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The Prestige : deux avis, sinon rien !



The Prestige Une

 

The Prestige Affiche

Chaque tour de magie est constitué de trois parties. Ou de trois actes. On appelle le premier acte « Le Pacte ». Le magicien vous montre une chose ordinaire. Le deuxième acte s’appelle « L’Effet ». Le magicien prend la chose ordinaire et lui fait faire quelque chose d’extraordinaire. Vous cherchez alors la clé du mystère, mais vous ne la trouvez pas. Parce que vous ne la cherchez pas vraiment. Vous ne voulez pas réellement la connaitre. Vous voulez être mystifié. Mais vous n’êtes pas encore prêts à applaudir. Parce que faire disparaître une chose n’est pas suffisant. Il faut aussi la faire réapparaître. C’est pourquoi tous les tours de magie comportent un troisième acte. C’est la partie la plus difficile des trois. Celle qu’on appelle « Le Prestige ».

Angleterre, fin du siècle dernier. Alfred Borden (Christian Bale) – un prestidigitateur connu sous le pseudonyme du « Professeur » – s’apprête à être exécuté pour l’assassinat de son ennemi de toujours, Robert Angier (Hugh Jackman) alias « Le Grand Danton ». Quelques années plus tôt, Borden et Angier travaillaient de concert comme assistants pour le même magicien. Et tous deux souhaitent devenir de grands prestidigitateurs.  Mais un évènement dramatique a lieu en pleine représentation. Évènement qui vient sceller définitivement la rivalité entre les deux hommes. Rivalité où vont s’entremêler désir de vengeance et volonté d’être le meilleur. De surpasser l’autre. De provoquer le plus beau « Prestige ». Au risque de se sacrifier.

Christian Bale, Scarlett Johansson Directed by Christopher Nolan

 

L’avis de Julie

Comme en témoignent certains de ses films, Christopher Nolan est un adepte des scénarios faisant travailler les méninges. Mais autant Inception perd le spectateur tant il va loin dans le maniérisme, autant les effets de style du Prestige sont savamment et justement dosés. Et la surprise est réellement de mise à la fin du film, le réalisateur s’offrant son propre « Prestige », à l’instar des tours de magie qu’il évoque. Bien sûr, certains diront qu’ils avaient tout deviné avant la fin. Mais peu importe. L’intrigue est suffisamment bien menée pour que, au final, cela ne soit pas décevant. Difficile d’en dire plus maintenant, à moins de ne tout révéler avant l’heure… Ce qui serait bien dommage !

En plus d’un scénario extrêmement précis et dont les incohérences sont absentes, ce film offre quelques beaux moments sur le plan visuel. Déjà pour ce qui est des scènes de prestidigitation, mais aussi et surtout lorsque Angier se rend dans le Colorado chez Nikola Tesla (David Bowie). Ici, c’est la fée électricité qui fait tout (sans oublier quelques hauts-de-forme tout de même), avec un rendu assez sublime. L’Angleterre victorienne donne, elle aussi, à voir un joli spectacle. Notamment avec ses costumes si propres à son époque. Et le théâtre en tant qu’espace (vide !) y est magnifié.

Pour le reste, The Prestige repose pour l’essentiel sur le duo / duel Christian Bale et Hugh Jackman. Chacun aura très certainement sa préférence, mais la qualité de ce choix (et sans doute aussi de la direction d’acteurs) réside dans le fait que les deux se valent. Tant sur le jeu que sur la complexité du personnage qu’ils offrent l’un comme l’autre. Car si l’espace d’un instant le premier trouvera sans doute plus grâce à vos yeux que le second, vous changerez certainement d’avis le moment d’après. Tant la gradation vers la vengeance et le sacrifice est de plus en plus présente, atteignant son paroxysme avec cette machine infernale qu’Angier se procure pour vaincre définitivement son adversaire. A moins que ça ne soit ce qui le conduise à sa perte… Libre à chacun d’en avoir sa propre interprétation.

(L-R)  Hugh Jackman, Andy Serkis

L’avis de Tof

Oui le film se découpe comme un tour de magie. On y retrouve les 3 actes et, comme pour un tour de magie, certains trouveront l’explication du prestige. Mais on se laisse entraîner sous les projecteurs du spectacle. Le pacte se fait sans douleur mais avec une once de mystère, l’effet est franchement flippant et le prestige en surprendra plus d’un.

Cette embrouille scénaristique n’existe que par l’habilité de Nolan à créer une ambiance. L’Angleterre du XIXème est sombre à souhait. On est loin des châteaux rutilants, les rues sont aussi sombres que peuvent l’être les âmes de nos deux protagonistes. C’est crasse, c’est oppressant, totalement à l’image des combines mises en oeuvres ici. C’est diablement bien foutu.

Bale et Jackman sont parfaits dans leurs rôles même si votre serviteur a une petit faiblesse pour Bale, qui exprime encore plus une forme de noirceur.

En tout cas, à la fin du film, il nous reste un goût dans la bouche, le goût de l’amertume, celle du gâchis, celle du sacrifice sur l’autel de la passion et de l’ambition. Nolan met le doigt là où ça fait mal : que reste-t-il à nos vies quand l’ambition nous dévore ?