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Cuisine et BD par Dreamy et Nathalie Nguyen



Angoulême reste un formidable moyen de rencontrer en peu de temps tout un lot d’auteurs de BD, qu’ils soient scénaristes ou dessinateurs, et donc de pouvoir aborder avec eux leurs travaux récents et à venir. Un moyen pour nous de vous proposer quelques news, beaucoup de fraîcheur dans les réponses spontanées des auteurs qui se livrent sans arrière-pensées. Bref un moment privilégié pour parler 9ème art et parfois bien plus que cela… Aujourd’hui nous vous proposons une chronique dédiée à la cuisine en BD. La thématique n’est pas nouvelle et démontre l’intérêt grandissant du public pour la tambouille, la bonne tambouille, celle qui fait plaisir et excite nos papilles, celle aussi qui allie  simplicité et qualité gustative… Alors approchez et écoutez d’abord l’interview de Dreamy et Nathalie Nguyen ! Ensuite vous pourrez lire les présentations de deux albums récents sur le sujet : Ma cuisine illustrée et A boire et à manger de Guillaume Long.

Nous vous avions présenté Nathalie Cookbook dès sa sortie en fin d’année 2012. Et ça donnait à peu près ça (lire la chronique dans son intégralité ici) : Nathalie Cookbook ne peut se résumer pour autant en un simple livre de recettes classiques. Le tempérament des deux jeunes femmes n’aurait pas pu s’enfermer dans des cadres rigides, peu propices à l’expression de leur caractère. En scénarisant la vie de Nathalie, de son enfance en passant par ses amours, ses passions, tout un tas de scènes du quotidien revisitées par le talent de Dreamy, les deux amies transmettent leur dynamisme et leur éclectisme.

A vrai dire cette question qui tourne autour de la personnalité de la cuisine, qui passe par l’influence de notre culture, de notre tempérament, de nos envies et de nos passions, s’affiche de façon marquante dans les recettes proposées dans Nathalie Cookbook par la jeune passionnée de cuisine qui ne revendique aucune école ou aucune influence si ce n’est celle de la liberté créatrice, faite d’une explosion de saveurs et de l’expression d’un tempérament. Montre-moi ce que tu cuisines, je te dirai qui tu es, c’est un peu de cela qui s’exprime dans ce livre de cuisine d’un genre nouveau qui ne s’inscrit pas dans les canons d’un genre qui a parfois tendance à privilégier le fond sur la forme. A vrai dire si les deux peuvent être conciliés, nous ne disons pas non !

Interview de Nathalie Nguyen et Dreamy

 

 

A boire et à manger !

L’album était présenté en avant-première lors du festival du livre gourmand de Périgueux et son auteur placé sur la scène du théâtre de la ville pour illustrer en direct le plat qu’un chef étoilé exécutait devant un public nombreux massé pour découvrir quelques-uns des secrets de ces mastodontes de la cuisine savoureuse. Il s’appelle Guillaume Long et fort des ventes de son premier opus A boire et à manger, écoulé à plus de 11 000 exemplaires, ainsi que du succès confirmé de son blog ABAM, il nous revient avec A boire et à manger volume 2 ! Pour la peine on pourrait presque dire que nous l’attendions ce second volume, tant le premier nous avait marqué par un mélange réussi de cuisine, d’anecdotes savoureuses, d’humour permanent et d’expériences culinaires vécues par son auteur. Bref la parution de ABAM vol 2 était guettée de près par pas mal d’entre nous et nous n’avons pas été déçus de sa lecture.

