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Quand la BD puise son inspiration dans la littérature…

L’histoire d’amour entre la bande dessinée et la littérature ne date pas d’hier. Le texte trouve au travers du trait du dessinateur des images et un cadre issue de l’imaginaire d’un artiste. Une vision aussi qui, au-delà du respect de mise, pousse plus loin et revisite la trame offerte par le romancier. Le dessinateur propose ainsi sa lecture personnelle d’une œuvre marquée par le sensible où peuvent  naître de véritables joyaux. C’est indéniablement le cas pour Cité d’argile du dessinateur néerlandais Milan Hulsing qui revisite le texte Over the Bridge de l’égyptien Mohamed El-Bisatie. Placé entre les mains et l’imaginaire du dessinateur, le destin schizophrénique de Salem, le héros de ce conte sombre, se mêle et fusionne avec le sable du désert qui entoure Le Caire pour se dissoudre à jamais, emportant ses secrets. Et que dire du travail de Baloup et Vaccaro sur Le Club du suicide, librement inspiré de Robert Louis Stevenson ? Réalisé à l’aquarelle en mettant en exergue l’humour noir et le talent de conteur du romancier les deux hommes livrent un album trace. Enfin qui aurait cru qu’il soit possible d’adapter le roman fantastique et macabre Secret Show du britannique Clive Barker ? Chris Ryall & Gabriel Rodriguez ont relevé le défi et de belle manière… Retour sur ces liens qui (ré)unissent la BD et la littérature… première étape d’un voyage long courrier…

 

L’univers de Clive Barker grouille de monstres en tout genre évoluant dans un no man’s land difficile à définir, si ce n’est qu’il est souvent froid et empreint des horreurs les plus répulsives. L’auteur britannique propose ainsi depuis le milieu des années 80 des romans déroutants à ne pas mettre entre toutes les mains, fusion de l’imaginaire sans limite d’un Lovecraft et de la mise sous tension et des horreurs dépeintes par un Stephen King. Son œuvre est éditée en France en poche par J’ai Lu et Folio-SF et mérite un détour curieux ne serait-ce que pour se familiariser avec cet univers déjanté et digne de nos pires cauchemars. Secret Show nous conte l’histoire de Randolph Jaffe, homme sans envergure qui est passé à côté de sa vie et se trouve cantonné à classer les courriers égarés ou non parvenus à leurs destinataires. Enfoui dans les entrailles d’un bâtiment sans âme du Nebraska, l’homme se voit confier la tache d’ouvrir les lettres pour récupérer les objets de valeurs ou les billets qu’elles pourraient contenir. Alors que l’homme commence ce travail ingrat, il découvre avec stupéfaction que nombre de courriers renferment des indices sur un monde parallèle, une société secrète qui pratique l’Art, une magie obscure qui le fascine au point de lui faire quitter le contact avec notre réalité. Dans un accès de furie il tuera son supérieur puis prendra la fuite vers un lieu indéterminé – réel ou issu de sa folie naissante ?– dans lequel il rencontrera Kissoon, un être étrange, mi-sorcier mi-chamane qui lui confirmera l’existence de la Mer spirituelle dénommée Quiddité. Mais Randolph a besoin d’en savoir plus sur ce monde parallèle et il se rapprochera ainsi d’un certain Fletcher, scientifique déchu en raison d’une addiction à des substances interdites. Il apprendra de lui, et les deux hommes créeront le Nonce, un liquide étrange qui leur permet de faire un pas de plus vers l’Art. Mais les deux hommes n’ont pas les mêmes desseins et alors que le Nonce leur procure des pouvoirs mystiques ils vont s’affronter dans un tête à tête d’une violence rare. Ce combat sans fin les épuisera au point de les retrouver ensevelis dans les entrailles de la terre. Là commencera leur longue mise en sommeil. Sommeil qui durera jusqu’au jour où quatre jeunes adolescentes, nymphes inespérées, viennent se baigner dans le lac qui recouvre la zone où sont enterrés Jaffe et Fletcher. Cette baignade réveillera les deux ennemis qui enfanteront les jeunes filles. Mais le réveil véritable ne viendra que plus tard encore. Le combat reprendra par le biais de leurs enfants, Howard Katz, fils de Richard Fletcher et Tommy McGuire (et Jo Beth sa sœur jumelle) fils de Randolph Jaffe. Ce dernier récupérera les âmes des morts et des échoués de la vie pour construire une armée de Terata, bestioles informes et voraces tandis que Fletcher fera de même en créant son armée d’Hallucigenia. Le combat reprendra mais qui en sortira vainqueur ?

