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4 cases en plus : Le Roy des Ribauds – Le travail graphique de Ronan Toulhoat
Avec l'interview du dessinateur !

Le Paris de la fin du douzième siècle offre aux visiteurs de passage un bien sombre panorama de la capitale économique d’un royaume encore fragile. Ses ruelles étroites et malodorantes dans lesquelles tapissent des gredins prêts à tout pour rafler quelques oboles aux égarés malgré eux voit la mort se régaler du contexte ambiant. Paris, partagé entre quelques clans belliqueux qui contrôlent la vie nocturne, dont les tavernes et les bouges notoires, n’offre pas de longues et paisibles carrières à ceux qui défient chaque jour la faucheuse. C’est ce Paris trouble et sous tension que nous dépeignent avec une incroyable force expressive Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat dans un récit qui met en avant le Roy des Ribauds, l’homme sensé apaiser les tensions et maintenir un semblant d’ordre dans une ville bariolée qui navigue entre enfers et purgatoire…  

 

RDRune

Interview de Ronan Toulhoat

Avec Le Roy des Ribauds tu plonges dans la fin du XIIème siècle à Paris. Que connaissais-tu de cette époque et qu’est-ce qui t’a plu dans ce projet ?
Au début, à part les grands classique du cinéma, quelques romans et mes souvenirs d’école, pas grand-chose. Mais faire une histoire dans le Moyen Âge avec mon pote Vincent, ça j’avais envie. D’autant plus que ce personnage on l’avait en tête depuis 2003, et je savais bien que Vincent en ferait quelque chose d’énorme. Donc depuis que Block 109 était sorti, je tannais Vincent pour qu’on le fasse.

Quelles sont les premières idées graphiques qui te sont venues en tête ?
Quand on a fixé la période, celle de Philippe Auguste, je me suis tout de suite plongé dans la doc et j’ai revu Kingdom of heaven (ainsi que Game of throne pour l’ambiance), ensuite on voulait faire du thriller, et là je savais aussi que je voulais un encrage puissant à l’américaine, avec une couleur en aplat venant souligner l’encrage. Quelques tests plus tard, l’ambiance était posée.

Peux-tu nous dire comment tu t’y es pris pour dessiner le Paris de cette époque ? Un Paris à l’architecture finalement peu connue ?
D’après la doc que j’en avais, en effet, le Paris de l’époque il en reste peu de trace. A part les grands principes architecturaux. Et quelques descriptifs trouvés dans un atlas de Paris au Moyen Âge. Du coup je me suis basé là-dessus pour recréer mes ruelles et mon Paris dans son ensemble.

Tu dessines les ruelles labyrinthiques et étroites de cette ville. L’atmosphère du récit passait-elle par cette sensation d’oppression que tu développes dans ton dessin ?
Absolument ! Renforcé par les descriptifs que j’ai lus de l’époque : des ruelles sombres, mal éclairées, ou souvent les toits des maisons se touchent presque…

Paris reste un personnage à part entière. Pour contrebalancer le poids de la ville, qui se fait lourd au fil des pages, tu réalises un découpage dynamique avec une recherche permanente de rythme. Peux-tu nous en parler ?
Ça c’est mon ADN naturel. Le choix du format et donc de la narration y aide beaucoup également. Mais Vincent comme moi-même aimons tenir la tension tout du long du récit. C’est un découpage « senti » avec les tripes et assez naturel pour ma part. Après évidemment il faut que ce soit lisible, et clair. Mais ça c’est le travail qu’on fait conjointement en story-board.

Tu utilises sur certaines cases des deux premiers volets de cette série, un effet Grand Angle qui agrandi l’espace. Peux-tu nous en dire quelques mots ?
J’aime ces effets dit de « fish eye ». A utiliser parcimonieusement mais qui font toujours leur petit effet. Cela participe aussi à une dynamique d’ensemble. Cela vient en partie du cinéma, du manga et du comics et permet d’accentuer des perspectives vertigineuse notamment. Et dans mon Paris où les ruelles sont comme des canyons c’est nécessaire !

