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Plaire, aimer et courir vite – Une promesse qui peine à être tenue



1993, Rennes. A l’approche de l’été, Arthur, la vingtaine tout juste et qui n’a d’étudiant que le nom, préfère parler littérature, faire la fête avec ses amis et écumer les salles de cinéma plutôt que les bancs de la Fac. Un soir, dans l’obscurité d’une salle, il croise le regard de Jacques, un écrivain parisien d’au moins quinze ans son aîné. Quelques mots s’échangent, et ils se plaisent déjà. Ils vont finir par s’aimer. Mais si Arthur a toute la vie devant lui, pour Jacques le temps est compté. Il va donc falloir courir. Et vite.

Les Chansons d’Amour s’achevait par cette magnifique réplique prononcée par Louis Garrel : « Aime-moi moins, mais aime-moi longtemps » . Dans Plaire, aimer et courir vite, longtemps n’existe pas. Au contraire, le temps est compté. Il est compté pour Jacques, atteint du SIDA, et donc compté pour la romance qu’il entame avec Arthur.

Mais ce temps compté pour Arthur et Jacques semble paradoxalement extrêmement long. Alors que l’on aurait pu s’attendre à deux heures intenses durant lesquelles les corps et les êtres sont pressés par cette échéance inéluctable, l’urgence de vivre est la grande absente de ce film qui avait pourtant tout pour plaire mais dont la lenteur peine à susciter l’attention.

Ce rythme si particulier n’est malheureusement pas suffisamment compensé par les atouts – pourtant non négligeables – de ce film. Un film dont le sujet (qui n’est pas sans rappeler 120 battements par minute, même si la ressemblance s’arrête là) est loin d’être inintéressant et qui est servi par trois acteurs absolument convaincants. L’alchimie qui se dégage du duo Vincent Lacoste et Pierre Deladonchamps est à ce titre réellement magnifique et les (trop rares) scènes où ils sont réunis redonnent un peu de souffle à l’ensemble grâce à des échanges inspirés aussi drôles qu’émouvants. Comme cette conversation téléphonique au cours de laquelle les deux amants n’ont jamais été aussi proches, ou encore cette danse totalement improbable chorégraphiée par Denis Podalydès, personnage en apparence solide mais qui révèle une sensibilité inattendue lors de la scène finale. Une scène qui – si belle soit-elle – n’arrive pas à faire oublier les trop importantes longueurs de ce film inégal.