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La BD du jour : Oublie mon nom de Zerocalcare (Cambourakis)

Le dessinateur Zerocalcare, révélé en France par son précédent opus, Kobané Calling, nous propose un épisode de sa vie familiale au travers de la mort de sa grand-mère. Un moment difficile qui lui permet de revenir sur cette charmante dame avec qui il a beaucoup partagé. Mais une femme secrète dont l’histoire va resurgir pour suivre une route insoupçonnée…

Zerocalcare connait un succès retentissant en Italie, notamment depuis la parution de Kobane Calling, dans lequel il évoque son séjour à Kobané, ville perdue à la frontière entre la Turquie, l’Irak et le Kurdistan syrien. Un séjour au cours duquel, pour un reportage dessiné, il se porte à la rencontre de l’armée des femmes kurdes en lutte contre l’Etat islamique. L’album parait en France en septembre 2016 et connait un succès plutôt encourageant, d’autant plus si l’on considère sa parution au sein d’une maison d’édition qui n’a pas forcément les moyens des « grosses structures ». Avec Oublie mon nom, cinquième album du dessinateur, troisième traduit en français, Zerocalcare revient sur l’histoire de sa famille maternelle et plus précisément de sa grand-mère Huguette dont il était très proche.

Tout bascule pour lui lors de son décès. Passée la douleur naturelle, ce sont les moments complices qui resurgissent, les promenades au zoo, les lectures d’histoires fantastiques, les chansons sifflotées le soir juste avant de s’endormir, les séances de dessin et tout ce qui le rapprochait d’elle. Se remémorant ce passé, Zerocalcare en vient à se souvenir de sa propre enfance, de ses doutes, de ses peurs, de ses engagements, de sa relation à sa mère et de tout ce qui devait construire le jeune homme qu’il est devenu. Lors d’une conversation avec Huguette, Zerocalcare, alors âgé d’une dizaine d’années, évoque le sujet de la mort, car, dit-il, il ne veut pas s’investir dans les activités avec elle sans savoir si elle va bientôt partir. La réponse d’Huguette reste à l’image du personnage : Oh, mais tu ne dois pas t’inquiéter mon amour. J’ai fait un sortilège. Tant que tu auras besoin de moi, j’aurais toujours vingt ans. Je ne mourrai pas avant que tu sois devenu un homme. Juré. Une réponse pleine de poésie et de mystère propre à rassurer le jeune garçon d’alors. Au fil de la préparation des funérailles, pour lesquelles il est chargé de retrouver un carnet avec le nom des personnes à prévenir et la bague avec laquelle elle voulait être enterrée, le dessinateur en vient à remonter l’histoire de cette grand-mère attachante et à découvrir des pans cachés de son passé et de celui de sa famille. Des choses pas forcément avouables qui vont permettre à Zerocalcare de refermer la boucle de son histoire familiale…

Sur le papier le pitch de départ de ce récit n’est pas des plus sexy. Zerocalcare parvient pourtant, par un sens du découpage hors pair, par des dialogues ciselés, des digressions éclairantes et un ton qui ne se prend pas au sérieux, relevé par un humour constant, à faire entrer le lecteur dans son histoire. Si l’émotion transpire de chaque page elle est contrebalancée par une autodérision naturelle qui finit d’emporter ceux qui, parmi les plus récalcitrants, reprocheraient au dessinateur une tendance à se faire bavard. Un récit d’une grande finesse, malgré l’utilisation d’un langage parfois très familier, qui évoque les thématiques pas forcément évidentes de la mort et de la construction identitaire. Si vous n’avez pas encore mis la main sur cet album, vous pouvez l’acheter les yeux fermés !

Zerocalcare – Oublie mon nom – Cambourakis


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