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Une BD sous le bras : Les pionniers de l’aéropostale… Episode 1 : Henri Guillaumet



Une collection dédiée aux pionniers de l’aéropostale, surprenant que cela n’ait jamais été fait, Soleil s’engouffre donc dans cette brèche pour nous conter les destins de ceux qui risquèrent (et perdirent parfois) leur vie pour ouvrir et viabiliser de nouvelles voies. Guillaumet fut l’un d’eux, brillant pilote, peut-être égal d’un Mermoz, il construisit sa légende dans l’épisode que nous présente ici Christophe Bec, Patrick Alain Dumas et Saito où la survie de l’homme ne tint qu’à un fil…

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AéropostaleIl est des défis qui ont fait entrer de plein pied dans l’histoire ceux qui s’y sont plongés. L’ascension des sommets du monde et de l’Himalaya, la traversée des océans, la découverte au vingtième siècle, au cœur de l’Afrique, de territoires encore inexplorés. A leur époque les quelques fous ou prétentieux qui osaient affirmer pouvoir atteindre ces buts a priori insurmontables ont gagnés le droit de figurer au panthéon des grands de ce monde. Pourquoi ? Car ils ont démontrés avec une farouche vigueur que rien ou presque n’était inaccessible à l’homme, et que de fait par extension, il était encore possible de croire à l’accomplissement de grands défis humains. Les héros de l’aéropostale font partie de ces hommes qui ont repoussés les limites connues pour défier le temps et l’espace. Ils ont ouvert des voies, rapprochés les hommes, créer du rêve, des vocations et bien plus encore. Avec leurs coucous d’un autre âge, bien souvent des machines utilisées durant le premier conflit mondial et à peine améliorés, ils ont su atteindre, au péril de leur vie, les buts qu’ils s’étaient fixés. Certains d’entre eux sont devenus des mythes, Saint-Exupéry bien sûr mais aussi, Jean Mermoz, Emile Barrière, Marcel Reine, André Paravre ou Henri Guillaumet… C’est d’ailleurs ce dernier qui ouvre cette nouvelle série développée par les éditions Soleil. L’histoire de cet aviateur hors norme – pour Christophe Bec peut-être l’un des meilleurs pilotes avec Jean Mermoz – coïncide avec le désir de briser les lignes et d’ouvrir de nouvelles voies. Guillaumet sera un pionnier, un de ceux qui ont risqué leur vie pour offrir à tous une nouvelle vision du monde connu. Il se battra dans l’Atlantique Sud puis l’Atlantique Nord et surtout dans les Andes qui marquèrent sa légende à jamais…

C’est de cela qu’il s’agit dans cet album initié par Christophe Bec, évoquer l’épisode qui aurait pu mettre fin à la légende de ce génie besogneux, la traversée des Andes en ce mois de juin 1930. Et Bec pose d’entrée le contexte pour nous aider à comprendre la portée de l’exploit à venir : 12 juin 1930. Le tronçon qui relie Buenos Aires à Santiago du Chili… La plus longue et la plus belle ligne aérienne du monde… La plus difficile et la plus dangereuse ! Dans la cordillère des Andes… Une chaîne de montagnes sauvages dont certains pics s’élèvent à plus de 6500 mètres… Une région désertique où règnent en maîtres absolus le froid le plus intense et les vents les plus violents. Au pays, on considère comme mort tout aviateur surpris par la panne au-dessus de l’enfer des Andes. Et pourtant… Lorsque Guillaumet s’envole en ce mois de juin 1930 la météo n’est pas des plus favorables, les vents soufflent forts. Malgré une tentative de passer malgré tout en force le jeune pilote est contraint de rebrousser chemin pour se rendre au poste de Colina. Le lendemain 13 juin il décide, à la faveur d’une accalmie de reprendre les airs mais se trouve confronter à un rideau de nuages lourds qui l’oblige à monter au-dessus des 6500 mètres. L’exercice s’avère périlleux et il doit, pour essayer survivre, tenter un atterrissage de fortune. Guillaumet survivra mais se trouvera bloqué dans le pire lieu sur Terre en ce moment précis. Comment arrivera-t-il à regagner la vallée en contrebas ?

Avec ce récit qui ne se veut pas le retracé de l’intégralité de la carrière de ce magicien des airs Christophe Bec arrive à ses fins, insister sur la création du mythe en relatant la journée qui changea le regard de tous sur cet homme déjà considéré comme un grand. Pour ce faire le scénariste insiste sur les détails des deux journées du 12 et 13 juin, sur le parcours à travers la neige jusqu’à cette lucarne d’espoir entrevue au sortir d’une marche à travers le désert sans fin. Le dessin de Patrick Alain Dumas se love dans le scénario avec justesse, saisissant l’instant, la gravité et la multitude des sentiments qui parcourent Guillaumet durant les six jours de sa traversée invraisemblable. Les couleurs de Saito quant à elles apportent ce supplément de réalisme, pas évident lorsque le récit évolue dans un contexte aux tons peu variés. Le tout se lit avec un réel plaisir et laisse entrevoir de belles choses pour la suite de cette série !

Bec/Dumas/Saito – L’Aéropostale T1 : Guillaumet – Soleil – 2013 – 14,30 euros

 

Interview de Christophe Bec pour L’Aéropostale