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Dogman : le toiletteur pour chien primé à Cannes



Samedi 19 mai 2018, début soirée, les derniers rayons de soleil frappent les grandes vitres du Palais du Festival de Cannes. A l’intérieur on entend applaudir et sur la scène il y a Roberto Begnigni qui éclate de joie devant son compatriote, Marcello Fonte, venant de recevoir le Prix d’Interprétation Masculine. 

Marcello timide : « Je veux dire deux mots, si quelqu’un me traduit : quand j’étais chez moi, et qu’il pleuvait, je fermais les yeux, et j’avais l’impression d’entendre des applaudissements. Et maintenant, ces applaudissements, c’est vous. La chaleur que vous me transmettez comme une famille. Je me sens chez moi, je me sens à l’aise avec vous. Ma famille est le cinéma. C’est vous, c’est Cannes ! Même le sable de Cannes est important, chaque grain de sable. Je remercie tout le monde et Matteo » 

Dans Dogman, Marcello Fonte est Marcé un toiletteur pour chien dans une banlieue italienne. Il est heureux d’avoir sa propre boutique et de pouvoir s’occuper de ses chiens avec passion, des grands, des petits, des drôles,  des chiens méchants, des chiens gentils. Sa fille vient parfois l’aider à shampouiner les toutous. Marcé parle avec elle de voyages et grâce à quelques économies ils vont pouvoir s’échapper de cette vie rude et découvrir la plongée sous marine.

De retour de prison, Simoncino (Edoardo Pesce), petit truand violent et accro à la cocaïne, entraîne Marcé dans une spirale criminelle irréversible. 

De sa vie paisible et simple, Marcé va connaître la trahison, l’abandon et la perte de ses repères. La peur de perdre ce que l’on a de plus cher peut forcer n’importe qui aux mauvais coups. 

Dogman est un film sur les conséquences de la peur sur l’homme, mises en valeur par Matteo Garrone par deux choix forts. D’abord par cette banlieue abandonnée où habite Marcé. Cette banlieue froide et déshumanisée où la vie ne tient pas à grand chose. Les petits plaisirs qui rendent heureux les habitants de ce quartier peuvent vite disparaître et comme chacun tient à surtout ne pas avoir de problème, quand le caïd du coin débarque on fait profil bas, on ignore et l’on se cache.

Ensuite les personnages et surtout Marcé, le toiletteur pour chien aimé de tous. Marcello Fonte incarne parfaitement la fragilité et l’impuissance face à cette violence qui nous semble inévitable. Le spectateur est pris dans cet engrenage et subit la loi du plus fort imposée par Simoncino.

L’homme est un loup pour l’homme, l’homme est le pire ennemi de son semblable. Marcé va le découvrir petit à petit.