MaXoE > RAMA > Dossiers > Livres / BD > La BD du jour : Cinq branches de coton noir de Sente & Cuzor (Dupuis)

La BD du jour : Cinq branches de coton noir de Sente & Cuzor (Dupuis)

L’histoire du premier drapeau américain, porté par les troupes du général Washington resurgit aux yeux de la sœur d’un soldat présent dans une base militaire juste avant le débarquement allié en Normandie. Sous fond d’histoire romancée, Cinq branches de coton noir évoque le sort des soldats noirs américain dans un pays qui n’a pas encore dit adieu à la ségrégation.

Mai 1944. Dans le camp militaire de Douvres en Angleterre, à quelques encablures des côtes françaises, une unité de l’armée américaine aligne de faux blindés pour faire croire aux forces de l’Axe que le fameux débarquement dont tout le monde parle depuis quelques mois pourrait subvenir dans le Nord de la France et non pas en Normandie. Cette tâche est assignée à une unité composée d’une très large proportion de soldats noirs. Des soldats, qui, en raison de lois ségrégationnistes ne peuvent prétendre participer directement aux combats. Ce statut de soutien lasse trois d’entre eux, Lincoln Bolton, Aaron Johnson et Tom Conor qui se rapprochent de leur commandant pour lui demander une mutation dans une unité de combat. Une fin de non-recevoir leur est aussitôt signifiée. Au même moment, à Raleigh en Caroline du Sud, Johanna, la sœur de Lincoln, apprend la mort d’une tante qui n’avait pas laissé de descendance et qui lègue à ses deux neveux la maison dans laquelle elle vivait où l’ensemble de ses biens est contenu. Des biens a priori modestes sans grand intérêt. Pourtant, en ouvrant un vieux coffre, Johanna découvre à l’intérieur un très vieux manuscrit daté de 1777. Un manuscrit qui se révèle être le journal d’Angela Brown, une femme qui a travaillé dans la maison de couture de Betsy Ross à l’origine de la confection du premier drapeau des Etats-Unis d’Amérique destiné aux armées du général Washington. Un drapeau sur lequel elle aurait remplacé une des treize étoiles blanches par une étoile noire, rendant cette première bannière unique pour la cause et la reconnaissance des droits des afro-américains. Par jeu de relations interposées Johanna parvient à faire délivrer par le haut-commandement américain un ordre de mission aux noms de Lincoln Bolton, Aaron Johnson et Tom Conor pour retrouver le fameux drapeau qui serait détenu en Allemagne…

La seconde guerre mondiale a donné lieu à de nombreux récits graphiques, notamment dans l’univers du comics. Jamais pourtant n’avait été mis en avant de façon aussi nette le rôle joué par les unités afro-américaines et surtout les « restrictions » dont ses soldats étaient frappés. Cantonnés à des rôles de soutiens, il fallut attendre les derniers mois des combats et le manque cruel de soldats blancs pour que 2500 volontaires afro-américains soient intégrés dans des unités existantes. Scénarisé par Sente, pointure s’il en est du neuvième art, cette histoire s’immisce au plus près des hommes pour exposer de manière criarde le racisme latent au sein même de l’armée américaine, qui n’est que le reflet exacerbé de ce qui se joue sur les terres mêmes des Etats-Unis dans les années 30, 40 et suivantes. Lincoln, Aaron et Tom, les trois soldats noirs missionnés pour retrouver le primo drapeau étoilé américain sont d’ailleurs ici encadrés par un lieutenant blanc qui seul pouvait, aux yeux du commandement des forces américaines, mener à bien cette tâche symbolique. Récit de guerre avec les codes attachés au genre, cette histoire se voit superbement dessinée par Steve Cuzor, révélé notamment sur la série O’Boys construit autour du personnage d’Huck Finn qui traversait, dans un road-movie qui transpirait le blues, le Sud des Etats-Unis dans les années 30, marquées par de forts relents ségrégationnistes. Cinq branches de coton noir, le récit proposé par les deux auteurs est livré en cette fin d’année 2017 dans sa version luxe, en noir et blanc, avant la parution, début 2018 de la version classique. Un album à ne pas rater !

Sente/Cuzor – Cinq branches de coton noir – Dupuis


Sur MaXoE, il n'y a PAS DE PUBLICITÉ Par contre, vous pouvez nous en faire sur les réseaux sociaux







Depuis combien de temps lisez-vous MaXoE ?





Chargement ... Chargement ...