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La BD du jour : Burning Inside de Jean-Sébastien Rossbach



Nouvelle référence de la collection CFSL Ink consacrée aux monographies d’auteurs. Un moyen de découvrir et d’apprécier le travail de jeunes auteurs en devenir. Dans Burning Inside, c’est le talentueux illustrateur Jean-Sébastien Rossbach qui est mis à l’honneur, un moyen de redécouvrir son travail des dix dernières années.

 

 

L’univers de Jean-Sébastien Rossbach paraitrait foutraque à sa première lecture. Mélange de formes, de textures, de façons de voir le chaos, de déconstructions du réel. Un regard plus attentif en révèle pourtant des aspects structurants, une signature, une pate diront certains, qui s’imposent comme la colonne vertébrale de son œuvre. Le lien est à chercher dans ce mélange chaotique de calme (avant la tempête…) et de moments de tensions, d’affrontements, de combats, de sous-entendus qui stimulent et renforcent notre perception et autorisent la construction de notre propre imaginaire. Rien n’est gratuit dans l’œuvre de Jean-Sébastien Rossbach, tout participe à sa compréhension globale et à révéler par la forme le liant et la dramaturgie de son fond. Il peut se faire léger (section 7 de cet artbook dédié à une pin-up nommée Cheree), critique sur notre société (référence à l’écologie sur la section 5, « Alligator », où l’auteur puise son inspiration du naufrage de l’Erika), intime (série Femme fatale dans laquelle Jean-Sébastien Rossbach donne à voir sa vision de la femme, belle, animale, mystérieuse voire gothique)…

Autant de climat, autant d’approches qui révèlent les préoccupations d’un auteur qui n’hésite pas à se « vendre » – il appelle cela le mercenariat graphique – pour faire vivre son art et l’exposer aux yeux du monde. Il multiplie ainsi les projets, les contacts, les travaux parfois alimentaires qui lui offrent par ailleurs une vitrine et un rapport avec le public, rapport essentiel s’il en est pour le jeune auteur en devenir qu’il était dix ans plus tôt. Cet artbook regroupe ainsi des illustrations utilisées pour des affiches, des cartes de jeu, des couvertures de magazines, des romans de fantasy, des pochettes d’album (heavy metal de préférence)… Ce dernier point est essentiel car l’univers de Jean-Sébastien Rossbach ne peut se concevoir sans musique. Là où d’autres préfèrent l’isolement, la concentration sur l’œuvre à construire, la matière, lui crée dans un environnement musical qui nourrit son inspiration. D’ailleurs les différentes sections qui composent cet artbook portent le nom de titres de groupes ou de musiciens qui l’ont bercé dans ses travaux. On y découvre ainsi Iron Maiden, David Bowie, Le Velvet Underground, Hubert-Felix Thiefaine, Judas Priest… autant de source nourricière pour une œuvre qui mêle ce regard sur l’homme, la femme et les créatures mutantes ou machiavéliques qui interagissent avec eux. La fin d’ouvrage est consacrée à lever le voile sur une partie du travail, étape par étape, de l’auteur, un moyen de comprendre et de saisir toute son exigence, une exigence qui se lit jusque dans ces crayonnés offerts au détour de quelques pages et dont la luxuriance de détails démontrent un souci permanent de la forme et de ce qu’elle suggère.

Jean-Sébastien Rossbach – Burning inside – Ankama – 2012 – 35,90 euros