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MaXoE Festival 2018 : La Sélection Bandes-dessinées et Comics



Nous aimons beaucoup les bandes-dessinées et les comics, et ils ont leur site dédié avec MaXoE Bulles. Nous vous proposons régulièrement des rendez-vous : news, chroniques, dossiers, et le MaXoE Festival nous permet de revenir sur des ouvrages que nous souhaitons mettre en avant à cette occasion.

Les catégories sont les suivantes : BD Européennes, Romans graphiques, Indépendants, Adaptations d’oeuvres littéraires et Premiers albums (nouvelle catégorie). Et nous n’oublions évidemment pas les Comics avec leur propre sélection.

Lesquels de ces ouvrages obtiendront le plus de votes dans le cadre du Grand Prix des Lecteurs 2018 ? Voici notre liste, et à vous de voter !

BD Européennes

Catégorie phare qui séduit toujours un grand nombre de nos lecteurs, la BD européenne nous a livré en cette année 2017/2018 de très beaux récits empreints de mystères et d’esprit d’aventure comme nous le prouvent Zidrou & Edith dans Emma G. Wilford, récit d’une Anglaise amoureuse dont l’époux se fait des plus fuyants. Les voyages au loin passent parfois par l’Australie, pour un thriller aux petits oignons, La petite souriante, avec encore Zidrou au scénario sur un dessin de Springer. Ils passent aussi par la Floride à l’époque moderne lorsque les comptoirs tentent de s’implanter aux Amériques pour y piller quelques-unes de ses richesses avec Florida de Jean Dytar, mais peut aussi s’envisager sur une autre planète qui accueille de nouveaux riches colons mais aussi un nouveau Cayenne, dans On Mars de Grun et Runberg. Jérémy Moreau, lui, décide d’écrire une saga. Genre osé voire désuet mais qui fonctionne à merveille autour d’un héros qui veut marquer l’histoire (La Saga de Grimr). Le mystère, lui, se dévoile dans trois récits très différents dans leur approche, tout d’abord l’histoire d’une relation improbable entre un jeune dandy et une fantôme (L’esprit de Lewis de Santini et Richerand), ensuite la rencontre de deux mondes qui nous interroge sur notre rapport à l’autre dans Epiphania de Debeurme, comme elle peut se lire encore dans Bluebells Wood de Guillaume Sorel, qui rapproche un peintre d’une sirène qu’il va sauver après qu’elle lui ait sauvé elle-même la vie. Extases lui est plus léger d’aspect, récit en forme d’autobiographie d’un auteur qui raconte sa vie sexuelle avec luxe de détails. Enfin Alexandrin ou L’art de faire des vers à pieds, voit l’association gagnante de Kokor et Rabaté qui délivrent un récit subtil et poétique sur la rencontre improbable d’un troubadour moderne et d’un enfant en quête d’attention. Un choix difficile à faire que de désigner le meilleur album…

Romans graphiques

Sur MaXoE on aime bien les bons gros récits dans lesquels on passe des heures aux côtés de héros attachants. La douleur touche certains d’entre eux, sans que l’espoir ne reste jamais loin non plus. C’est le cas de Betty Boob de Cazot & Rocheleau qui délivre un émouvant témoignage sur une femme pleine de vie atteinte d’un cancer du sein. C’est aussi le cas de Mary Bryant ou de Thomas Muir de Huntershill dans Terra Doloris qui tentent de fuir le bagne australien où les tribunaux anglais les ont conduits. La douleur transparait dans cette soif de savoir, de retrouver une mémoire qui fuit son héros dans A.D After Death des géniaux Snyder & Lemire. Des moments où rien ne semble se jouer peuvent terrifier et la lecture de Courtes distances peut désarçonner pas mal de lecteurs. Elle nous scotche en tout cas au récit narrativement très bien mené de Winterhart et de ses deux êtres solitaires. Dans Ailefroide Rochette quitte le récit post-apocalyptique remis en avant il y a peu (Le Transperceneige) pour nous offrir le récit d’une fin d’adolescence marquée par son désir de grimpe. Avec Du sang sur les mains Kindt nous confectionne un récit en forme de puzzle dont les imbrications affichent leur importance au fil de l’avancée de la trame. Tout simplement génial ! Alt-Life décrit quant à lui un futur possible où les hommes et les femmes mettraient leur corps en sommeil pour vivre leur vie en réalité virtuelle. Glaçant. Leda Rafanelli de Satta, de Santis & Colaone nous dressent le portrait documenté d’une femme engagée dans la voie libertaire comme une libération des chaînes. Avec El Boxeador Carot & Del Rincon offrent quant à eux deux visages pour un combat. Un combat de boxe dont la violence d’apparat cache les meurtrissures de leurs héros. L’espoir reste toujours présent même si certains des récits peuvent apparaitre sombres. Il transparait de belle manière dans cette histoire subtile et fraîche qui nous fait découvrir deux héros amoureux tardifs qui voient la vie s’ouvrir à eux (L’obsolescence programmée des sentiments de Zidrou et De Jongh). Bon concours à eux !

