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MaXoE Festival : Grand Prix des Lecteurs BD, la Sélection 2016 !



MaXoE Festival Bandes DessinéesMaXoE propose cette année du 30 mai au 13 juin, après les succès de ses deux premières éditions, son Troisième Grand Prix des Lecteurs. Pour y voir plus clair et faciliter le vote des lecteurs nous allons vous présenter ici les albums sélectionnés.

Tout au long de la manifestation nous apporterons des éclairages sur les uns et les autres pour affiner le choix de chaque votant et désigner ainsi les vainqueurs de chaque catégorie.

Cette année la rédaction a été confronté à des choix épineux dans pas mal de catégories en raison de la quantité d’albums qui pouvaient prétendre à la sélection finale. C’est de ce casse-tête enfin résolu qu’est issue la sélection présentée ci-dessous !

BD Européenne
Pour la BD Européenne nos choix se sont arrêtés vers ce qui fonde nos certitudes à savoir qu’une BD est avant tout une histoire construite sur des personnages que les auteurs prennent le temps d’accompagner, et de nous rendre familier, voire presque intime. Dans La Dame de Damas Jean-Pierre Filiu et Cyrille Pomès nous présentent Karim et Fatima dans une Syrie à feu et à sang. Dans Sykes Pierre Dubois dresse le portrait d’un personnage complexe en la personne d’un Marshall sombre et énigmatique. Nicolas Otéro quant à lui livre un portrait saisissant de Kurt Cobain (Le Roman de Boddah) dans un style graphique plus « lâché » et plus créatif que ses projets précédents qui a retenu notre attention. Fabien Lacaf démontre avec Courbet qu’un 46 planches en one-shot peut encore nous séduire dans un neuvième art qui a tendance, depuis quelques temps, à se faire plus dense en pagination. Dans Le facteur cratophane Eric Liberge nous offre une ouverture à son univers de Mardi-Gras Descendre qui lève pas mal de voiles sur le récit que nous connaissons déjà et c’est superbe en plus d’être dense et passionnant. Melvile tome 2 de Romain Renard confirme tout le bien que l’on pensait du premier opus avec la présentation d’une série de nouveaux personnages qui donnent vie au monde de Melvile, la ville qui possède tant de secrets… Pas facile de redonner vie au personnage de Lucky Luke. Mathieu Bonhomme y parvient dans L’homme qui tua Lucky Luke avec maestria, en donnant un côté plus « adulte » au personnage. Le deuxième volet du Roy des Ribauds donne à voir ce Paris médiéval des bas-fonds, cette cours des miracles qui peut tout changer. Sombre et vif. Deux albums enfin pour finir cette catégorie BD Européenne, sous fond de conte avec d’une part le retour gagnant du duo Zidrou & Porcel avec Bouffon, une fable renversante et d’autre part la mise en lumière dans la collection Métamorphose, de l’univers d’Adrien Demont avec Buck, le chien-niche missionné pour échanger un enfant troll contre un bébé humain. Du très lourd donc pour cette catégorie et difficile de savoir à l’avance quel album l’emportera !

Comics
Encore une année riche en comics. Du côté de Panini, on a beaucoup aimé la vision sombre de Captain America servie par Ed Brubaker. Encore une fois il contourne les codes du genre. Chez le même éditeur, nous avons sélectionné un album Star Wars. La nouvelle collection de comics sur la licence propose de très belle choses pour les fans. On vous propose aussi Golden Boy, de chez Aaargh. Là on arrive dans le déjanté pur jus et on a beaucoup aimé ça. Chez Urban Comics, on retrouve l’excellente et très noire série Gotham pour son quatrième et dernier tome. Il y a aussi, dans la collection Indies, un récit succulent sur une bande de gosses entrainés à tuer. Cela s’appelle Deadly Class. Passons à Glénat qui a relancé, et de très belle manière, sa collection comics. On a jeté notre dévolu sur Lazarus, le troisième tome. Cette BD est très sombre, très mûre. Letter 44 tome 3 nous a aussi conquis par la construction complexe de son scénario et par une ambiance terrible. Chez Delcourt, on vous conseille Savage, très belle Uchronie et Golgoth tome 1 qui nous dépeint un monde de tyrannie absolument terrifiant. Enfin, le deuxième tome d’Outcast est parfait, c’est l’exorcisme vu par Robert Kirkman. 

