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La Vision de la guerre en BD (11ème volet) : Le fil de l’histoire (2)

Récits de guerres à travers les âges. Ce WE nous vous proposons de parcourir une des thématiques phares du neuvième art, la guerre et au-delà ses conséquences, ses drames et tragédies, le tout de front ou via le prisme de la petite histoire. Des récits documentés ou fictionnels, qui tirent des tensions d’une époque les leçons pour avancer en nous questionnant sur le fameux «  Et maintenant ? » Quel sera l’avenir de l’homme poussé dans les méandres de sa barbarie ? Pour ce second volet nous partons en Silésie, région de Pologne à la frontière allemande où se joue un drame entre des enfants pris dans les griffes du nazisme. Nous irons ensuite plus à l’Est, en Russie pour la suite de la construction du mythe d’Anastasia la princesse Russe qui aurait échappée durant l’été 1918 au massacre de sa famille, puis nous finirons ce panorama par une histoire d’amour nichée en pleine révolution russe, pour finir sur une touche moins sombre…

 

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dent d'oursOctobre 1944, quelque part sur le Pacifique un porte-avion américain se trouve pris pour cible par une escadrille de zéros kamikazes. Afin de contenir cette attaque suicidaire qui peut très vite tourner au drame, ordre est donné aux pilotes de l’US Air Force de prendre les airs pour tenter d’abattre le maximum d’avions ennemis avant qu’ils ne se jettent sur les bâtiments américains. La mission achevée l’un des pilotes, Max Kurtzman, est arrêté. Il possèderait en effet un passé qui dérange sa hiérarchie directe qui croit reconnaitre en lui un ex-pilote nazi, Werner Königsberg, symbole parfait de l’aryen blond triomphant. Max possède effectivement des traits communs avec Werner pilote émérite des jeunesses hitlériennes. Plus que des traits, Max possède aussi un passé commun avec celui qu’il est suspecté d’être… Les souvenirs remontent alors à la surface pour Max, ceux d’une jeunesse passée en Silésie avec Werner et une jeune fille du nom d’Hanna. Il partageait avec eux une passion commune pour l’aviation et les planeurs. Au cours d’un défi lancé entre les trois gamins, Max perdra deux doigts, une signature qui le sauvera du peloton d’exécution mais qui le désignera de facto pour une mission des plus sensibles…

Le scénario de Yann est mitonné aux petits oignons. Sous le couvert de la guerre et de ses drames humains il scrute le devenir d’un jeune homme qui doit composer avec son passé et chasser de vieux démons. Max Kurtzman verra ressurgir non seulement des bribes d’un passé qu’il a décidé d’oublier mais aussi composer avec des souvenirs encore prégnants en lui : Une jeunesse passée en Silésie, région de Pologne proche de l’Allemagne, des brimades de la part de groupes de jeunesses hitlériennes, un départ forcé vers les Etats-Unis. Le récit se construit patiemment et ce premier volet pose le contexte en dévoilant un peu de chacun des protagonistes qui vont devoir mêler un présent dans lequel ils défendent des valeurs opposées avec un passé chargé d’émotion. Au-delà de l’aspect humain, cette série est aussi l’occasion de revenir sur une passion de Yann pour l’aviation, chose dont il s’explique dans l’interview inclus au cahier graphique qui clôt l’album. Le dessin d’Henriet laisse suffisamment d’expressivité pour composer avec la dramaturgie du récit et offre quelques pages sublimes de combats aériens dans le plus pur style du genre. Une série à suivre…

Yann/Henriet – Dent d’ours T1 – Dupuis – 2013 – 14,50 euros

  

NOUS, ANASTASIA RQuelques mois après le massacre de la famille impériale de Russie à Ekaterinbourg le 17 juillet 1918, l’agitation en Russie est toujours de mise. La soif de liberté et de justice sociale, affichée par des bolcheviks qui espèrent briser la résistance des grands propriétaires terriens, plonge une nation dans une détresse sans précédent. La révolution russe a dû mal à s’imposer sur tout le territoire, car chacun a emmagasiné des rancœurs tenaces contre l’ordre et les valeurs établis. Dans ce contexte tendu le jeune colonel Volodine, qui avait réussi à sauver in extremis la princesse Anastasia d’une mort certaine, participe à une enquête officielle au sein de laquelle il joue un rôle clef puisqu’il avait été désigné officiellement pour faire disparaître les corps de la famille du Tsar.

