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La BD du jour : Moderne Olympia de Catherine Meurisse

Olympia de Manet, l’œuvre est connue de tous et la belle femme peinte dans sa nudité, qui est un appel criard à la modernité contre la caste des officiels, jouera un rôle non négligeable dans l’évolution des mentalités du Paris de la seconde moitié du dix-neuvième siècle. Moderne Olympia lui rend hommage à travers une lecture d’une remarquable fraicheur offert par le trait de Catherine Meurisse…

 moderne-olympia

couv_olympia_telLa belle Olympia rêve de faire carrière sur le grand écran dans des rôles à sa mesure. Elle se laisse ainsi bercer par le Roméo et Juliette qu’elle regarde avec ses yeux larmoyants à chaque fois qu’elle peut, accompagnée de son compagnon de virée, le joueur de fifre. Pourtant elle doit se contenter de seconds rôles sans reliefs bien loin de ses prétentions et de son talent évident. Alors et malgré tout elle égrène les plateaux avec l’idée que son petit bout de bougne sera repéré et que de meilleurs rôles lui seront confiés. Dans Le Cheick elle n’évite pas le grandguignolesque et se trouve éjectée du tournage comme sur bien d’autres aventures se déroulants dans les studios de l’âge d’or du cinéma. Elle reste persuadée que ces rôles ne sont pas taillés à sa mesure et que sa réussite et son talent ne peuvent s’exprimer que dans des grands rôles. Mais voilà aussi belle soit elle dans l’immensité de sa nudité, Olympia est originaire du quartier des Refusés. Et dans un milieu où seules peuvent prétendre exposer leur grâce les actrices issues du quartier des officiels, la petite Olympia ne se trouve pas dans la meilleure configuration possible. Le talent et l’obstination peuvent-ils s’imposer face au conservatisme et au conformisme ? Telle est l’histoire de la belle Olympia qui découvrira effarée qu’user de ses charmes et coucher permet parfois, outre le fait d’ouvrir les braguettes, celui d’ouvrir grandes les portes de la gloire !    

Nous connaissions jusqu’à aujourd’hui la collaboration entretenue avec le Louvre par les éditions Futuropolis pour une série d’albums en cours sur un rythme de deux à trois parutions par an. C’est au tour de l’autre grand musée parisien, Orsay, de se voir croqué par les éditions Futuropolis et leurs auteurs. L’art contemporain inspire au moins autant que les collections du Louvre et Catherine Meurisse qui se prête à l’exercice le confirme avec talent. L’auteure construit son travail sur la célèbre Olympia de Manet qui reste l’un des tableaux les plus courus d’Orsay. La jeune femme qui apparait calme sur l’œuvre du peintre impressionniste se fait dynamique et forte en caractère dans le récit de Catherine Meurisse. A partir d’une idée originale exécutée avec brio et saupoudrée généreusement d’une fraicheur constante, notre belle naïade qui évolue dans le plus simple appareil ne sachant pas ce qu’est une culotte ni à quoi cela peut bien servir, prouve qu’elle peut se faire la porte-parole du musée du 62 rue de Lille. Car, et c’est là une idée particulièrement intéressante de l’auteure de Drôles de femmes, notre héroïne est mise en scène dans des scènes ayant inspiré les plus grandes œuvres, telles La Venus à Paptos d’Ingres, La répétition d’un ballet sur la scène de Degas, La falaise d’Etretat après l’orage de Courbet, Le bouclier avec le visage de Méduse de Böcklin, Le déjeuner sur l’herbe et La gare Saint-Lazare de Monet ou encore L’inondation à Port-Marly de Sisley ou L’archer de Bourdelle. Bref Catherine Meurisse joue avec notre culture générale des œuvres des plus grands peintres du réalisme à l’impressionnisme. La manière d’intégrer ces peintures de notre patrimoine dans le fil du récit par le biais de son Olympia ou des personnages qu’elle rencontre au fil de ses aventures rocambolesques reste une idée forte qui évite de sombrer dans la surenchère de références jetées sur la papier à qui lieux-mieux. L’humour revendiqué s’impose au fil du récit par le cocasse de certaines situations plus que par la raillerie grivoise ou les chutes grossières. Bref Catherine Meurisse maîtrise son sujet et laisse augurer de belles suites pour cette collection complémentaire à celle du Louvre !

Catherine Meurisse – Moderne Olympia – Futuropolis – 2014 – 17 euros


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