Adaptation littéraire
L’adaptation littéraire reste un genre à part dans le neuvième. Parfois marginalisé il reste très présent dans nos colonnes car il amène à réfléchir sur le rapport entre les deux Arts majeurs que sont la littérature et la Bande Dessinée. Cette année vous pourrez voter pour des adaptations de textes pas forcément mis dans la lumière mis à part bien sûr la reprise d’Au revoir là-haut du Goncourt Pierre Lemaître qui scénarise avec Christian de Metter son propre texte, ou La Gloire de mon père revisité par un trio hyper efficace représenté par Serge Scotto, Eric Stoffel et Morgann Tanco. Pour le reste nous découvrirons les adaptations des textes d’auteurs classiques comme le Martin Eden de Jack London, considéré comme la biographie de l’auteur, la présentation d’une nouvelle peu connue de Tolstoï, Ce qu’il faut de terre à l’homme, par le surprenant Martin Veyron, Taïpi, premier texte d’Herman Melville par le spécialiste en adaptation Stéphane Melchior, Tocqueville, vers un nouveau monde, relecture libre du texte Quinze jours au désert de l’auteur de De la démocratie en Amérique et le bouleversant Les rêves dans la maison de la sorcière de Lovecraft revu par le duo de choc Patrick Pion et Mathieu Sapin. Des adaptations d’œuvres contemporaines sont aussi en lice, La petite patrie notamment du canadien Claude Jasmin, livre devenu culte au Québec, La ballade de Sean Hopper, texte de 2010 de Martine Pouchain mis en images par Christophe Merlin et enfin Ô vous, frères humains d’Albert Cohen, chargé d’une émotion toute particulière… A vous de nous dire vers quelle adaptation votre cœur balance !

Indépendant
Le milieu indépendant joue de plus en plus son rôle de défricheur de talent et en  cette année 2015-2016 cela a été particulièrement le cas. A commencer par un talent pur, celui du carnettiste Gaétan Nocq qui nous livre un regard sur la guerre sans nom dans Soleil brûlant en Algérie. Autres révélations de cette année, Igor Hofbauer qui livre un opus marquant composé de plusieurs récits courts dans Mister Morgen, Fabrizio Dori qui s’attache à retranscrire la dernière partie de la vie de Gauguin dans Gauguin, l’autre monde, Sophie Guerrive qui nous transporte avec Capitaine Mulet dans son univers singulier, mais aussi Medley d’Emre Orhun qui, s’il n’est plus une découverte, l’était un peu sur un récit en auteur complet. Ensuite des confirmations de talents avec l’américain Derf Backderf qui aborde avec Trashed le sujet singulier du traitement des déchets,  Pierre Ferrero qui nous livre sa version de la danse des morts, Oriane Lassus qui aborde dans Quoi de plus normal qu’infliger la vie ? le sujet un brin tabou de la nulliparité, Alvaro Ortiz qui confirme tout son potentiel narratif dans un troisième album détonant baptisé sobrement Rituels et Erwan Surcouf qui nous transporte en hyper-espace dans Pouvoirpoint. A vos votes !

Le roman graphique
Le roman graphique est l’autre centre d’intérêt de MaXoE tout au long de l’année avec les Adaptations d’œuvres littéraires. Cette année pas mal de très bons albums épais étaient à se mettre sous la dent. Si le nombre de pages n’est pas toujours gage de qualité les presque 600 que nous propose Daly dans Highbone theater valent très nettement le détour, en nous présentant sa vision décalée de l’Amérique (version gros bras). Dans Alcoolique Jonathan Ames met en scène un héros qui pourrait être lui qui, sans forcément s’en apercevoir se coupe du réel pour sombrer dans un monde éthylique aliénant. Surprise de cette fin d’été 2015, Le dernier arpenteur des sables conjugue récit graphique amusant et présentation documenté du monde des insectes. Le voyage de Phoenix traite d’un sujet cher à Jung à savoir la résilience. Sa connaissance de la thématique (alliée à un dessin toujours très respectueux) fait de ce récit un beau complément à Couleur de peau miel. Dans Les Equinoxes Cyril Pedrosa pousse encore plus loin sa recherche esthétique et narrative, un récit qui répond dans les intentions à Portugal publié en 2011. Le roman graphique est aussi celui de la biographie, nous en auront quatre cette année. Celle de Fred Bernard au scénario et d’Aseyn au dessin qui nous livrent le portrait saisissant de Nungesser un des As de la première guerre mondiale, celui de Capa par Florent Silloray, celui d’une femme courage dans l’Espagne franquiste par Antonio Altarriba et Kim, dans L’aile brisée, récit sur le parcours de la mère du scénariste et enfin celui de Munch dans Munch avant Munch de l’italienne Giorgia Marras qui reprend comme son nom l’indique, la première partie de la vie du peintre. Enfin un des récits phares du second trimestre 2016 vient compléter cette sélection, Stupor Mundi de Néjib qui présente le parcours d’un scientifique appelé auprès de Stupor Mundi alias le très controversé Frédéric II. Une sélection dense et homogène de laquelle le gagnant aura du mal à se détacher !