Le monde de Clive Barker mêle horreur, érotisme et suspense dans un univers foisonnant sans limites véritables. La mise en BD de ce roman ne pouvait que demander un travail titanesque tant au niveau du scénario et de la restitution de l’intrigue que du dessin. Ryall et Rodriguez les deux hommes qui ont donné corps à ce projet possèdent, à ne pas en douter, un imaginaire au moins aussi riche et déjanté que celui de Clive Barker. A travers cet album épais – à peine moins de 300 pages – ils offrent une vision personnelle et ouverte de l’œuvre du romancier. A noter que Clive Barker salue dans une longue préface le travail de Chris Ryall et Gabriel Rodriguez, signe que le projet mérite notre attention. Un album qui laissera à n’en pas douter une trace indélébile dans nos esprits…

Chris Ryall & Gabriel Rodriguez – Secret Show (d’après l’œuvre de Clive Barker) – Akileos – 2011 – 29, 99 euros

 

S’attaquer à une adaptation sous forme de roman graphique d’une œuvre de Robert Louis Stevenson n’est pas chose aisée, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’un texte aussi peu étudié que celui du Club du suicide. Ce texte compose originellement une partie du recueil Les Nouvelles mille et une nuits publié en 1882. Le Club du suicide comprend trois textes que Clément Baloup et Eddy Vaccaro ont librement adaptés dans ce superbe album de la collection Noctambule (Soleil Production). Chacun des épisodes écrits par Stevenson met aux prises le Prince Florizel de Bohême et son homme de confiance et ami, par ailleurs Grand Ecuyer, le colonel Géraldine. Alors que les deux hommes passent un moment dans un bar de Londres ils sont intrigués par un homme étrange qui fait irruption dans ce lieu pour y vendre des pâtisseries à la crème. Ils décident d’engager la conversation qui se poursuivra ailleurs jusque tard dans la nuit. Le jeune homme racontera l’histoire de sa vie et introduira le Prince et le colonel dans un club étrange où des hommes jouent leur vie dans une partie de cartes. Aucun gain possible, si ce n’est celui de la mort. Ce jeu de hasard plait au Prince qui décidera d’y prendre part, non pas par dégoût de la vie, mais bel est bien pour briser la monotonie de son existence et la pimenter d’un jeu où le risque n’est pas exclu. Pourtant le jeu se doit d’avoir une fin surtout lorsque le Prince tire la mauvaise carte… L’adaptation de Clément Baloup et Eddy Vaccaro respire le respect pour l’auteur écossais mais ne s’y enferme pas pour autant. Certaines scènes sont ainsi ajouter à l’intrigue sans que cela dénature l’ensemble (on pense par exemple au cauchemar du prince sur la partie de carte). Cela donne à l’album une puissance réelle, renforçant notamment l’humour noir ou macabre qui se détache de certaines scènes. Le dessin à l’aquarelle donne une force supplémentaire au cadre fin de siècle décadent. Il excelle par exemple dans la mise en relief des cadres extérieurs et intérieurs. Londres se trouve ainsi magnifiée par cette subtile touche fuyante, ce jeu de couleurs et de mélange de lumières. Marcel Schwob qui était un admirateur de Stevenson et sûrement celui qui a le mieux introduit son œuvre en France disait de lui que « Son imagination a les audaces les plus subites et sa raison les plus logiques subtilités ». Le Club du suicide s’inscrit dans cette veine et si le texte a mal passé l’épreuve du temps, reste l’histoire et la manière de la raconter dans laquelle Stevenson excellait et que renforce l’adaptation de Clément Baloup et Eddy Vaccaro. En cela cet album s’affiche déjà comme essentiel.

