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Le Coin du Polar : ‘Ils vivent la nuit’ de Dennis Lehane



A découvrir plus en détail cette semaine, ‘Ils vivent la nuit’ de Dennis Lehane déjà évoqué le mois dernier dans la sélection Polar(s) de la Semaine.

L’histoire

Boston, pendant la Prohibition. Joseph Coughlin dit Joe est un jeune criminel qui présente la particularité d’être le fils d’un capitaine de police. Il se définit lui-même comme un hors-la-loi, et non comme un gangster, la distinction étant importante à ses yeux. Il fait partie de ceux « qui vivent la nuit », contrairement aux travailleurs honnêtes, « aux civils ».

Il commet des délits, braquages et cambriolages avec ses deux acolytes, les frères Bartolo.
Au cours du braquage d’un bar clandestin appartenant à un caïd local, Albert White, il rencontre la maitresse de ce dernier, qu’il va séduire. La vengeance de son rival sera terrible et va laisser Joe à demi mort ,envoyé dans la terrible prison de Charlestown. Dans cet endroit sordide, il va rencontrer Maso Pescatore, un vieux parrain sicilien avec lequel va s’instaurer une relation compliquée.

Joe va survivre aux horreurs de Charlestown, et à sa sortie il sera devenu un autre homme. Pescatore va alors l’envoyer développer ses affaires de contrebande d’alcool en Floride, à Tampa.

Il était une fois en Amérique

« Ils vivent la nuit, c’est le Parrain pour ceux qui savent penser » Stephen King.
Le cinéphile que je suis ne peut que désapprouver cette assertion de Stephen King (qui figure sur la quatrième de couv’ du livre), un garçon très talentueux à une époque mais qui ne s’est pas bonifié avec l’âge, loin s’en faut… Non pas que le dernier opus de Lehane ne soit pas un livre intelligent, mais laisser entendre que les trois chef d’œuvre de Coppola sont réservés à un public d’abrutis montre bien le degré de déchéance de King.
Ceci étant dit, et pour continuer le parallèle avec le cinéma, Ils vivent la nuit nous ferait plutôt penser à Il était une fois en Amérique, de Sergio Léone. Le livre de Lehane n’est pas du même niveau que le chef d’œuvre de Coppola, mais l’ambiance du livre, la période à laquelle l’histoire se déroule et les thèmes abordés y font souvent penser.

Ils vivent la nuit est un bon livre, pas le meilleur Dennis Lehane mais un livre de qualité, une histoire de gangster, d’amitié, d’amour, de trahison ainsi que le portrait d’une époque.
L’évolution du personnage de Joe tout au long du livre, de ses débuts à Boston à son ascension à Tampa est intéressante. La description de ses relations avec son père, avec Maso Pescatore, avec son ami d’enfance Dion Bartolo, et surtout avec les femmes de sa vie est particulièrement réussie.
Les autres personnages sont également intéressants même si, inévitablement avec des personnages de gangsters, certains peuvent parfois être un peu caricaturaux. Mais ils sont globalement réussis, particulièrement le père de Joe et Maso Pescatore.
L’intrigue est très prenante, et si elle n’est pas exceptionnelle, nous sommes en présence d’un vrai « page turner » comme disent les américains, un livre qu’on lit d’une traite et qu’on a du mal à refermer.

Il y a de l’action, du suspense, des émotions, l’auteur nous emmène de Boston à la Floride , à Cuba. La partie se déroulant dans la prison de Charlestown fait froid dans le dos. Ce livre très bien écrit, comme toujours avec Dennis Lehane, est également le portrait réussi d’un pays à une époque particulièrement trouble et difficile pour les Etats-Unis.