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MaXoE Festival : Les gagnants de la Catégorie BD et Comics

Deux semaines et un jour pour désigner vos albums préférés de la saison culturelle 2013 – 2014. Cette première édition, calée juste avant les vacances, a été un vrai succès et devrait s’inscrire dès lors dans la durée avec, surprise, pas mal d’à-côté qui verront le jour en dehors des simples dates du festival. A suivre donc…

MaXoE Festival : Grand Prix des Lecteurs 2014

Le Grand Prix des lecteurs 2014 a livré son verdict. Après quinze jours particulièrement denses, six gagnants sont sortis du lot pour devenir les premiers de ce nouveau Grand Prix. Les fans de chaque projet s’en sont donné à cœur joie et les revirements de positions ont été légion tout au long de cette manifestation. Seuls deux projets se sont mis très vite à l’abri, Le Transperceneige de Lob, Rochette et Legrand, et Lancelot de Péru et Alexe. Pour tous les autres les revirements de position ont été fréquents sur les deux semaines du concours, preuve s’il en est que le choix des nominés par la rédaction été plutôt judicieux et homogène !

Nous vous offrons un petit extrait des chroniques de chaque lauréat publiées sur MaXoE au cours des derniers mois. Si vous n’avez pas encore lu ces projets, c’est le moment ou jamais, foncez chez votre libraire indépendant ! 

La rédaction de MaXoE  a quant à elle attribué le Prix de la Critique 2014 à La Fille maudite du capitaine pirate de Jeremy Bastian (Editions de la Cerise).

 

Franco-belge : Zombies T3 de Péru et Cholet (Soleil)

Zombies T3Ceci est le troisième et dernier tome du premier cycle des zombies. Nous vous avions déjà proposé une chronique du tome 1, du tome 2 et même du tome 0, préambule au cycle. On a beaucoup aimé ces volumes mais celui-ci fait monter la tension d’un cran encore. C’est effectivement la fin d’un cycle et cela se sent. Le conflit humain-zombies nous est conté avec encore plus d’envergure, on en apprend plus sur les autres villes et on a même le droit à quelques informations sur les autres pays. Les ficelles dramatiques sont finement élaborées, finement tendues. La force des auteurs c’est bien d’éviter les effets superflus, certains héros vont ainsi mourir sans que l’on y soit préparé. On prend ainsi un certain nombre de coups de poings dans le ventre. Ils savent aussi manier les sentiments en alternant habilement les moments d’espoir et de déprime. On peut vous dire que l’on a dévoré ce tome avec un sentiment de malaise constant. Voilà une BD qui bouscule, ça fait du bien. En sus de ces qualités narratives, Peru et Cholet savent construire des personnages attachants, loin des stéréotypes du genre. (Tof)

 

Comics : The Grocery T3 de Ducoudray et Singelin (Ankama)

The Grocery T3Je ne vous le cache pas plus longtemps, ce tome 3 est le premier que je lis et j’ai pris une belle baffe. The Grocery c’est d’abord une identité visuelle forte, une vraie patte graphique. Et puis la pléthore de personnages est impressionnante. Ils ont tous un rôle à jouer, jamais mineur, jamais en retrait. La violence est présente, omniprésente même mais elle n’est pas gratuite. Elle est le témoin de la détresse de ce monde. Les défenseurs du quartier, les dealers, les prisonniers et leurs gardiens nous posent tous leurs questions, nous font remettre les pieds sur terre, mettre en perspective nos malheurs sans importance. Chaque endroit, chaque scène participe au tableau global. On se passionne pour cette troupe, vraiment et pour tout vous dire, on a hâte de voir le tome 4. Et puis ce qui fait la richesse de cette BD, c’est l’absence totale de langue de bois. Les auteurs nous décrivent la société sans concession aucune. Evidemment le modèle américain est très égratigné notamment avec cette folie des gangs, cette manie des milices. Lisez cela et vous n’en sortirez pas indemne. (Tof)

 

Roman Graphique : Lip, des héros ordinaires de Galandon et Vidal (Dargaud)

LIPLe récit richement documenté de Laurent Galandon s’affiche d’une rare maitrise.

Dans ses intentions tout d’abord, mais aussi dans cette capacité à tisser les destins, à s’immiscer dans les vies « ordinaires » pour en tirer toute cette sève, ces données brutes qui participent à la compréhension d’un des conflits les plus symboliques de ces quarante dernières années.

Le découpage classique offre un surplus de lisibilité à l’ensemble sans pour autant que cela nuise à la révélation du talent graphique de Damien Vidal qui excelle dans le noir et blanc qui aurait pu garder donner un caractère hermétique au projet. Son dessin se fait riche de détails permettant une immersion totale dans le sujet.