 Clément Baloup et Eddy Vaccaro – Le Club du suicide – Noctambule (Soleil Prod) – 2011 – 17, 95 euros

 

Avec Cité d’Argile le dessinateur néerlandais Milan Hulsing propose un roman graphique d’une esthétique rare. Tout part de la lecture du texte troublant Over the Bridge de l’égyptien Mohamed El-Bisatie dans lequel le dessinateur puise son inspiration. Dans ce récit critique envers la société égyptienne contemporaine le héro, Salem, fonctionnaire d’Etat, monte un plan machiavélique pour détourner des sommes d’argent colossales destinées à la solde et aux frais de fonctionnement des forces de police. Pour cela rien de plus simple : créer une ville imaginaire, Khaldiya dans laquelle règne le vice, mais aussi où les grèves et les manifestations fomentées par les communistes nécessitent une intervention régulière des forces de l’ordre. Tout cela conduit inévitablement à augmenter les sommes d’argent débloquées pour faire face aux surcharges de travail. Pour arriver à ses fins Salem devra cependant s’attacher les services de Younis, lui aussi fonctionnaire, homme sans le sou qui ne demande qu’à améliorer son quotidien. Il devra aussi fabriquer de toutes pièces une masse vertigineuse de paperasses pour abuser ses supérieurs et faire de Khaldiya non plus une simple ville imaginaire, née de l’esprit d’un homme peu scrupuleux mais bel et bien une ville crédible, qui possède tous les aspects d’une capitale de province. Cette recherche constante de crédibilité trouve son paroxysme lorsque Salem construit, dans son appartement, une maquette en argile de cette ville fantôme. Plus la ville prend corps entre les mains de Salem, plus l’esprit de celui-ci s’égare entre réalité et fiction. Cette lente plongée dans la schizophrénie sonne progressivement la perte de l’homme. Milan Hulsing reconnaît avoir pris certaines libertés avec le texte d’origine. Il construit avec Cité d’argile un roman graphique salutaire qui puise dans les maux de notre société les images propices à nos propres questionnements. Questionnements sur notre rapport à la société et la manière dont elle se trouve policée à l’extrême mais aussi sur les rapports entre les hommes – certains tout du moins –  pour qui l’égoïsme et le repliement sur soi semblent les voies privilégiées pour se protéger d’un mal indéfinissable mais aussi, et plus sûrement, pour cacher leur lâcheté. La tension se fait également sentir lorsque Salem dans un moment de lucidité souhaite reverser à des personnes touchées par la misère une partie des sommes qu’il dérobe à l’insu de sa hiérarchie. Cela se révèle un échec cuisant, accentuant de fait sa lente descente aux enfers. La réussite de ce projet tient aussi dans le ton donné par le dessinateur à ce conte sombre. Un ton qui oscille entre causticité et humour noir renforçant de fait la portée du message livré. Le dessin quant à lui est à l’image de l’Egypte pluriel, sombre, mouvant, sensible. Les couleurs naviguent dans les bruns : sépia, ocre… gommant au passage la gaieté qui a peut-être suivi d’autres chemins, et pas forcément ceux de l’Egypte d’aujourd’hui. Point de résignation mais une attente certaine…

Milan Hulsing – Cité d’argile – Actes Sud/l’an 2 – 2011 – 19, 50 euros

 

Interview de Milan Hulsing

Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Je suis né à Amsterdam en 1973, d’un père néerlandais et d’une mère tchèque. Même si mes parents étaient très ouverts d’esprit, on ne peut pas dire que j’ai grandi dans une ambiance artistique. Pourtant, cela ne nous a pas empêchés, mon frère et moi, de nous diriger vers la bande dessinée et l’animation. J’ai commencé à écrire de courts récits pour des petits magazines. Ces récits étaient toujours un peu bizarres, jouant sur le suggéré et les dangers. Il y a, aux Pays-Bas, beaucoup de bons dessinateurs mais comme le pays n’est pas très grand, il est difficile de vivre de la bande dessinée. Par chance, me débrouillant assez bien dans l’animation, j’ai fini par travailler dans ce domaine. J’ai ainsi réalisé par exemple le film Magic Show en 2009 pour Sylvia Kristel. Il y a cinq ans ma femme a eu une proposition de travail en Egypte et nous avons décidé de déménager là-bas avec nos deux enfants. J’aime travailler dans le film d’animation mais, intellectuellement, j’avais besoin d’un autre stimulant. C’est pour ça que tout en poursuivant dans l’animation, j’ai commencé à réfléchir à la réalisation d’un long roman graphique. En Egypte, j’ai trouvé le temps et l’inspiration pour l’entreprendre.

