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Brèves de Cannes – Samedi 12 mai 2018 : Les Filles du Soleil, 3 Faces, Le monde est à toi, Christopher Nolan & Fahrenheit 451



Troisième jour consécutif avec un film français en compétition pour la Palme d’Or. Et sa réalisatrice, Éva Husson, est une nouvelle venue sur la plage cannoise. Pour sa première sélection dans le cadre du Festival, elle entre directement par la grande porte de la Sélection Officielle et présente Les Filles du Soleil, son second long-métrage (c’est à elle que l’on doit Bang Gang, sorti en 2016). Réunissant à l’écran Golshifteh Farahani et Emmanuelle Bercot (déjà lauréate d’un Prix d’Interprétation en 2015 pour Mon Roi), ce film relate l’histoire d’un bataillon de femmes kurdes luttant pour reprendre leur ville, luttant pour leur vie, luttant pour leur liberté.

La lutte pour la liberté est un thème central de cette édition cannoise, en témoigne la présence (ou plutôt, dans les faits, l’absence) du second iranien de la compétition qui n’a pas la chance d’Asghar Farhadi. A l’instar du réalisateur russe Kirill Serebrennikov qui n’a pas pu venir défendre son film Leto (présenté en compétition il y a trois jours) puisqu’il est assigné à résidence pour raisons politiques, l’iranien Jafar Panahi n’a également pas pu faire le déplacement. Condamné à six ans de prison en 2011 (il est aujourd’hui en liberté conditionnelle) et à vingt ans d’interdiction de réaliser ou écrire des films, voyager ou s’exprimer dans les médias pour propagande contre le régime iranien, il a été contraint à rester dans son pays par le pouvoir en place. Il leur fait quand même un sacré pied de nez en étant sélectionné dans la course à la Palme d’Or malgré l’interdiction d’exercer son art. Et l’on ne peut que saluer son courage ! Le courage d’un homme qui n’a eu de cesse de dénoncer le régime autoritaire de son pays dans ses films. Habitué des festivals, Jafar Panahi est venu pour la première fois à Cannes en 1995 avec Le Ballon Blanc et remporte la Caméra d’Or. S’enchaînent ensuite un Lion d’Or à la Mostra (Le Cercle, 2000), un Prix du Jury à Un Certain Regard (Sang et Or, 2003) et deux Ours d’Argent à la Berlinale. En 2011 (année de sa condamnation), il reçoit le Carrosse d’Or de la Quinzaine des Réalisateurs pour l’ensemble de son oeuvre. Depuis son interdiction de travailler, il a continué à réaliser des films clandestinement, notamment Taxi Téhéran qui reçoit en 2015 l’Ours d’Or au Festival de Berlin.

3 Faces, son neuvième long-métrage présenté aujourd’hui, a lui aussi été tourné clandestinement. Et pour cause puisqu’il s’agit d’un film mettant de nouveau l’accent sur la société conservatrice iranienne (et le mot est faible). Le film est également une mise en abyme puisque le réalisateur iranien y joue son propre rôle.

Du côté de la Quinzaine des Réalisateurs, le réalisateur français Romain Gavras (fils de Costa-Gavras) présente en compétition son second long-métrage : Le monde est à toi. Réunissant un casting composé de Karim Leklou, Isabelle Adjani et Vincent Cassel, le film raconte le parcours d’un petit caïd dealer de drogue rêvant d’Eldorado.

Si l’on sort un peu de la compétition, il est possible aujourd’hui de rencontrer le cinéaste américain Christopher Nolan (révélé en 2000 par Memento et réalisateur notamment de la trilogie Batman) dans le cadre des rendez-vous de Cannes Classics.

Enfin, les festivaliers chanceux pourront assister à la projection hors-compétition de la nouvelle adaptation du roman dystopique Fahrenheit 451 de Ray Bradbury (après celle de François Truffaut en 1966) dans le cadre des Séances de Minuit. Réalisé par Ramin Bahrani et avec à l’affiche Michael B. Jordan, Michael Shannon et Sofia Boutella, cette dystopie dans laquelle la lecture est prohibée (et les livres brûlés) afin d’empêcher à la population de penser par elle-même sera diffusée sur OCS City le 3 juin et disponible dès le 20 mai sur la plateforme OCS Go.