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La Case du Mardi : ‘Pour la peau’ de Sandrine Saint-Marc et Deloupy (Delcourt)

Nouveau rendez-vous de la rentrée, La case du Mardi propose de parcourir une œuvre à partir d’une case ou d’une planche qui résume un des points essentiels développés dans un récit. Un moyen de découvrir une œuvre différemment en s’attachant parfois à des détails qui en disent beaucoup…

Difficile d’expliquer ce qui fait qu’une rencontre soit plus importante qu’une autre, qu’une attraction puisse naître d’un petit rien, d’un mouvement de tête, d’un sourire, d’un geste anodin qui attire et attise l’attention. Lorsque Gabriel et Mathilde se rencontrent lors d’une fête où aucun des deux ne voulait forcément aller, la magie opère. Le jeune père de famille porte son regard sur elle, alors qu’il ne connaît pas. Rien de particulier a priori. Il la trouve jolie, elle semble détoner dans l’environnement de la fête, il la perd du regard et les affaires suivent leur cours. Sauf qu’au moment de partir, elle le retrouve par accident près de la table où sont posées les boissons. Une conversation banale s’engage. Elle bosse à la radio en bas de la cour, lui officie au dernier étage du bâtiment à un poste clef d’une grande boîte. Ils n’auraient pu jamais se croiser. Mais ce que certains appellent le destin en a voulu autrement. Puis, vient ce moment où les deux se séparent.

Gabriel tente bien de la suivre dans une foule dense, capte de nouveau son regard et lui trouve un air de « Baise-moi ». La jeune femme s’éclipse sous les arcades d’un bâtiment et il la suit, poussé par cette attraction incontrôlable. Loin de la foule, les deux se retrouvent dans les toilettes et mêlent intentions et actions… Cette scène dont on peut voir une partie dans la planche que je vous propose ci-dessous amorce véritablement le récit. Mathilde que Gabriel parvient difficilement à suivre dans la foule devient subitement lumineuse et les personnes qui l’entourent totalement transparents. Le jeu de regard de la jeune femme agit dans une scène où le temps semble arrêté.

Gabriel et Mathilde se livreront à des moments de baise intense régulièrement dans le bureau du jeune homme. Des moments qu’il ne contrôle pas forcément mais qu’il attend comme un camé sa dope. Addict véritablement à la jeune femme il espère la croiser dans la rue, dans un restaurant proche de l’immeuble où tous deux travaillent. Une relation inexplicable qui reste le secret intime de leur vie (les deux sont en couple, lui est jeune papa) mais dans laquelle ils s’adonnent sans retenue.

Rares sont les récits érotiques qui proposent en plus de la forme, un fond. Ici la relation qui engendre une dépendance chez Gabriel est décortiquée par Sandrine Saint-Marc et Deloupy avec beaucoup de pudeur. Cela donne un rythme parfois volontairement lent quand Gabriel se perd dans ses pensées et dans ses fantasmes. Composé sous la forme des deux points de vue des deux amants, le récit trouve un point d’équilibre qui renforce les scènes d’abandon. Un récit surprenant, d’une grande maîtrise narrative.

Sandrine Saint-Marc et Deloupy – Pour la peau – Delcourt – 2018


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