Indépendants

Pouvions-nous ne pas sélectionner pour ce Grand Prix des Lecteurs les délires fantasques et jouissifs de Johnny Ryan ? Ou comment il est possible de faire du bien avec du mal. C’est dans Prison Pit. La vision du futur inquiète toujours les auteurs, c’est le cas dans au moins quatre des dix récits indépendants choisis cette année. Klon de Mastantuono met en scène un héros schizophrène qui va assister à l’exécution sommaire du ministre de la santé. Dans Shelter Market, Chantal Montellier décline une dystopie d’autant plus terrifiante qu’elle conserve des éléments et des balises très forts attachés à notre époque. Dans Tes yeux ont vu Jérôme Dubois donne à voir la relation d’un néo docteur Frankenstein et de sa création dans un rapport glacial à une époque qui gomme progressivement le rapport à l’autre. Le Voyageur lui, comme le titre l’indique, voyage. Mais il le fait dans le temps pour donner à voir la déliquescence d’une société qui se dégrade sans fin. Jeanne Hebuterne dresse le portrait de la muse d’Amedeo Modigliani dont on oublie bien souvent qu’elle était elle aussi une artiste confirmée. Pépé d’Adrien Demont présente, d’une manière possédée, la relation ambiguë d’un singe élevé par Léo Ferré comme un enfant. Vanoli lui continue à nous séduire. Avec La femme d’argile il offre le récit d’un homme qui a perdu ses souvenirs sous l’œil de deux voisins qui lui veulent du bien (ou pas ?). Dans Je n’ai jamais dit je t’aime, De Moté se livre à nous sans fard pour nous parler de la difficulté à exprimer ses sentiments. Enfin Capitaine Tikhomiroff de Nocq nous permet de découvrir toute l’étendue du talent d’un auteur que l’on suit depuis quelques temps pour vous sur MaXoE. Faites votre choix !

Adaptations d’oeuvres littéraires

Les adaptations en bande dessinée d’œuvres littéraires passionnent la rédaction depuis toujours. Et cette année le niveau de réalisation, tant dans l’appropriation des textes et leur relecture que dans leur transposition sur un autre médium, atteint un sommet plutôt satisfaisant. Comment ne pas être ravi de retrouver enfin le privé catalan Pepe Carvalho dans un album qui donne à Barcelone un rôle à part entière comme le souhaitait Montalban ? Comment ne pas être séduit par l’épreuve quasi-insurmontable d’adaptation de La horde du contrevent, récit polyphonique de plus de vingt voix qu’il fallait rendre audible. Eric Henninot s’acquitte de la tâche avec brio. Un brio que l’on retrouve chez Jacques Ferrandez avec Le premier homme dans sa relecture de Camus ou encore chez les frères Brizzi qui eux-aussi s’attaquent au savoureux et décalé texte L’automne à Pékin de Boris Vian. Avec le second volet de Jim Hawkins, Sébastien Vastra prouve qu’il est habité par le texte de Stevenson, moins facile à adapter qu’il n’y parait et qu’il a décidé de traiter en prenant des risques assumés, notamment en optant pour des personnages animaliers. Mon traitre adaptation de Sorj Chalandon par Pierre Alary démontre le travail d’orfèvre opéré par le dessinateur pour nous immerger dans un récit qui vaut par le poids attaché à chaque mot. Xavier Coste lui, dans L’Enfant et la rivière, d’Henri Bosco fait littéralement exploser les couleurs de cette Provence traversée par une rivière qui attire son jeune héros. Serena de Pandolfo et Risbjerg donne vie au personnage terrifiant de Serena issue du roman de Ron Nash. Jean-Pierre Pécau démontre quant à lui qu’il est à l’aise dans pas mal de registres et cette relecture de Cavalerie Rouge d’Isaac Babel le prouve largement. Enfin que dire du travail effectué par J & E Le Glatin sur Polyphème ? Un régal de créativité et de parti pris pour un texte magistral à (re)découvrir. Faites vos choix !

