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The Revenant – « Nous sommes tous des sauvages »



The Revenant Une

The Revenant AfficheDébut du XIXème siècle. Un trappeur – Hugh Glass – guide des colons au plus profond d’une Amérique sauvage et hostile. Il est accompagné de son fils, Hawk, un indien métisse.

Une attaque d’Indiens. Le groupe subit de lourdes pertes. Le campement est massacré et pillé. Les survivants sont contraints à continuer leur expédition à pied et à faire confiance à Glass, leur éclaireur. Les tensions s’exacerbent au sein du groupe. Fitzgerald, l’un des trappeurs, s’en prend ouvertement à Glass et son fils en raison de son origine amérindienne.

Glass part seul à la recherche de gibier tandis que le reste du groupe établit un campement dans la forêt. Il aperçoit deux oursons grizzli. Puis leur mère. Trop tard. Elle se jette sur lui. Il parvient à la poignarder. Mais les blessures subies au cours de l’attaque sont profondes. Il est découvert par des hommes du groupe qui le ramènent au campement pour tenter de le soigner.

Le groupe doit avancer afin de rejoindre le village de Fort Kiowa. Mais Glass, qu’ils transportent sur un brancard, les ralentit. Le capitaine Henry, à la tête du groupe, propose une scission : une partie des hommes continue la route tandis que l’autre veille sur Glass. Fitzgerald, après avoir négocié une coquette somme, fait partie des volontaires. Profitant de l’absence de celui qui l’accompagne, Fitzgerald tue le fils de Glass sous ses yeux. Puis, il enterre Glass vivant. Et s’enfuit.

Glass parvient à s’extirper de sa tombe. Plus rien d’autre ne compte que son désir de vengeance. Désir qui le maintient en vie.

The Revenant Deux

L’instinct. En milieu hostile, l’homme redevient ce qu’il est au sens le plus primaire : un animal luttant pour sa survie et animé par un seul objectif. Se venger de ceux qui ont cherché à l’atteindre dans son bien le plus précieux : sa vie. La vengeance. Elle est au cœur du film. Sauvage. Radicale. Réduite à son essence : retrouver et tuer. Pas de dessein complexe et tarantinesque. Juste du sang. De la violence. Et de la fureur.

Après avoir posé sa caméra dans le milieu confiné d’un théâtre à Broadway (Birdman), Alejandro González Iñárritu se tourne vers les grands espaces. Horizons enneigés, fleuves glacials, montagnes, falaises, forêts sombres. Le tout filmé uniquement à la lumière naturelle. Premier tour de force. Première claque visuelle. La beauté de ces paysages gigantesques est à couper le souffle. Et elle est sublimée par le travail du chef opérateur Emmanuel Lubezki qui n’hésite pas à jouer sur les reflets provoqués par la lumière et le souffle des acteurs sur la lentille de la caméra. Un style qui convient parfaitement à l’univers du long-métrage d’Iñárritu et qui n’est pas sans rappeler la photographie des films de Terrence Malick

The Revenant Trois

Deuxième claque, la mise en scène incroyable du réalisateur. Le début du film s’ouvre sur l’attaque du campement des colons par une tribu indienne. La scène est filmée en plans-séquences, ce qui lui confère une violence inouïe. Techniquement, c’est ultra maîtrisé. Ultra précis. Tout comme le reste du film, qui oscille entre scènes hyper-réalistes et passages beaucoup plus oniriques, proposant un contraste intéressant entre le réel et le spirituel. Le rythme est lent, et peut parfois être déroutant. Certains s’ennuieront sûrement. Les autres s’attarderont sur le côté très contemplatif proposé par le cinéaste et la sublime rencontre entre la brutalité des milieux traversés par le personnage de Hugh Glass et la poésie de ses souvenirs.

The Revenant Quatre

Dernière claque. La performance physique, puisque toute l’équipe a été confrontée à des conditions de tournage extrêmes. Malheureusement, l’écran ne retiendra que celle de ses acteurs. Et surtout celle de son acteur principal – Leonardo DiCaprio – face à son frère ennemi (Tom Hardy, excellent). Un acteur qui s’est surpassé physiquement. Qui a laissé de côté la performance de comédien en faisant tout passer par le corps. Un corps meurtri, affaibli, luttant chaque seconde pour sa survie. Le jeu est donc tout en sobriété. Tout en retenu. Il n’y a pas besoin de plus puisque le corps se charge du reste. Il souffre. Il endure. Tombe. Se relève. Un corps qui n’a plus peur de mourir puisque – comme le dit son personnage principal – mort, il l’est déjà.