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La BD du jour : Je n’ai jamais dit je t’aime d’Alexandre de Moté (Vide Cocagne)

Il peut paraître parfois compliqué d’exprimer ses sentiments. Envers sa famille, celui ou celle qui partage sa vie. Par pudeur, par la difficulté à mettre des mots sur ce que l’on ressent vraiment dans son for intérieur. Le dessinateur Alexandre de Moté nous livre un témoignage sincère et fort dans un album d’une grande maîtrise narrative. A découvrir !

C’était il y a quelques temps, à Bruxelles. Alex, dessinateur, tentait de se forger un style graphique pour « exister » dans le métier, avec cette nécessité de passer plusieurs heures par jour connecté à sa table à dessin, sans regarder ce qui se passe à sa périphérie immédiate. Lana, étudiante, photographe, tente vainement d’achever un mémoire qui lui ouvrira peut-être un sésame. Rien n’est moins sûr. D’autant plus qu’elle traverse une période de doute sur sa pratique et sur ses intentions. Les deux passent du temps ensemble, s’apprécient, partagent tout un tas de choses, s’aiment… Peut-être. Car aimer peut recouvrir plusieurs acceptions, plusieurs ressentis, plusieurs degrés qu’il faut apprendre à déchiffrer pour être honnête avec l’autre et avec soi-même. De l’amitié forte parfois troublante, à l’amour fou, parfois déraisonné, en passant par des paliers tels que l’admiration, l’attirance physique ou morale, la pulsion. Pour Lana l’amour qu’elle porte à Alex navigue encore entre plusieurs sentiments et, lorsqu’un jour elle lui demande de lire le carnet sur lequel elle prend ses notes, se révèle tout le trouble d’une situation tout sauf simple : Mon Alex, tu es incroyable, tu me fais rire, mon gentil, mon doux, je suis perdue encore et toujours, je ne sais plus trop où j’en suis, je te l’ai déjà dit tu es un gars génial, mais je suis toujours amoureuse d’un autre. Les mots sonnent comme un uppercut envoyé en plein foie pour le jeune homme déjà en proie à des doutes personnels. Alex et Lana se perdent dès lors de vue, jusqu’à ce que la jeune femme revienne à Bruxelles avec l’intention de s’y installer. Pour Alex il faudra trouver les mots, les exprimer pour, peut-être, inverser la courbe des sentiments…

Les souvenirs d’enfance remontent à la surface lorsqu’Alexandre de Moté s’attaque à Je n’ai jamais dit je t’aime. Des moments passés avec son père, tout à la fois complice et confident qui lui révèle un jour une phrase qui possède aujourd’hui tout son sens : « Tu sais, on n’est pas obligé d’exprimer ses sentiments avec des mots, des fois les dessiner c’est bien aussi. ». Alexandre de Moté mais en images un amour perdu, une rupture dont les plaies demeurent encore purulentes des années après. Si cet amour porté à Lana était sincère il restait encore difficile à exprimer. Et dans ces cas-là, le moindre mot, ou l’absence de mot, la moindre attitude maladroite pouvait faire ressurgir une fragilité réciproque. Avec un vrai talent narratif, le dessinateur décortique pour nous les moments clefs de cette relation. Les incompréhensions, les meurtrissures, les espoirs et ce quotidien passé avec Lana, fait de moments complices et d’échecs relatifs. Les dés étaient-ils pipés dès le départ par cet amour encore porté par sa muse à cet « autre » ? Alex vacillera, se remettra difficilement de ce texte maladroit lu malgré lui, se fera une raison, et, peut-être, lorsque Lana reviendra vers lui partagera sans éclats et sans les attentions suffisantes les instants de leur vie à deux. Le temps qui passe peut parfois guérir les maux. Lorsque son père meurt d’un cancer métastasé la difficulté à pouvoir exprimer ses ressentis resurgit pour Alex. Le dessin peut alors parfois remplacer les mots…

Alexandre de Moté – Je n’ai jamais dit je t’aime – Vide Cocagne


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