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La BD du jour : Momo de Jonathan Garnier et Rony Hotin (Casterman)



Une jeune fille malicieuse sac en bandoulière et petites bottines bleues. Comment ne pas résister à l’appel des aventures qu’elle va vivre dans la campagne perdue qui entoure la maison de sa grand-mère qui veille sur elle depuis que son père est parti au loin sur un bateau plus gros que le plus gros des bateaux ? Retour sur un temps, celui de l’insouciance avec Momo, une jeune fillette rebelle au cœur tendre.  

Une jeune fille et sa grand-mère regardent s’éloigner un bateau en mer depuis les hauteurs d’un phare. Lorsque celui-ci ne laisse qu’un point volatile sur l’horizon, la vieille dame suggère de rentrer à la maison. Une petite bâtisse rurale et charmante située loin du cœur du village. C’est là que Momo, jeune fille d’à peine 5 ans, passe une grande partie de son temps depuis que son père travaille en mer. La dernière cloche de l’école a sonné annonçant le début des vacances, de l’insouciance, des balades dans les champs, avec des bandes d’amis prêts à relever le défi des 400 coups, des jeux sur les chemins étroits qui ne mènent nulle part ou dans les rivières bouillonnantes. Des soirées qui s’allongent jusqu’à ce que le soleil disparaisse doucement au loin jusqu’au lendemain, emportant avec lui les souvenirs d’une journée bien chargée. Beaucoup de gamins ont connus ces vacances champêtres auprès de grands-parents parfois un brin laxistes. Mais pour Momo, ce décor de carte postale n’est pas vraiment la représentation de son vécu. Elle qui doit aller faire les courses chez un poissonnier au gabarit et au (faux) caractère d’ours se trouve plutôt dans un quotidien plus terre-à-terre. Seule fille à déambuler dans les champs qui s’étendent à perte de vue non loin de la maison de sa grand-mère Momo réussira-t-elle à se faire de nouveaux amis pour colorer un peu ses journées d’été ?

Le vent de fraîcheur qui souffle sur ce récit n’est pas seulement dû à la proximité de la mer, mais à cette manière qu’ont les auteurs de nous rappeler à nos bons souvenirs tout en ne versant pas dans cette vague nostalgique trop mielleuse qui aurait pu desservir le propos. Momo, petite fille de tout juste 5 ans, possède une bougne sur laquelle les bises claquent mais aussi et surtout un fort caractère qui fait vite le tour du village. Un peu bornée sur les bords, elle défendra son territoire au milieu d’une bande de garçons, ce qui lui vaudra de petits désagréments. Mais cet été sera surtout marqué pour Momo par sa rencontre avec une jeune ado au travers de qui elle va très vite s’assimiler. Une jeune fille très cool avec qui elle passera du temps et qui lui ouvrira un nouvel horizon dans sa relation avec les autres. Le secteur de la BD jeunesse se développe depuis une demi-douzaine d’années à une vitesse jamais vu auparavant autour d’un public nourrit notamment aux Carnets de Cerise qui s’est trouvé un nouveau penchant pour les récits séquencés. Dans ce registre Momo gagne incontestablement le titre de la BD la plus émotionnelle de l’année. Un album tout en délicatesse qui touche le lecteur au cœur avec de petits riens mis bout-à-bout qui façonnent une histoire d’une rare humanité. Au dessin Rony Hotin est une vraie découverte. Pour ce premier album il fait montre d’une grande maîtrise dans l’expressivité de ses personnages, dominant la palette graphique des sentiments qui dimensionnent la jeune Momo. Un récit jeunesse aux petits oignons, à dévorer sans modération !

Garnier/Hotin – Momo – Casterman