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La BD du jour : Arthus Trivium de Raule et Landa



Nostradamus est au seuil de sa vie et possède depuis longtemps son aura dans un royaume bouleversé par des guerres de religions et la survivance de croyances païennes d’un autre âge. Sa renommée le conduit à accepter de résoudre des affaires sensibles et parfois étranges. Sa faiblesse physique l’a conduit à former de jeunes disciples qui agiront en son nom. Début d’une série prometteuse !

Arthus Trivium Une
Arthus Trivium couv

Arthus Trivium de Raule et Landa – Dargaud (2016)

Dans sa demeure de Salon de Crau Nostradamus se voit traversé par la vision d’un homme qui rependra le mal sur le monde et sera à l’origine du plus grand bain de sang de l’histoire. Nostradamus est coutumier de ce genre de visions et il s’efforce autant que possible de les consigner dans des parchemins qui serviront peut-être à alerter les générations futures. Alors qu’il reprend doucement ses esprits, le vieil homme voit entrer dans son bureau son jeune fils César qui vient lui remettre un colis laissé par deux jeunes enfants. Le contenu de la boite, deux petites sculptures représentant un chat et un hibou, terrifie le célèbre apothicaire tandis que le message qui les accompagne lui fait poser un genou à terre. De vieux souvenirs remontent à la surface, ceux d’un passé lointain dans une France en proie à la peste qui décime tout sur son passage et emporte avec elle sa première femme et ses enfants. Nostradamus se remettra doucement de ses émotions, et, tout juste réveillé, apprendra d’un valet que les disciples qu’il a formé pour rsoudre des affaires délicates n’ont pas donné signe de vie depuis un certain temps. Assez pour s’en inquiéter…
On dit souvent, et à juste titre, que la qualité du dessin attire le lecteur vers le premier opus d’une nouvelle série. Une fois fermé l’album, il y reviendra pour la qualité de son histoire et de son scénario. L’univers construit par Raule et Landa se fond totalement dans cet adage qui ne trouve pas dans Arthus Trivium d’exception à la règle. Et pour cause, le simple feuilletage rapide des pages émerveille nos mirettes devant un jeu de couleurs qui nous saisit dès la première planche. En s’attardant un peu plus sur ce récit construit autour du personnage de Nostradamus et de ses Prophéties, il est possible de percevoir toute la richesse de la palette graphique d’un Juan Luis Landa Hernández qui n’avait jusqu’alors pas forcément capté l’attention des lecteurs (il est l’auteur chez Vent d’Ouest, il y a tout juste 20 ans, du Cycle d’Irati, une série qui n’accouchera jamais de son second tome). Son trait dynamique et généreux fait des merveilles dans un récit qui joue sur le caractère trouble d’une époque qui n’a pas encore forcément dit adieux aux noirceurs du Moyen-Âge. Raule quant à lui livre une copie dans la lignée de Jazz Maynard, exigeante, qui s’attache autant au contexte qu’aux personnages avec cette capacité à alterner les séquences « posées » qui creusent le fond avec des scènes plus engagées qui portent en elles les changements de rythmes. Le fantastique qui se développe tout autant au travers du personnage de Nostradamus que par le biais des superstitions d’une époque qui se cherche encore reste le moteur du récit. Une série classique dans sa construction qui met en avant le dessin immersif d’un dessinateur inspiré. Que demander de plus ?

Raule/Landa – Arthus Trivium – Dargaud – 2016 – 13,99 euros