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Instantané de Cannes : Un Festival paradoxal et l’un des plus fascinants au monde



La 69 ème édition du Festival de Cannes s’est clôturée ce dimanche 22 mai en récompensant de la Palme d’Or le film de Ken Loach, I, Daniel Blake.

Fidèle à ses clichés, la cérémonie de clôture n’avait de brillant que son décor. Rien de fulgurant et un air de déjà vu assez troublant : le prodige québécois qui pleure comme une fillette en pleine descente, le maitre de cérémonie privé de blagues douteuses, le réalisateur Iranien super heureux d’avoir la chance d’être ici et les membres du Jury qui ont l’air surpris des prix qu’ils ont décernés.

Mais faut-il retenir de Cannes uniquement la cérémonie d’ouverture, de clôture, les films en compétition, les quelques stars, ces soirées privées et tout le faste qui accompagne cet évènement surmédiatisé ? Non, surtout pas. Car le Festival de Cannes se veut en réalité tellement plus subtil et intéressant que ce qu’il veut bien faire croire. Derrière la féerie et les noeuds papillons se cachent bien deux choses :

D’une part, ce sont des centaines de films qui sont projetés un peu partout dans Cannes, et dans différentes compétitions bien moins médiatisées. Et oui, il existe bien des cinéphiles qui sont là pour avaler quatre films indépendants par jour et qui n’ont pourtant pas eu d’invitations pour fouler le tapis rouge. Le Festival de Cannes est aussi un festival qui consiste donc en un évènement festif et social où l’on consomme un centre d’intérêt en particulier pendant plusieurs jours, avec d’autres gens qui partagent le même intérêt. Contrairement à ce qu’on peut croire, il y a plus de gens à Cannes qui sont sincèrement là par amour du cinéma que pour se montrer. 

D’une autre part, ce sont des milliers de professionnels du monde entier qui sont réunis au même endroit, au même moment pour faire connaitre leurs productions, échanger, recruter, investir, etc… Pendant deux semaines, le cinéma indépendant a la chance d’avoir une visibilité considérable. Et ce qui est frappant, c’est de voir que la plupart des gens qu’on interroge évoquent une situation précaire indéniable. Le cinéma ne se porte pas bien, le cinéma purement indépendant encore moins.

Derrière les facettes de la prétention, de l’hypocrisie et de l’élitisme, le Festival de Cannes se veut secrètement bienveillant et profondément utile à la survie et au développement du cinéma indépendant. 

C’est sûrement ce paradoxe qui en fait un des évènements les plus fascinants au monde !