Premiers albums

Nouvelle catégorie qui nous tenait à cœur au sein de la rédaction, celle qui met en avant les jeunes (ou nouveaux) auteurs n’ayant pas publié plus de deux albums. Le choix a finalement été assez simple car des projets ambitieux et réalisés magistralement ont vus le jour entre août 2017 et juin 2018. J’avoue que ma passion de Verne a été attirée par le Voyage au centre de la Terre de Berton. Le jeune auteur italien y affirme une pate graphique forte et rare pour un premier opus. Cécile Bidault, qui navigue entre animation et récit séquencé, nous offre elle-aussi un bel album avec L’écorce des choses qui aborde un sujet sensible, celui de la surdité profonde chez une jeune fille à une époque où le langage des signes ne pouvait pas être enseigné. Multirécompensé le premier récit L’aimant de Lucas Harari happe son lecteur dans une trame teintée de tout un tas de mystères attachés aux termes de Vals. C’est sous la forme d’un épais roman graphique que Lucas Vallerie fait une entrée remarquée sur la scène du neuvième art avec Cyparis, l’histoire du seul survivant de l’irruption de la montagne Pelée en 1902. Dans le registre SF deux propositions séduisantes, celle de Crépuscule de Jérémy Perrodeau qui met en scène des explorateurs d’une planète « détraquée » et In-Humus de Linnea Sterte qui se construit autour de la mort d’une baleine qui permet de faire revivre tout un tas d’hommes et de micro-organismes jusqu’alors en sommeil. Avec Contes ordinaires, Karabulut, auteur turc, nous immisce dans la société turque contemporaine et en révèle les travers dans des récits qui ne déplairaient pas à un Philippe Foerster. Un peu dans le même registre la jeune et dynamique libanaise Tracy Chahwan nous ouvre les portes de Beyrouth avec Beirut bloody Beirut. Une ville que ses deux héroïnes ne reconnaissent pas, gangrénées de l’intérieur par les maux qui frappent les pays riches occidentaux. Avec Wolven, Zwart et Smits nous livrent un récit qui pourrait se voir comme un pendant des films de Larry Clark, avec le même regard porté sur l’adolescence. Enfin Barbara Baldi livre un opus envoûtant avec La Partition de Flintham, regard porté sur la déchéance financière et sociale d’une jeune femme dans l’Angleterre du dix-neuvième siècle. Un bijou ! 

Du côté des Comics

Comment résister à l’appel de l’exploration, celle des terres interdites. C’est ce que nous propose Manifest Destiny Tome 3. Si vous avez peur des créatures étranges, passez votre chemin. Toujours dans le domaine du fantastique, nous avons sélectionné Juste Un Peu de Cendres. Cette fois, ce sont des créatures éthérées qui viennent hanter les vivants. La critique sociétale n’est pas très loin. Allons dans un autre pays imaginaire avec Monstress Tome 2. Cet univers fantastique nous ouvre des horizons incroyables avec des castes bien installées et des problèmes évidents de tolérance. Vous préférez les voyages au pays de la folie ? Pas de soucis, lisez Dans l’Antre de la Pénitence. On y voit la construction absurde d’une maison destinée à perdre les mauvais esprits.  Remettons les pieds sur terre avec Fondu Au Noir. Ce polar sombre à souhait nous dresse un tableau peu reluisant de l’Hollywood des années 40. Si l’on parle de polar, de détective, Batman n’est jamais loin. Frank Miller finit son nouvel arc sur la chauve-souris avec Dark Knight III Tome 4. Il le sort de sa zone de confort pour mieux le faire renaître. Si on part du côté des déjantés, il y a Bad Ass Jack Goes To Hell. Notre héros très particulier se retrouve en enfer et il y fait des rencontres succulentes. Dans Nailbiter Tome 5, les fous sont nombreux dans les rues. Mais le pire des serial killer peut entrevoir une forme de lumière parfois. Si vous êtes un fan des jeux de rôle, vous aimerez L’Eveil du Maître du Donjon qui nous présente la naissance du jeu Donjons et Dragons. Enfin, la galaxie lointaine nous propose de vivre une étrange relation entre Luke et le Docteur Aphra dans Star Wars La Citadelle Hurlante.