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La BD du jour : Temudjin de Ozanam et Carrion



Destin de l’enfant né pour unifier les peuples et redonner des couleurs à un empire qui inspirait jadis la crainte et le respect. Temudjin est l’histoire d’un nouveau – en est-on sûr – Gengis Khan, un guerrier fort, un leader charismatique mais aussi un personnage empreint de justice, fier de son peuple et surtout pénétré par une spiritualité qui manque parfois pour prendre les bonnes décisions et esquisser les grands destins…

 temudjin

Temudjin couvL’Empire mongol attend depuis longtemps celui qui réussira à réunir les tribus aujourd’hui divisées par des chefs avides de pouvoir. Les longues étendues de plaines verdoyantes où règne semble-t-il un calme propice à la méditation regorgent ainsi de haines tenaces, de celles difficiles à apaiser. Aussi lorsque le chaman Ozbeg aperçoit, lors d’une transe, une femme en train de mettre au monde un nouveau-né qui possède un troisième œil, signe évident de cette grande destinée espérée par les sages depuis des lustres, il enfourche son yak pour aller au-devant de lui. Après un petit périple sur des steppes bercées par les vents il se présente au chef de tribu au sein de laquelle la femme aperçue semble bientôt devoir accoucher. Mais tout ne se passe pas comme prévu le cordon ombilical se serait entouré autour du coup de l’enfant et celui-ci ne survivra pas à un accouchement naturel. Avant de s’ouvrir le ventre pour sauver le nouveau-né porteur de tant d’espoirs, la femme racontera à Ozbeg son histoire, celle de son enfantement par l’esprit de la forêt, un loup qui la prise par surprise alors qu’elle tentait d’attraper un lapin pour se nourrir. Sitôt né l’enfant est emmené par Ozbeg qui l’élèvera et l’éduquera pour en faire celui qui répondra aux attentes de tout un peuple…

Avec ce récit qui mêle l’histoire et les traditions mongoles au destin d’un enfant annoncé comme l’unificateur des peuples, Ozanam nous livre une épopée riche de sens au sein de laquelle se développent une mythologie, un onirisme et une quête initiatique qui insuffle poésie et spiritualité au fil des pages. Le jeune enfant qui joue avec les esprits et apprend à les dompter va devenir le nouveau Khan, le Gengis Khan porteur du réveil des consciences. Ozbeg lui transmettra tout jusqu’à sa mort prématurée qui laissera l’enfant Temudjin, achever sa quête intérieure et tracer son destin non sans avoir découvert l’amour, la douleur et l’espoir. D’un point de vue graphique ce projet arrive à ses fins. Le dessin laisse planer tout du long une spiritualité, un attachement aux petites choses qui prennent progressivement sens. Trait élégant, qui entretient l’onirisme porté par le texte, maitrise du temps, des rythmes, des plans (vues en plongée), des couleurs et des leurs nuances dans les bleus, les verts, les gris et les ocres qui composent principalement cet album. Autant de qualité pour porter un récit qui nous prend et nous porte dès les premières planches. A noter que l’habituel cahier graphique qui clôt les albums édités par Daniel Maghen est ici l’occasion de poursuivre le récit par un texte indépendant construit autour des protagonistes de ce récit illustré par des dessins, des recherches et essais graphiques qui ont participés à construire le présent album. Un incontournable !

Ozanam/Carrion – Temudjin – Editions Daniel Maghen – 2013 – 18,50 euros