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La Grèce Antique, berceau de l’art théâtral occidental



La civilisation grecque a laissé bien des choses en héritage au monde dans lequel nous évoluons. Philosophie, structures politiques, art sous toutes ses formes, … dont le théâtre. Un théâtre qui revêt une double signification puisqu’il désigne à la fois le lieu d’où le spectateur regarde (les gradins) et ce qui est regardé par lui (le spectacle).

Aristote situe l’émergence du théâtre grec lors des fêtes données en l’honneur de Dionysos (les dionysies), dieu olympien du vin, du sexe, de la fête et des arts. Dont le théâtre. Il se développe en Grèce entre les VIe et Ve siècles avant J.-C. et est considéré à la fois comme un enseignement et une distraction, tout en permettant à ce que s’opère la catharsis – c’est à dire l’épuration des passions.

La règle des trois unités

La Grèce, comme berceau de l’art théâtral, en a également créé les règles : un prologue, un chœur, des dialogues, des parties chantées et une unité de temps, de lieu et d’action. Ainsi, les événements relatés par la pièce ne doivent pas dépasser une journée. Ceux-ci doivent se dérouler en un même lieu, par exemple une ville, voire même – pour les plus puristes – une seule et même habitation. Enfin, tous les événements sans exception doivent être liés entre eux afin de ne donner lieu à une seule et même action.

Il faut savoir que ces règles dépassèrent largement les frontières de la Grèce Antique et furent encore appliquées bien longtemps après cette époque par les dramaturges. Avant qu’ils ne décident de s’en affranchir, à l’image de William Shakespeare.

Une dernière chose : il était également interdit de représenter sur scène de la violence ou des moments d’intimité. Tout se déroulait hors-scène et était ensuite rapporté par les personnages sous la forme de récits. Là encore, Shakespeare s’est largement assis dessus !

La tragédie et la comédie

La Grèce n’est pas seulement à l’origine du théâtre occidental, elle est également à l’origine de deux genres que l’on a souvent opposé : la tragédie et la comédie. Deux genres qui s’accompagnent souvent de quelques noms : Eschyle, Sophocle et Euripide pour la tragédie ; et Aristophane pour la comédie. Ce sont ces auteurs qui ont permis aux mythes de la Grèce Antique de prendre corps, que ce soit celui d’Œdipe, d’Electre, de Médée ou encore d’Antigone.

Tout comme les règles encadrant l’art théâtral, ces deux genres ont dépassé le temps et les frontières de la Grèce Antique puisque des auteurs tels que Racine ou Corneille en ont repris les codes. Ils ont également permis la naissance d’un genre plus moderne, celui du drame qui oscille à la fois entre la tragédie et la comédie et offre donc une issue plus incertaine au dénouement, à l’image (oui oui, encore lui !) des œuvres du grand Will. Bon allez, histoire que tout le monde arrête de croire que je ne jure que par Shakespeare, je veux bien reconnaître que les œuvres de Bertolt Brecht sont également dans cette veine.

Théâtre grec et théâtre contemporain

Preuve que le théâtre antique continue à vivre dans notre monde actuel, les œuvres grecques sont encore adaptées par les metteurs en scène contemporains. On peut citer à ce titre Jean Vilar, Antoine Vitez, Olivier Py, … et bien évidemment Ariane Mnouchkine et ses célèbres Atrides, mêlant l’Iphigénie d’Euripide à la trilogie de l’Orestie d’Eschyle.

De même, certains dramaturges ont livré leur propre version des mythes de la Grèce Antique. Et non, pour une fois, pas de Shakespeare à l’horizon (bien que si l’on cherche un peu…) mais plutôt Jean Giraudoux avec La guerre de Troie n’aura pas lieu, ou encore Jean Anouilh et sa magnifique réécriture d’Antigone.

Pour finir, et surtout pour rendre aux orientaux ce qui appartient aux orientaux, il faut savoir que la Grèce Antique n’est pas la seule à être à l’origine de l’art théâtral. Celui-ci s’est également développé en Orient, et ce même bien avant qu’il n’apparaisse en Grèce, plus précisément en Chine et en Inde. Il donna naissance par la suite à différents styles théâtraux tels que le Nô, le Kabuki (Japon), ou encore le Kathakali (Inde). Mais si vous voulez en savoir plus, il faut que le prochain Assassin’s Creed se déroule en Orient !