Le récit graphique de ce premier semestre ! (Seb)

 

 

Adaptation d’œuvre littéraire : Le Horla de Sorel (Rue de Sèvres)

Être respectueux de Maupassant tout en restant Sorel, tel était le défi de base de ce projet ! Et pour tout dire le dessinateur normand s’en tire plutôt bien. L’esprit du texte est-là, il habite chaque page du récit, chaque case. Guillaume Sorel ne remet pas en cause la question essentielle qui est de savoir si le personnage vire à la folie ou bien se trouve victime d’un esprit, qui, à défaut d’être palpable, reste bien réel. guillaume-sorel-le-horlaIl nuance, apporte aussi sa propre expérience d’enfermement au texte de Maupassant, exacerbe les sens, les sensations, les perceptions du personnage pour donner à voir un homme habité par le doute, empreint de peur, de tensions palpables qui lui font se poser la question ultime de son passage dans l’autre monde, celui de la folie. D’un point de vue scénaristique, l’auteur d’Hôtel Particulier dynamise le texte très narratif de Maupassant pour trouver suffisamment de sève et captiver l’attention du lecteur plongé dans l’exploration de ce récit. La moiteur des nuits agitées, les senteurs de la forêt qui s’étend près de la maison du personnage principal, et jusqu’au gout du lait et la fraicheur de l’eau laissés en pâture au Horla durant les longues nuits d’angoisses se lisent et se ressentent au travers des planches très expressives composées par le dessinateur. Le Horla pèse de tout son poids, on sent son emprise sur l’homme qui tente de ne pas perde son souffle et de ne pas sombrer définitivement. En cela l’opus proposé par Guillaume Sorel s’inscrit dans les adaptations personnelles très suggestives. L’auteur d’Algernon Woodcock habite le récit de son expérience et de sa vision du texte de Maupassant. Premier volet d’une trilogie normande, Le Horla de Sorel s’inscrit comme l’une des plus belles découvertes de ce premier semestre 2014 ! A noter que l’éditeur, Rue de Sèvres, propose une version “luxe” en grand format de cet album qui permet de magnifier les dessins de Sorel. Avis aux amateurs de beaux livres… (Seb)

 

Intégrale : Transperceneige de Lob, Rochette & Legrand (Casterman)

L.10EBBN002201.N001_TransNE14_C_FRRécit majeur du début des années 80, Transperceneige, sans être totalement visionnaire, pose sur la table les craintes et les peurs qui devaient émerger au cours des années à venir : société gangrénée par l’individualisme, rejet d’une conscience écologique, violence comme seule issue, résurgence des extrémismes religieux. Ces postulats sont ici mis en scène de façon tranchante par Jacques Lob et Jean-Marc Rochette, puis par Benjamin Legrand pour les deux récits qui suivirent à savoir L’arpenteur et La traversée. Le huis clos imposé par le train, un huis clos étouffant qui impose son allégorie sociétale, se fait de plus en plus oppressant au fur et à mesure que le récit se construit et que le lecteur se familiarise avec l’univers dépeint. Proloff représente peut-être celui qui va tout faire chavirer, tout remettre en question. Comment le maîtriser pour éviter que d’autres ne s’échappent des derniers wagons pullulants de corps vérolés, tout juste bons à conforter son rang social. On retrouve dans le Transperceneige des références plus ou moins directes à la SF de la fin des années 50 et des deux décennies suivantes, tels les romans d’un Wul ou d’un Orwell. On retrouve aussi et surtout un désir de s’affranchir des codes, de surprendre par les zones d’ombres savamment distillées qui posent un climat sur ce triptyque publié de nouveau en intégrale et dopée par un blockbuster coréen qui n’a pas laissé insensible les auteurs du Transperceneige. Une série culte qui n’a pas fini d’alimenter les chroniques ! (Seb)

 

Edition Spéciale : Lancelot de Péru et Alexe (Les Sculpteurs de Bulles)

LancelotLancelot comme la plupart des projets élaborés par l’association Les Sculpteurs de Bulles, bénéficie d’un espace particulièrement dense pour exposer le talent du dessinateur, graphiste, créateur d’univers. Pour ce nouveau défi, l’éditeur de para-bd propose un livre plutôt épais (ils le sont tous, celui-ci peut-être plus qu’un autre). A l’intérieur on y retrouve tout ce qui fait le plaisir de l’amateur du neuvième art. Dessins inédits, recherches de couvertures, story boards, crayonnés divers, éléments du scénario fournis par Olivier Péru qui expose aussi le travail d’appropriation du projet par la dessinatrice nantaise. La cerise sur le gâteau reste bien entendu la reproduction intégrale en noir & blanc des quatre opus qui composent cette série initiée en 2008. Le lecteur peut y dénicher l’évolution du style de son auteure, avec un travail plus affiné/affirmé notamment sur l’expressivité des personnages, la recherche du ton juste, de la densité graphique par le soin porté aux détails. Si les deux premiers volets qui composent la jeunesse et l’apprentissage de Lancelot sont reproduits en vignettes (quatre planches par page), le troisième volet qui ouvre la partie adulte est présenté en pleine page. Le dernier volet quant à lui, qui clôt la série est proposé avec story board intégral et scénario détaillé d’Olivier Péru. Un projet qui forme un tout. Suffisamment riche de surprises pour l’amateur de cet univers, et suffisamment soigné dans sa forme, avec couverture molletonné sobre et efficace qui donne tout de suite l’envie d’entrer dans le sujet, exigence d’un papier épais de qualité et bonus en couleur, bref ce Tirage de tête fait honneur à la para-bd, qui, même si elle reste encore l’affaire de fans et se veut donc confidentielle par les coût élevé de fabrication, démontre qu’elle peut trouver une voie dans sa mise en valeur du neuvième art ! (Seb)

 A l’année prochaine !


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