Cité d’argile est basé sur la nouvelle Over the Bridge de Mohamed El-Bisatie. Quand as-tu découvert ce texte et quand as-tu décidé de l’adapter en bande dessinée ?
C’est ma femme qui a découvert ce texte. Je l’envie d’être une si bonne lectrice. J’aime bouquiner mais je prends mon temps. En revanche ma femme est une véritable dévoreuse de livres ! Connaissant mes goûts, elle m’a recommandé ce texte. Un de mes livres préférés est Les Ames mortes de Gogol. Le livre de Mohamed El-Bisatie possède beaucoup de points communs avec lui. Ce n’est pas étonnant car Gogol et la littérature russe ont eu une grande influence sur la littérature égyptienne.

Tu vis en Egypte depuis quelques années. Peux-tu nous parler de la situation actuelle de ce pays ?
C’est assez fluctuant. Il y a une semaine beaucoup de nos amis étaient déprimés de voir grandir ce que nous appelons la « contre-révolution silencieuse » et la position souvent peu claire des militaires. Il y a aussi la crainte de voir la révolution récupérée par les forces religieuses. Récemment s’est tenue une grande manifestation à Tahrir, dans l’esprit des premiers jours de l’insurrection. Un mélange de personnes et de groupes radicalement différents mais qui ont entamé entre eux des discussions saines. Il reste donc de l’espoir, en ce moment du moins…

Salem le héros de l’histoire construit une ville imaginaire afin de détourner de l’argent public. L’idée de la ville imaginaire est une thématique très présente en littérature (Platon, Italo Calvino, Jorge Luis Borges…), ici pourtant elle n’existe pas et elle est loin d’être une ville idéale. Khaldiya est-elle un raccourci des problèmes que rencontre l’Egypte actuellement ?
Je ne pense pas que Khaldiya soit une cité utopique. Elle est ce que l’on appelle une dystopie (ou contre-utopie). Salem doit créer une ville qui coûte suffisamment cher à l’administration pour que son existence ne soit pas remise en cause. Pour cela il est obligé de mettre en place une police d’état et d’inventer des problèmes de sécurité. La réalité devient fiction. Tous les rapports de police archivés peuvent aussi être factices. Mais comme l’histoire n’est pas très linéaire et qu’elle est parfois coupée on ne peut pas affirmer que Salem soit l’auteur réel des chapitres de Khaldiya. Une tension naît de ce que nous lisons.

Ce qui inquiète dans cette histoire c’est que, si Salem détourne de l’argent, le lecteur ne connaît finalement pas son but réel. La tension qui s’installe progressivement dans cette histoire est-elle pour toi l’une des clefs de ce drame ? Salem n’est-il pas finalement la victime d’un système qui favorise l’exclusion et l’isolement ?
Je ne pense pas que Salem soit une victime. J’ai sincèrement pitié de lui. Je crois que beaucoup de gens sont dans sa position et occupent des emplois « intellectuels » sans aucune perspective d’avenir jusqu’à la fin de leur vie. Mais lui ne peut pas. On peut dire que nous sommes dans une histoire qui parle de la folie. Il n’y a pas toujours de logique dans les actions et les choix de Salem tout comme dans la manière dont il façonne Khaldiya dans sa tête. Son drame personnel, celui qu’il projette sur l’inspecteur de Khaldiya, pourrait aussi être imaginé. Dans ce sens nous pouvons dire qu’il est sa propre victime. Mais c’est vrai que j’ai eu besoin de ce drame personnel pour ouvrir une fenêtre dans l’esprit fermé de Salem.