Peux-tu nous parler de tes recherches sur les personnages, comment est né notamment Triste Sire, un personnage aux multiples facettes ?
Pas mal de recherches ont été nécessaires avant de le fixer. Son allure globale vient d’une idée de Vincent qui le voulait pas forcément beau. Il m’a orienté vers un acteur jouant dans la série Ripper Street, Joseph Mawle. Et je l’ai adapté à ma sauce pour s’orienter vers ce personnage austère, noir. Mais la difficulté était aussi de le montrer capable de bonté, et de chaleur paternelle…..

Peux-tu nous parler de ce monde du dessous celui du grand-père de Sybille, pour lequel tu donnes à voir des planches véritablement « enivrées » et « enivrantes » ?
On savait aussi qu’on voulait un Paris quelque peu fantasmé, avec ses gangs et ses dessous cachés. La cour des miracles était le choix parfait. En ce qui nous concerne c’est une sorte de proto-cours des miracles recueillant tous les malformés, les rejetés du monde du dessus…. une société sous la société… gérée par un roi, le Grand coesre. Un personnage puissant dont le poids peut faire pencher la balance dans une lutte de pouvoir. Il était plus qu’intéressant de lier le Grand coesre à Tristan. C’est le monde de Tristan à l’origine. Celui d’où il vient et qu’il rejette. Ça on le saura plus tard… Pour ce monde du dessous, je voulais donc une société sous la société… quelque chose de fou, vivant hors des règles royales et religieuses… un monde où tout est possible pour ces mal aimés…. un environnement de catacombes et de restes de Lutèce était tout adapté… On est dans le royaume des morts, ou pourtant la vie déborde.

Dessiner 150 planches dans un laps de temps limité suppose de faire des choix, suppose aussi une méthode de travail rigoureuse. Peux-tu nous en parler ?
J’ai un dessin rapide à la base. Je suis capable de faire une page par jour. Ensuite le choix de pagination dit « à la comics » implique moins de case par page. Ensuite mon encrage très américain permet aussi de faire des choix tranchés en terme de cadrages (j’occupe ainsi une partie de la case par des ombres et des aplats noirs), enfin la couleur légère venant souligner cet encrage fort est aussi un choix narratif mais qui me permet aussi de gagner du temps. Le but étant toujours de rester cohérent. Au final cela donne un album en un an. Mais bien entendu je suis rigoureux. Pour ma part je suis à mon atelier de 8h30 le matin à 18h30 le soir en temps normal, plus en temps de bouclage…

 

Présentation des visuels fournis pour vous par Ronan Toulhoat

Pour cette partie graphique pour laquelle Ronan Toulhoat vient de nous révéler une part des secrets de fabrication nous allons surtout nous attacher à livrer des visuels qui mettent en lumière la manière de travailler du dessinateur sur une planche, du storyboard déjà précis dans sa composition à la mise en couleur. Pour cela nous vous proposons les quatre premières planches qui composent le prologue au récit, une mise en ambiance qui pose le contexte et une partie de l’intrigue à venir !

Pour poursuivre nous vous offrons les visuels des couvertures de la série, le premier tome dans sa version finalisée et les roughs du tome 2 et du tome 3 (presque une exclue pour le coup !). Vous trouverez ensuite dans cette dense présentation, quelques recherches de personnages avec notamment des crobards au fusain qui démontrent le dynamisme du trait dans un contexte « dépouillé ». Enfin cerise sur le gâteau, trois extraits d’un magnifique portfolio tiré à seulement 100 exemplaires et encore disponible à quelques unités à la boutique Akiléos (pour info et pour les amateurs du travail de Ronan Toulhoat, un autre portfolio en vente chez Les Sculpteurs de bulles autour de la série BLOCK 109 est lui aussi disponible !)

Les trois étapes de la construction de la planche. Du storyboard à la couleur.

Première planche du prologue

 

Deuxième et troisième planches du prologue

 

Quatrième planche du prologue

 

Les couvertures : Tome 1 finale, Roughs des Tome 2 et 3 !

 

Recherches de personnages

 

Crobards au fusain

 

Portfolio Roy des Ribauds

A suivre dans notre dernier article sur le Roy des Ribauds T2, la chronique de l’album !


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