Concrètement Guillaume Long divise les 144 pages de ce nouvel opus en quatre grandes sections saisonnières (Printemps, Eté, Automne, Hiver). Chacune d’entre elles présente quelques recettes (vingt-cinq au total dans ce second volume axées principalement sur les entrées et les plats), mais surtout des histoires de fiction (ou pas) délirantes ayant trait de près à la cuisine ou la gastronomie. Nous retiendrons par exemple, pour vous mettre l’eau à la bouche, L’origine du mal, dans laquelle l’auteur, en consultation chez son dentiste expose les tendres souvenirs de bonbecs de son enfance et nous dit comment, avec seulement une pièce de 10 francs, il arrivait à dévaliser les étals bigarrés qui se présentaient à lui. Ou encore cette histoire de la machine à faire les œufs carrés, celle de la courge spaghetti, celle de Jean-Kévin et ses pâtes carbonara, qui permet au passage de faire une mise au point sur certaines idées reçues et, graal des graals, d’obtenir la recette originale… Nous passerons plus vite sur le guide express du café parisien et de sa rentabilité des tables, ou encore sur cette histoire dans laquelle l’auteur nous explique comment il est devenu puxisardinophile (collectionneur de boîte de sardines) pour nous attarder un peu plus sur les « grandes » histoires qui émaillent ce second volume. Ces gros fils rouges si on peut dire nous présentent l’auteur dans son propre rôle dans des situations qui l’ont particulièrement marquées… Le summum reste cette virée à Stockholm où Guillaume Long désespère de pouvoir manger dans un fameux Burger King au regard de ce que propose la gastronomie suédoise (qu’il présente néanmoins et qui recèle malgré tout de bons petits plats). Il n’y parviendra pas malgré le déploiement de stratégies redoutables et d’esquives plutôt bien menées…

Ce second volume poursuit dans la lignée du premier avec cet accent porté à la bonne humeur sans pour autant négliger les techniques ou les conseils pour réaliser de bons petits plats… En d’autres termes, un immanquable, mais vous le saviez déjà !   

Guillaume Long – A boire et à manger vol. 2 – Gallimard – 2012 – 20 euros

 

Et aussi…

Le collectif Café Salé (CFSL) nous livre un des opus dont il a le secret, un album collectif bénéficiant de l’apport de chaque membre ayant répondu à l’invitation de se livrer sur un sujet ô combien délicat et sensible pour nous, la cuisine… Bon, l’expérience n’est pas nouvelle et les livres consacrés au sujet envisagés par des auteurs de BD fourmillent sur les présentoirs de nos librairies spécialisées. Pour autant Ma Cuisine illustrée retient notre attention. Pourquoi me direz-vous ? car cet opus nous expose des recettes à la portée de tous. Même les plus néophytes d’entre nous pourrons prétendre à la réalisation d’une des recettes exposées ici. L’ouvrage consacré à l’hiver ne délivre que des recettes à élaborer durant cette période. il fait suite à Automne paru il y a quelques mois et poursuit une série qui comprendra au total quatre opus (perspicace non ?). Chaque recette est décomposée dans ses grandes lignes à l’aide de dessins suffisamment lisibles et clairs pour éviter toute catastrophe due à la lecture d’un texte confusionnel qui pourrait gâcher la finale. Treize dessinateurs orchestrés par Kness ont donc pris part à ce projet. Parmi eux, certains sont connus de nous et nous vous les avons déjà présentés, je pense à Aurélie Neyret et à Clément Lefevre, tous deux auteurs d’une série en cours plutôt réjouissante dans la collection Métamorphose de Soleil, respectivement Les Carnets de Cerise et Susine et le Dorméveil. Mais nous découvrons aussi toute une série d’illustrateurs à suivre et ce livre, même s’il ne représente pas le meilleur moyen de révéler leur talent, reste comme souvent au CFSL le plus sûr moyen de révéler un collectif. Si je devais ne serait-ce que vous révéler deux ou trois recettes qui retiennent mon attention gloutonne je citerais : Le velouté de châtaignes, le gratin de topinambours, le curry de légumes d’hiver et le risotto au potiron. Le reste c’est selon les envies et en tout cas à découvrir et à déguster !

Collectif (sous la dir. de Kness) – Ma cuisine illustrée : Hiver – Ankama/CFSL – 2013 – 19,90 euros