Il mêle à la fois cynisme, sadisme, hystérie parfois, et avec dans le même temps un air de dandy qui lui va à ravir. La subtilité de l’interprétation est telle que l’on ne sait jamais à quel moment il va basculer. DiCaprio est définitivement l’un des meilleurs acteurs de sa génération.

Ce qui est sûr, c’est qu’avec ce western spaghetti, Quentin Tarantino se fait plaisir, ne serait-ce qu’avec le titre, puisque Django est d’abord un film de Sergio Corbucci (1966) lui tenant très à cœur. Il en reprend d’ailleurs le morceau du même nom (signé Luis Bacalov) pour sa scène d’ouverture et ne manquera pas ensuite de faire référence au genre, revisité à la sauce contemporaine bien sûr, tout au long du film.

Comme à son habitude, il se paye aussi une fois de plus le luxe de faire des clins d’œil à ses propres œuvres. Le lien avec Kill Bill est plus que flagrant, avec la vengeance en fil conducteur du scénario et le flashback utilisé de la même manière. Quant aux scènes de fusillades à tout va et la boucherie qui les accompagne, elles ne sont pas sans rappeler Reservoir Dogs, Pulp Fiction ou encore Inglorious Basterds.

Son obsession pour les pieds, moins présente tout de même que dans ses précédents film, est toujours là tel un leitmotiv, les quelques plans sur ceux de Kerry Washington ainsi qu’un nombre assez important de bottes et autres étriers étant les témoins muets du vice du réalisateur.

Enfin, il s’offre un caméo explosif (ce que vous comprendrez mieux une fois le film vu).