Intégrale
Une bonne intégrale procure bien souvent des heures de plaisir de lecture et certaines valent particulièrement le détour. Chaque année nous isolons dix d’entre elles qui pourront accompagner votre été ! Et pour prendre le vent du large quoi de mieux qu’une épopée maritime, c’est en tout cas ce que nous proposent Roger Seiter et Johannes Roussel dans HMS, à moins que vous ne souhaitiez naviguer dans l’espace infini aux côtés de la pulpeuse Druuna dont les formes généreuse données par Serpieri ont traversé les âges. Et pourquoi pas revenir dans le passé et observer la Rome antique ? Thierry Demarez Valérie Mangin nous plongent au cœur de l’histoire avec Alix senator, un Alix aux cheveux grisonnant qui s’impose comme l’une des reprises de personnages les plus réussie. Au chapitre des bonnes idées, mention spéciale à Dupuis qui nous livre sur cette année deux intégrales de choix. Tout d’abord la correction d’un oubli majeur avec l’édition de Monsieur Mardi-Gras Descendres d’Eric Liberge mais aussi le travail remarquable opéré sur La princesse de sang de Max Cabanne avec à la clef une édition revue et corrigée (ou plutôt enrichie) à posséder dans sa bibliothèque. Autres éditions indispensables, L’ascension du haut mal de David B, un des récits majeurs de l’auteur de La Lecture des ruines dont les différents chapitres sont réunis de nouveau dans un seul et épais volume, et Adam Sarlech de Frédéric Bezian. Une des œuvres majeures de l’auteur presque introuvable qui fait le bonheur des fans exigeants. Nous vous proposons de voter aussi pour deux œuvres sombres et mythiques, Requiem d’Olivier Ledroit et Patt Mills, ou la plongée dans les enfers et Histoires extraordinaires d’Edgar Allan Poe de Roger Seiter et Jean-Louis Thouard dont la réédition est un pur bonheur pour les yeux. Dernière intégrale de choix, à la couverture soignée, Les Enfants du capitaine Grant d’Alexis Nesme, avec laquelle nous repartons à l’aventure !

Edition Spéciale
Elles sont devenues à la mode même si leur diffusion reste encore confidentielle en raison de leur coût et de l’investissement que cela suppose pour bien faire les choses, les éditions spéciales, de luxe, les tirages de tête ou limités, c’est selon, proposent d’embellir les récits que nous avons aimé en leur offrant un écrin enrichit de bonus souvent épais ou d’une édition des planches en noir et blanc qui permet d’apprécier l’encrage d’un auteur. Cette année reste l’année des grands formats, et plusieurs éditeurs sont entrés dans cette piste pour mettre en valeur des récits singuliers, Hyver 1709 de Nathalie Sergeef et Philippe Xavier paru chez Les Sculpteurs de bulles en plusieurs versions retient l’attention tout comme Le Maitre d’armes de Xavier Dorison et Joël Parnotte (Black and White) et Undertaker de Xavier Dorison et Ralf Meyer (Bruno Graff). Brüsel de François Schuiten et Benoît Peeters est dans cette lignée avec la réédition du cinquième volet des somptueuses Cités obscures. Mention spéciale également pour L’Odeur des garçons affamés de Loo Hui Phang et Frederik Peeters et Meutes (coffret) de Jean Dufaux et Olivier Boiscommun qui proposent tous deux, en plus de l’album, l’intégralité du scénario qui permet d’apprécier le travail du scénariste, du dessinateur et l’interaction entre les deux. BD Empher livre avec Lacrima Christi de Didier Convard et Denis Falque un très bel objet avec en bonus pour les premiers acheteurs une belle plaque d’impression offerte, un must pour le collectionneur ! C’était l’un des récits les plus attendus d’avant été (pour sa version gazette) depuis deux ans, Le château des étoiles dans sa version grand format publiée à la rentrée met sans conteste en avant le travail graphique d’Alex Alice et c’est tant mieux pour nos mirettes ! Esmera de Zep et Vance prouve que l’auteur de Titeuf peut aussi s’immiscer dans des récits adultes (et pour la peine c’est le cas ici !). Dernier album à mentionner Comment faire fortune en juin 1940 du trio de poids Laurent Astier, Fabien Nury et Xavier Dorison, proposé dans une version noir et blanc somptueuse. De quoi se faire plaisir !