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BD, humour noir et vol plané…

Humour noir pour alimenter certains mondes parallèles qui se construisent à partir d’un regard décalé de nos réalités pas forcément belles à voir. La BD sait aussi se moudre dans les sinuosités du quotidien pour en décliner les travers…

 

 

Bon pour être honnête les quatre paires d’yeux jaunes qui occupent la couverture de cet album trash ne sont pas des plus avenantes. Peu importe ! Après avoir lu le titre, « Pas de panique à Sonic City » ou plutôt « Panique à Sonic City », puisque le « Pas que » est rayé au fer rouge, nous savons que nous allons nous engager dans quelque chose de pas net du tout. Qu’importe, le voyage à l’air d’être dépaysant puisque à première vue ce sont des rats et autres hippopotames qui tiennent la vedette dans un monde parallèle au notre… Faudra quand même essayer de rester lucide en lisant cet album faute de quoi sa trame, savamment orchestrée par Julien Loïs, risque de souffrir d’une lecture par trop planante… Nous sommes en plein far west, dans le creux de la Creuse, donc far peut-être et west si on veut, tout dépend de l’endroit où l’on se trouve… Donc un peu loin de tout. Sur une route départementale somme toute désertée au possible se trouve lancée une camionnette inarrêtable. A son bord quelques énergumènes du folklore local qui se dirigent à tombeau ouvert vers une rave party du type plutôt mémorable, de celles qui laissent des traces dans les corps et dans les esprits… quoique… gardons les corps on verra plus tard pour les esprits. Les gars ont l’air sensiblement patibulaire mais bon ce n’est qu’un détail. A l’arrière de la camionnette un bleu semble terrorisé à se demander s’il n’a pas vomi son quatre heures et son minuit aussi… Bref un boulet à tirer ce qui ne va pas faire les affaires du reste de la troupe. Lui c’est Rémi et il va sûrement découvrir le monde…

Album déglingué construit à base de musique sourde, de substances planantes et d’humeur vagabonde. Le vagabondage de l’âme celui qui fait perdre ses repères et offre de la matière aux rêves. Rêve ? Réalité ? Peu importe en fait puisque de toute façon, au petit matin, seules les oreilles les plus fragiles se souviendront de la nuit passée, comme si le doux sifflement des grillons ayant survécus à la tourmente, pouvait offrir le témoignage d’une soirée pas comme les autres…

Julien Loïs – Pas de panique à Sonic City – Même pas mal – 2012 – 16 euros

 

Lui c’est Euclide. Un rien snob, dandy joyeux, qui défie la vie au point d’en être totalement détaché. Il vit avec sa mère mais bon elle meurt d’un accident terrible par pendaison… quel dommage, le jeune homme devra maintenant trouver une femme pour lui faire sa cuisine, car bon ça manque une femme quand on a faim… De sa quête dépendra sa survie. Il s’entiche donc d’une pépé tout droit sortie d’une pub pour produit fongicide et se mettra en tête de la séduire, un peu comme on fait plaisir à sa mère, en défiant certaines lois de la nature, en tuant des chatons, bref la routine du gamin en manque de repères, rien de grave au demeurant. Album étrange, lui aussi à côté de son monde, donc forcément lisible pour ce qu’il est et ce qu’il crée de décalage avec notre (parfois) morne quotidien. Le principe, un dessin, un texte. Efficace, même si on reste un peu sur notre faim nous aussi comme Euclide. Un humour grinçant qui ne laissera pas indifférent et qui possède le mérite haut en couleur d’ouvrir des brèches dans notre aveuglement quotidien face à des réalités bien terre à terre. Bref ça doit faire réagir, et ça le fait plutôt bien !

Cecily – Euclide T1  –  Même pas mal – 2012 – 16 euros

 

Si le monde dans lequel nous vivons n’était qu’un simple artifice, si les grands évènements qui l’animent et jettent sur lui un voile toujours plus noir résultaient d’un vaste complot ? d’une société secrète si puissante que même le chef du Pentagone ne maitrise pas le moindre once de cet organe qui peut, sur la simple envie de son dirigeant, semer le trouble et même plus, le chaos, dans les démocraties des pays les plus riches. Cette société secrète, c’est le bureau des complots. Des gens a priori normaux y travaillent sauf qu’ils possèdent un détachement consternant face aux actions perpétrées par l’entité qui les emploie. Alors lorsque, peu après l’an 2000 est décidée une vaste opération contre les tours du World Trade Center, chacun va jouer le rôle que l’on attend de lui, c’est-à-dire être efficace dans l’action et laisser accomplir l’un des plus grands carnages de l’histoire contemporaine.

Avec un humour noir particulièrement bien trouvé, en jouant sur nos peurs, notre naturelle paranoïa face aux grands évènements qui alimentent le quotidien de nos sociétés, Jérémy Mahot livre un album détonant. Un petit ovni construit à partir de presque rien. Dessin minimaliste qui va à l’essentiel, fait de personnages en forme de téléphones portables, ô combien symboliques, découpage en six cases par planche, rien de bien révolutionnaire par-là mais des textes tranchants à plus d’un titre dans lesquels le noir décline toute sa force. Ce subtil équilibre fait de fils tendus qui ne cassent pas révèle un auteur qu’il faudra désormais suivre. Hautement recommandé !

Jérémy Mahot – Le bureau des complots – Delcourt/Shampooing – 2012 – 9,95 euros


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