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Donbass : L’envers du décor de la guerre d’usure en Ukraine



Contrairement au film Les fantômes d’Ismaël (un des plus mauvais films de l’histoire du cinéma à mon avis, la critique de Julie à lire ici est elle aussi assez mitigée), film d’ouverture de la Sélection officielle du Festival de Cannes 2017 qui était projeté au même endroit mais dans une salle quasiment vide, cette fois-ci la salle est comble. Mieux encore, le jury ainsi que l’équipe du film sont présents.

Après que Benicio Del Toro, président du jury, ait introduit à sa manière les films en compétition cette année, c’est au tour de l’équipe du film Ukrainien de monter sur scène. Thierry Frémaux précise que les ukrainiens aiment se déplacer en bande. En effet, pas moins de dix-sept personnes montent sur scène et le réalisateur explique le travail qu’il a voulu accomplir à travers cet étonnant film. Nous vous en parlions dans cet Instantané de Cannes : Rencontre avec Benicio del Toro à la projection de Donbass.

Maintenant, place au film !

Le Donbass est une région de l’Ukraine rongée par une guerre d’usure où se mélangent propagande, pluies d’obus, chefs de guerre corrompus et détresse totale de la population civile. Personne ne sait plus pourquoi il se bat, et la notion d’Etat est devenue inexistante. 

Dans ce film, il n’y a pas de personnages principaux, simplement des scènes de vies souvent grotesques qui montrent une société en déliquescence où la manipulation, le mensonge et la violence sont les seules normes. On y montre aussi les perdants de la guerre qui se contrefichent pleinement des intrigues militaires, à qui on rabâche que leur misère est liée à leur manque de patriotisme.

Tantôt des comédiens se maquillent pour se mettre en scène devant les caméras pour dénoncer une fausse attaque en accusant l’ennemi, tantôt un politicien affame un hôpital pour ensuite leur apporter des vivres. Un peu plus tard, on suit des soldats au milieu du blizzard dans un état psychologique similaire à la troupe de Marlon Brando à la fin d’Apocalypse Now.

Si son sujet est l’une des forces de ce film, Donbass est aussi extrêmement percutant dans sa forme, mettant brillamment en scène des suites de sketchs tragi-comiques. Ainsi, le réalisateur fait le choix de filmer le plus souvent caméra à l’épaule de longs plans-séquences qui s’enchaînent d’un personnage à l’autre, sous une forme presque théâtrale et souvent absurde, et qui vous interpellent sur le comportement de l’être humain dans ses pires moments.