Tu as choisi de n’utiliser que peu de couleurs dans ce roman graphique (différentes teintes de brun : sépia, ocre…) est-ce un choix délibéré et spécifique à cette histoire pour accentuer la tension ou bien est-ce quelque chose sur lequel tu travailles plus généralement ?
J’ai beaucoup travaillé en noir et blanc et certains de mes contes ressemblent à de la gravure sur bois. Il est exact que mes bandes dessinées, tout comme mes illustrations, sont généralement dans des teintes plus « conventionnelles ». Je pense cependant qu’il fallait que je fasse ce choix pour ce livre. Il est difficile de parler des partis pris esthétiques et de dire en quoi ils affectent l’histoire d’un point de vue dramaturgique. Pour moi ces couleurs correspondent très bien à l’Egypte.

L’humour, même s’il s’agit d’humour noir, n’est pas totalement absent du récit (je pense par exemple au passage avec la danseuse qui reçoit de l’argent de la part de Salem ou au formulaire administratif qui apparaît à la fin du livre). Cela donne en quelque sorte des « respirations » au récit. Est-ce aussi un moyen d’accentuer la portée de cette histoire ?
Je suis heureux que vous parliez de l’humour qu’il peut y avoir dans cet album. Des parties de l’histoire relèvent en effet du grotesque, comme le franc-parler et l’ignorance des réalités sociales de l’inspecteur. Si ce n’est pas humoristique c’est au moins grotesque ! La violence dans mon livre n’est pas du genre de celle que l’on trouve dans certaines bandes dessinées – la douleur et les blessures sont bien réelles – il a donc fallu que je travaille spécifiquement pour placer ici ou là des touches d’humour noir. Je ne voulais pas rire des victimes. Ce qui produit de l’humour selon moi c’est la différence entre les intentions de chaque personnage et les résultats concrets qu’ils obtiennent, tout comme l’idée fausse qu’ils ont d’eux-mêmes. Il fallait aussi que je place des scènes plus concrètes et plus claires pour le lecteur pour desserrer l’emprise. Ces passages permettent aussi de garder un contact avec le temps qui passe. En travaillant sur le livre j’avais besoin de m’assimiler plus ou moins à chaque personnage. Je devais me rapprocher du caractère de Younis pour avancer. Il est rongé par la tristesse mais reste pourtant foncièrement comique. Je pense que je l’aime malgré ses faiblesses. Lorsque j’ai demandé à Mohamed El-Bisatie de me parler de Younis son visage s’est éclairé d’un sourire. Il m’a dit « Ah Younis… », comme s’il s’agissait d’un de ces vieux amis.

As-tu rencontré des difficultés (techniques) dans l’adaptation de cette histoire et as-tu pris certaines libertés par rapport au texte de Mohamed El- Bisatie ?
Dans le livre original l’inspecteur est un personnage à part entière. Les parties concernant la ville de Khaldiya sont écrites dans un deuxième temps. Il y a dans le roman tout un jeu linguistique autour de chaque narrateur pour distinguer les parties entre elles. J’ai essayé de construire mon récit de cette façon mais cela ne fonctionnait pas. Du coup mon histoire ne comporte pas de narrateur. Même si l’on peut dire que Salem est l’auteur des parties concernant Khaldiya, il est difficile de mettre en évidence ce lien dans ma propre version. J’ai également dû composer avec le nombre important d’anecdotes qu’utilise Mohamed El-Bisatie dans le roman. J’ai essayé de rendre l’histoire plus linéaire pour qu’elle puisse prendre la forme d’un roman graphique. J’ai aussi changé la fin de l’histoire car je la trouvais un peu abrupte. J’ai pensé qu’il était nécessaire de la retravailler. J’ai procédé à de nombreuses adaptations au fur et à mesure que j’avançais dans mon travail ce qui a modifié également l’ordre de certains évènements.

Que retiens-tu de ce travail sur ce projet ?
Je pense que je me souviendrais tout particulièrement des scènes que j’ai réalisées de Younis. Avec certains amis, je me promène de temps à autre la nuit de manière semblable, sans but précis. Nous nous asseyons dans le centre pour prendre un café. Dans les scènes que j’ai réalisées pour cet album j’ai pu projeter ma vision du Caire.

 


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