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Comics en Vrac : The Infinite Loop T1, Golgoth Le Dernier Empereur T1, Deadly Class T1



Trois très beaux ouvrages cette semaine. Il y a un comics à la française, avec sa propre patte. On vous propose aussi de voir le bébé de Mark Waid. Enfin, la noirceur de Deadly Class ne peut que vous plaire. 

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501 INFINITE LOOP T01[BD].inddThe Infinite Loop T1, L’éveil

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Teddy travaille pour une brigade gouvernementale chargée de corriger les anomalies temporelles. Attendez attendez, je m’explique. Nous nous plaçons dans le futur. Un futur où la société maîtrise tous les sentiments. Il n’y a plus de haine, plus d’amour, plus de problème, un monde idéal pour ceux qui y croient. Les voyages spatio-temporels sont aussi monnaie courante. Mais il faut maintenir la boucle infinie : les événements ne peuvent pas être changés, rien ne peut bouger, tout doit recommencer. Seulement voilà, les forgeurs existent. Ce sont des voyageurs temporels qui créent des anomalies en voyageant dans le temps, ils prônent l’utilisation de ce pouvoir pour rattraper les erreurs de l’histoire. Cela se manifeste par des événements changés mais aussi par des objets ou des créatures qui se retrouvent alors au mauvais endroit, au mauvais moment. Teddy voyage donc dans le temps pour corriger chacune de ces anomalies. Jusqu’au jour où l’anomalie prend la forme d’une belle jeune femme. Sa beauté vont faire prendre de drôle de décisions à notre héroïne.

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Il y a beaucoup d’élégance dans cette BD. Le trait est particulier, aérien. On sent comme une inspiration tirée des années 50. Teddy a un visage aussi charmeur que celui des pin-ups de l’époque. Le revers de la médaille, c’est un manque, parfois, d’expressivité des visages mais c’est un choix, nous le respectons. Du côté de l’histoire, l’écriture est fine. Elle est apaisée aussi, pas d’action non-stop, pas de répliques meurtrières, simplement un regard compréhensif sur le destin de ces héros. Ainsi les moments sont souvent contemplatifs, comme s’il fallait prendre le temps pour cette histoire de temps. Ainsi, au lieu de nous servir une intrigue alambiquée sur le temps, théâtre facile pour les pirouettes scénaristiques, ici on a simplement une histoire d’amour et des grandes idées.  

Les thèmes soulevés sont ceux des dangers d’une société contrôlée, une société qui chercherait à museler les émotions humaines. Classique oui mais l’approche est originale, à part. 

Scénario : Pierrick Colinet – Dessins : Elsa Charretier – The Infinite Loop T1, L’éveil – Glénat – Glénat Comics – 112 pages – août 2015 – prix 14,95 €

 

 

GolgothT1-couvGolgoth Le Dernier Empereur T1

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Golgoth. Pour beaucoup de personnes, dont je fais partie, cela nous renvoie à Goldorak. Et bien rengainez la nostalgie, ici il s’agit de tout autre chose. A la manière d’un Dark Sidious, Golgoth est un super-vilain qui veut instaurer un nouvel ordre sur la terre. Sous couvert de sauver l’homme contre lui-même, il utilise des méthodes extrêmement brutales pour obliger les états à entrer dans l’empire. Cela passe, la plupart du temps, par un massacre en règle des têtes dirigeantes du pays en question. La machine de l’empire tourne à plein régime, la propagande bat son plein et pour cela, Golgoth, est entouré de lieutenants tous plus puissants les uns que les autres. Leur fidélité est maintenue par une drogue uniquement détenue par l’empereur.

Il y a tout de même un état, le Groenland qui semble vouloir résister. Peut-être un espoir pour l’Humanité.  

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Le pitch ne vous a peut-être pas forcément convaincu, ben oui il est plutôt classique finalement. Oui certes mais cette BD est un concentré de savoir-faire de Mark Waid. Il crée ici un personnage détestable qui arrive à faire peur à celui qui tourne les pages. Golgoth peut se déchaîner à tout moment et ses lieutenants aussi. Mais au-delà de la frayeur que cela peut susciter, l’auteur sait traiter le thème de la dictature, celui des manigances politiques et celui de la dépendance. Il construit un univers passionnant en tous points. On cherche nous même la faille de l’empereur, comment contrer une telle dictature, comment libérer le monde ? Si vous ouvrez cette BD, vous vous poserez ces questions et vous serez happé par cette violence, ce totalitarisme démentiel. Vous serez aussi captés par sa fille et par la fidélité de façade de certains des siens. 

Scénario : Mark Waid – Dessins :  Barry Kitson – Golgoth Le Dernier Empereur T1 – Delcourt – Contrebande – 224 pages – octobre 2015 – prix 17,45 €

 

 

 

deadly-class-tome-1-couvDeadly Class T1, Reagan Youth

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Marcus est un gosse de 14 ans. Pas de maison, pas de foyer, plus de parents, il est SDF à San Francisco. Nous sommes en 1987. Il vient du Nicaragua, ses parents se sont fait assassiner. Après un passage douloureux à l’orphelinat, le voilà donc dans les rues crasseuses de la grande San Francisco. Un beau jour, il est alerté par une bande d’ados : des policiers sont à deux doigts de le serrer, pour une raison que l’on ignore d’ailleurs. Marcus s’en sort de justesse grâce à l’aide inopinée des ados en question. Ils l’entraîne alors dans un drôle d’endroit, l’école Kings Dominion des arts létaux. Elle est dirigée par Maître Lin, le descendant d’une famille qui trempé dans l’assassinat depuis des siècles. Il offre à Marcus le gîte et le couvert en échange de l’acceptation de la formation au métier de tueur. Le but ? Tuer ceux qui le méritent, tuer pour que le peuple puisse accéder au pouvoir. Marcus se sent seul dans cette école mais, petit à petit, il va commencer à tisser des liens et à se poser pas mal de questions de morale.

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Décapant ! Voilà le mot qui nous vient après la lecture de cet ouvrage. Parlons d’abord du style graphique. Il plonge complètement dans l’ambiance de la fin des années 80. Les coups de trait donnent au décor une belle impression de mouvement incessant, accentuant encore plus cette impression de fuite en avant. Le tout est noir à souhait, idéal pour servir le propos. On y trouve la solitude de la jeunesse, évidemment. On y décèle aussi les questionnements de ces ados en quête d’avenir, le fait qu’ils soient des tueurs ne les différencient finalement pas tant que ça de nos propres lycéens. Ils sont paumés, voilà tout. Evidemment il y a aussi la mort, la violence. L’auteur montre tout cela sans prendre de gants comme pour mieux nous montrer que tout cela fait partie de la société. On y voit à quel point un destin peut basculer en un rien de temps. Et puis décider de qui mérite de vivre ou de mourir est un acte horrible. Tout cela transpire à chaque page, les sentiments sont mêlés et vous-même vous passerez par toutes les sensations à la lecture de cette BD. Pour finir, parlons de ce passage dantesque dans le casino alors que Marcus est sous LSD. Un bonheur absolu !

Scénario : Rick Remender – Dessins :  Wes Craig – Deadly Class T1, Reagan Youth – Urban Comics – Urban Indies – 160 pages – octobre 2015 – prix 10 €