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La BD du jour : Enrique Fernandez – Les contes de l’ère du Cobra



Les contes possèdent généralement un sel particulier dans lequel nous pouvons trouver des lignes qui nous rattachent à notre propre quotidien. Avec Les contes de l’ère du Cobra, Enrique Fernandez propose une déclinaison du thème de l’amour avec ses dramaturgies, ses surprises et ses multiples rebondissements, un thème actuel observé au travers du prisme du conte oriental. Jouissif !

 

Le titre renferme déjà de belles promesses, Les contes de l’ère du cobra. On devine une épopée faite de rebondissements multiples savoureusement épicée de multiples situations cocasses. La lutte du bien contre le mal, la morale aussi, attachée à ce type de récit et qui sert à conforter l’humanisme qui s’en détache. Avouons-le d’entrée, nous n’avons pas été déçu.

Sian, belle jeune fille aime Irvi, un garçon qui lui est tout aussi attaché. L’amour transpire des premières pages de ce récit. Pourtant l’évidence des sentiments ne semble pas comprise et acceptée par les parents de la belle. Et pour cause, la misère de la famille de la jeune fille, comme celle de la plupart des foyers du royaume, conduit celle-ci vers d’autres desseins : elle sera proposée, de gré ou de force, à la Maison des princesses afin d’être vendue. Aucune raison qu’un si beau joyau échoue dans les bras d’un vil gueux alors que les atouts de Sian la promettent aux meilleures destinées. L’argent susceptible d’être récupéré par la famille suffit à clore tout débat… Irvi ne peut rien contre cette décision et, alors que Sian, pour échapper à ce destin imposé, suggère au jeune homme de la déflorer afin d’être rejetée à l’entrée de cette maison de vente, le père de la jeune fille prend les devants pour l’y précipiter. Irvi qui, même s’il est peu de chose au regard des puissants, possède le talent de se déplacer à travers la ville sans jamais toucher le sol, à la manière d’un singe dont il porte le surnom, aura beau essayer de gravir la façade interminable du vaste gynécée, les multiples obstacles (de choix !) qui se présentent à lui, ne lui permettront de revoir sa belle que trop tardivement. Sian rejette celui qu’elle aime pourtant et le destin des deux se trouvera brisé. A tout jamais ? La jeune femme sera plongée dans les griffes d’un prince préférant les jeunes hommes et Irvi dans son grand désespoir sera convaincu d’épouser une cause bien sombre aux côtés du terrifiant Cobra, qui connaît lui aussi des déboires affectifs…

Le premier volet de ce récit n’a rien à envier aux contes orientaux qui nous berçaient dans notre (pas si lointaine…) enfance. En jouant sur les climats, la richesse des caractères des différents protagonistes – qui possèdent, outre une personnalité forte, une histoire, un background qui fait que l’on s’attache à chacun d’eux -, le récit s’épaissit au fil des pages et de son déroulé. Le dessin et la mise en couleur permettent de faire ressortir le cadre luxuriant des paysages et des scènes dans lesquelles les personnages évoluent. Le rythme soutenu dans lequel le récit se développe permet de contrôler les tempos, de placer ça et là des plages de respiration par des interludes bien pensés et de rebondir sans cesse pour nous prendre véritablement. Ce premier volet proposé par Enrique Fernandez se révèle être une très belle découverte dont le lecteur attendra avec impatience la suite et la fin. Particulièrement frais !

Enrique Fernandez – Les contes de l’ère du Cobra T1 – Glénat – 2012 – 13, 90 euros