Le second volet de cette histoire reprend avec deux trames qui se superposent. D’un côté nous suivons le lent rétablissement d’Anastasia qui se fait passer pour la cousine de Felix Volodine et de l’autre le destin d’une femme déséquilibrée qui se croit être Anastasia et souffre d’absences au cours desquelles elle voit réapparaître dans sa tête des images de ce qu’a réellement vécu la princesse… Les destins vont-ils se percuter ?

Même si la tournure que prend le second volet de cette série peut paraître un brin tiré par les cheveux, la description du contexte qui se noue autour de la disparition de la famille impériale arrive toujours à nous captiver. Certes le mythe Anastasia qui aurait échappé au massacre et depuis bel et bien tombé mais continue a alimenté les croyances populaires. Les personnages s’étoffent au fil des planches et l’enquête, qui mène le juge Sokolov de la Villa Ipatiev jusque dans les sous-bois de Koptiaki qui grouille encore de soldats  bolcheviks (alors que la ville d’Ekaterinbourg est tombée entre temps dans les mains de l’armée blanche), apporte son lot de tension. Une histoire habitée par les fantômes du Tsar et de ses proches, subtiles lignes narratrices au service d’un récit qui mêle habilement faits réels et romanesque.

Cothias, Ordas et Berr – Nous Anastasia R tome 2 – Grand Angle – 2013 – 13,90 euros

 

LA GUERRE DES AMANTS T1[BD].indd.pdfLorsque les premières grèves prennent forme à Petrograd en février 1917 rien ne laissait supposer ce qu’il adviendra par la suite. La Russie traverse des moments difficiles et ces mouvements de la faim et du désespoir vont progressivement construire l’espoir d’une révolution capable de renverser l’ordre établi. En octobre, alors que la révolution essaye de se structurer, Petrograd chute définitivement et le Palais d’hiver symbole de la puissance passée de l’Empire russe se vide alors… En son sein pourtant une rencontre improbable va avoir lieu entre Natalia, jeune révolutionnaire habitée par ses convictions et Walter, jeune étudiant américain en art. Les deux se retrouveront trois ans plus tard, par hasard lors d’une exposition à Moscou dédiée à l’art innovant et libéré, l’art abstrait. Walter et Natalia fréquenteront les ateliers de Kandinsky pour qui « en art, l’important est de trouver sa propre nécessité intérieure ». Envoyés dans les campagnes russes reculées afin de répandre les idées nouvelles de liberté par l’art, les deux jeunes gens vont alors lier leurs convictions pour faire avancer leur cause, même si parfois l’enjeu les dépasse et que la bascule peut s’opérer vers des bords plus radicaux ou des découvertes bien troublantes au risque de fragiliser un amour naissant…

La guerre des amants se veut avant tout un récit d’amour sous fond de révolution russe même si le contexte prend une place cruciale dans la définition des choix et des actions des personnages. Un jour où le train qui les envoie porter la bonne parole s’arrête proche d’une forêt en hiver, Natalia s’éloigne du convoi. Ce qu’elle découvrira aura un impact direct sur sa vision des choses. Comme si les convictions les plus fortes pouvaient aussi se percuter à la réalité d’une vie plus terre à terre, moins poétique, plus sombre. Et si finalement nos croyances les plus fortes au lieu de changer radicalement notre quotidien masquaient simplement des vérités plus crues ou plus dures à entendre ? Une réflexion essentielle sur l’engagement, politique, amoureux, artistique sublimée par le dessin somptueux et très évocateur d’Olivier Mangin.

Manini/Mangin – La guerre des amants – Glénat – 2013 – 13,90 euros

 

 


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