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La BD du jour : Les vieux fourneaux T1 : Ceux qui restent de Lupano & Cauuet

Les vieux en BD ça fait rarement rêver et pourtant placés dans les mains de Lupano et Cauuet, tout leur potentiel comique s’en trouve démultiplié. Mimile, Antoine et Pierrot possèdent peut-être des vies ordinaires ou presque, ils démontrent en tout cas qu’il faut compter avec eux… Pour notre plus grand plaisir !

 LVF

CouvertureA l’instar d’un film comme Ghost Dog : La voie du samouraï de Jim Jarmusch ou encore de Space cow-boys de Clint Eastwood, Les vieux fourneaux voit les anciens – ou séniors pour être à la page – prendre le pouvoir et les premiers rôles. Trois cadors, Antoine, Pierrot et Mimile sillonnent la France pour se rendre dans la résidence de repos grand luxe d’un ancien chef d’entreprise qui aurait eu une aventure bien des années auparavant, pour ne pas dire décennies, avec Lucette, alors jeune femme resplendissante et pleine de vie. Lucette pour que l’on comprenne l’enjeu de cette virée n’était autre que la femme d’Antoine, un Antoine revanchard, trahi, et prêt à rétablir son honneur même si les ans auraient pu lisser les rancœurs. Lucette n’est plus lorsque commence le récit de Wilfrid Lupano et ses proches même lointains, ceux qui la connaissaient, la côtoyaient et/ou l’appréciaient, se trouvent réunis pour lui rendre un dernier hommage. C’est lors de ces « retrouvailles » grand format que se reforme le trio de joyeux lurons que nous suivons au travers de ce récit.

Les vieux fourneaux porte la marque de fabrique de Wilfrid Lupano à savoir un synopsis dont on pourrait douter du potentiel scénaristique et qui se révèle pourtant prodigieusement frais, plein d’humour, rythmé, efficace, addictif, porté qu’il est par des dialogues ciselés au burin, qui claquent, sans restrictions ni tabous. Lupano aime donner la parole à ces anti-héros qui pourraient passer pour ordinaires tout en nous rappelant des personnes que l’on connait de notre entourage. Le côté humain qui transpire du récit, au travers des personnages aux backgrounds creusés, fait la force de ce type d’histoire sans aucune autre prétention que de nous offrir un très agréable moment de lecture. On y retrouve des thèmes chers à son auteur, comme cette analyse de la société contemporaine au vitriol, au travers de destins parfois marginalisés. La scène dans laquelle Pierrot raconte son investissement au sein d’un collectif de vieux casse-couilles non-voyants baptisé « Ni yeux, ni maître » dans lequel – dixit le septuagénaire – On s’incruste dans les réceptions, les soirées branchées, les cocktails, les réunions politiques, et pis on fout le boxon ! que des handicapés et des vieux, méchants comme des teignes ! Le cauchemar des services d’ordre. S’ils nous touchent, on porte plainte, on demande des dommages et intérêts, ça arrondit les fins de mois… donne le ton. Des vieux certes, mais qui ne veulent pas que les ans, la maladie, la société, les poussent définitivement vers la sortie. Ils ont encore beaucoup à dire, à faire et ils savent user des atouts qui sont les leurs pour maltraiter les évidences. Le dessin de Cauuet va dans le sens du récit construit par son scénariste. L’expressivité des corps courbés et rhumatismeux des trois compères, ne vire ainsi jamais à la caricature. Les planches vivent d’un trait tout à la fois délié et non chargé que viennent doper toute une série de détails sur lesquels on s’arrête. A vrai dire c’est peut-être ça le secret des deux auteurs que de nous offrir de la matière à recomposer, qui nous pousse à en savoir plus tout en nous offrant un ton décalé. Du grand art !

Lupano & Cauuet – Les vieux fourneaux T1 : Ceux qui restent – Dargaud – 2014 – 11,99 euros


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