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Ekhö, nouvel univers-monde fantasy selon Arleston et Barbucci



Christophe Arleston a longtemps hésité avant de lancer Ekhö, cette nouvelle série demandée par le dessinateur prodige italien Alessandro Barbucci. Créer un monde fantasy, c’est prendre le risque de refaire ce qui a déjà été fait et de belle manière, mais c’est aussi le moyen de se mettre en danger, de faire monter l’adrénaline qui stimule la création. Arleston avoue lui-même être à l’aise dans un tel contexte et que pointent les possibilités d’improvisations. Ekhö nouvel univers phare de la fantasy par deux auteurs majeurs…

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ekho couvNous pourrions nous contenter de reproduire le quatrième de couverture d’Ekhö pour en restituer les grandes lignes. Beaucoup est dit et de belle manière. On y parle de ce monde miroir dans lequel nos villes possèdent leur réplique. Des répliques certes relativement fidèles mais avec quelques variantes tout de même qui les singularisent. Il est dit ainsi que l’électricité n’existe pas, les dragons remplacent les avions de ligne, les wagons du métro sont sur le dos d’étranges mille-pattes. Tout ça c’est ce qui saute aux yeux dès le premier contact avec ce monde, ensuite, lorsqu’on s’y meut au point d’y porter un intérêt manifeste, on y découvre de petits êtres a priori fragiles, les Preshauns, qui semblent pourtant jouer un rôle majeur dans son agencement. Ces êtres qui ressemblent à des écureuils dotés de la parole humaine, habillés en bavarois du siècle dernier, cachent en eux des secrets sombres et possèdent ce qui pourrait s’apparenter à un toc, celui d’organiser leurs journées autour de l’heure du thé. Des écureuils british ? Pas nécessairement !

Alors qu’elle voyage à bord d’un vol régulier à destination de New York, la jeune et pulpeuse Fourmille Gratule aperçoit un Preshaun dans l’allée centrale de l’avion. Chose étrange elle semble la seule capable de le voir et de lui parler. La conversation s’engage et celui-ci, qui se dit clerc de notaire, lui demande si elle veut bien accepter l’héritage de sa tante Odelalie. Farce de mauvais goût ? Il se trouve en effet que la tante en question est déjà passée à trépas, et ce depuis quelques temps déjà. Pourtant le Preshaun insiste et Fourmille, faute de comprendre réellement de quoi il retourne, accepte le cadeau et la carte de visite de ce personnage singulier qui l’invite à passer à l’office notarial pour lequel il travaille. Aussitôt que le clerc disparait, l’avion dans lequel la jeune femme a pris place traverse soudainement une perturbation terrible et se trouve frappé par la foudre. Fourmille perd connaissance…

Elle se réveille quelques minutes ou quelques heures plus tard. Les passagers de son vol ne sont plus tout à fait les mêmes… L’avion nettement moins moderne que le premier se révèle être un dragon qui  survole maintenant New York pour se rapprocher de l’aéroport international JFK. Il s’y pose peu après sur les vastes pistes d’atterrissages verdoyantes recouvertes d’une pelouse épaisse, parsemée de papillons qui donnent un aspect bucolique à l’ensemble… Fourmille comprend qu’elle a basculé dans un univers parallèle et, heureusement pour elle, lors de ce basculement elle s’était agrippée au bras de l’homme qui voyageait à ses côtés, un certain Yuri, qui se retrouve lui aussi propulsé dans sa traversée du miroir…

Les deux vont dès lors essayer d’appréhender ce monde étrange, de comprendre son fonctionnement, ses mœurs et ses coutumes. Ils se rendront à l’office notarial, seul contact réel avec ce monde pour saisir les enjeux de l’acceptation de l’héritage de la tante Odelalie… Bien des surprises en perspective !

Dans ce récit particulièrement novateur en ce sens qu’il se construit dans un univers fantasy mais qu’il garde une attache avec le monde connu de nous, les auteurs ouvrent une brèche dans cet univers littéraire qui pourrait sembler parfois tourner en rond. Premier tome oblige, nous en prenons plein les mirettes tant le dessin foisonnant et le sens du détail de sieur Alessandro Barbucci cachent en leur sein des trésors cachés. Des pépites qui participent à fonder l’univers créé, à le densifier et à lui donner une certaine saveur qui fonctionne grâce à ce décalage permanent qui ouvre de larges voies à l’humour omniprésent dans l’album. Loin de tout académisme ou de toute rectitude les deux auteurs s’en donnent à cœur joie dans ce qui restera peut-être l’un des albums phares de cette année 2013.

Arleston & Barbucci – Ekhö T 1 : New York – Soleil – 2013 – 13,95 euros