Rien de tel que de mettre notre futur en danger. Car cela nous oblige à mieux regarder le présent et encore plus son passé bien antérieur. Lorsqu’un danger pointe à l’horizon, lorsque l’équilibre fragile de l’histoire en vient à vaciller il faut remettre un peu de sens dans l’histoire, et c’est dans ces cas-là que l’on fait appel aux Brigades du temps…

Lorsque le passé vient à dérailler, c’est le futur qui s’en trouve menacé. Alors il faut prendre des mesures efficaces, du type intervention musclée avec tout de même une pincée de stratégie. Pour cela ont été créées une école de formation d’agents ukroniens. Ces agents composent des troupes d’intervention lancées sur une mission bien spécifique censée remettre l’histoire dans le droit chemin ou tout du moins dans le sens le plus proche de la réalité « officielle ». 

Notre histoire, celle exposée dans cet album, débute plutôt mal… nous sommes en 1492, plus précisément le 12 octobre… date à laquelle Christophe Colomb « doit » débarquer sur une île des Bahamas et bouleverser la vision du monde. Mais l’accueil réservé au navigateur n’est pas aussi chaleureux que celui qui a pris forme dans l’histoire de nos manuels scolaires. Transpercé d’une flèche en plain torse, le marin laisse l’histoire entreprendre un virage radicalement différent. Dans le futur, la station spatiale vire à l’alerte de code 5. Le plus haut niveau qui soit, signe d’un malaise évident et d’un risque pour l’équilibre du futur. Le calcul de dérivation est formel, la mort de Colomb le 12 octobre 1492 va entrainer des dérapages en cascades dans l’histoire officielle. Tout d’abord l’Europe continuera à contourner l’Afrique pour se rendre aux Indes, puis un conflit surviendra inévitablement entre les deux blocs, l’un n’arrivant pas à dominer l’autre aboutira à des repliements sur soi : fermer la parenthèse, point à la ligne.

Le général responsable du centre de contrôle ne peut prendre cette histoire à la légère mais ne peut composer qu’avec les troupes restantes… du pas très folichon avouons-le… Un gros bras nommé Kallaghan et un bleu pour l’accompagner. Réussiront-ils à remettre l’histoire sur les rails en incitant Pinzon, le secondant de Colomb, à revenir vers le Ponant pour découvrir enfin l’Amérique et éviter que les dérivations ne deviennent insurmontables au point de faire craindre pour l’équilibre général du présent ?

Le scénario original mêle avec réussite histoire officielle et voyage dans le temps. L’humour déborde de chaque page et fait de ce récit un agréable moment à partager. Le dessin de Bruno Duhammel se fait volontairement chargé par moment, pour accentuer le côté foutraque de cette histoire, et arrive à nous surprendre par sa vision du futur… Un futur que quelques dérivations mériteraient pourtant de corriger…

Kris/Duhammel – 1492, A l’ouest rien de nouveau – Dupuis – 2012 – 10,45 euros