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Hawaii, le paradis d’acier de l’upper-class américaine

20150502_090848Hawaii faisait partie des endroits qui ne m’attiraient pas spécialement mais qui étaient dans la catégorie « Quitte à être à 20 000 kilomètres de chez moi, autant voir à quoi ça ressemble. » Je prends donc un billet d’avion Tahiti-Honolulu, puis je fais mine de ressentir une certaine compassion hypocrite pour tous mes amis qui sont sous la pluie à Paris.Comme souvent, la plupart des gens qui m’ont donné un avis sur l’endroit n’y sont jamais allé. On entend toujours les mêmes clichés teintés de généralités : « C’est bétonné de partout, il n’y a que des Américains blancs friqués qui se pensent exotiques, mais bon ça doit être beau quand même à certains endroits encore un peu sauvages. »20150506_142023C’est triste à dire, mais c’est exactement comme ça qu’on pourrait résumer Hawaii. C’est toujours amusant lorsqu’on s’imagine quelque chose de très général et à première vue « fermé d’esprit » sur un endroit, alors que ça s’avère finalement très vrai une fois qu’on y est.

Comme à peu près tous les aspects de la culture américaine, Hawaii est un paradoxe un peu absurde. Dans un cadre de vie absolument idéal, la culture U.S est venue se gréffer avec une aisance déconcertante, peu importe la distance avec « homeland ». Hawaii est un Etat américain comme un autre, ou presque.

Cinquantième de sa lignée, l’archipel est un bâtard légitimé. Petit dernier, privilégié sans concession, il sera décidé officieusement que ce paradis est réservé presque uniquement à ceux qui en ont les moyens.20150507_185446

Honolulu : au cœur des buildings, du surf et du fric

Honolulu est la capitale et la plus grande ville d’Hawaii, qui se situe sur l’île d’Oahu. Connue mondialement pour la Waikiki beach, paradis des surfeurs du monde entier, réputée pour la qualité exceptionnelle de ses vagues peu importe le mois de l’année.20150504_132924

Le quartier de Waikiki est sans aucun doute l’endroit le plus cher que j’ai pu connaître dans mon voyage et aussi dans ma vie (compter 530 dollars pour louer une voiture trois jours, 40 dollars par personne au restaurant, 130 euros pour se loger en Airbnb, 140 dollars pour un cours de surf de 2 heures, 50 dollars pour louer un Kayak…).20150507_172936Le bandeau de plage de sable blanc est bondé de monde toute l’année, à toutes les heures et se baigner est peu aisé étant donné les centaines de surfeurs qui s’élancent dans les rouleaux à tout moment. Juste derrière, les boutiques de luxe qui bordent la plage, des buildings, et des résidences de 50 étages, sur des kilomètres et des kilomètres.20150507_172844L’endroit pourrait ressembler à n’importe quel quartier balnéaire de la côte ouest américaine, mais en version super classe, super chic, super chère. Les gens sont cools, les boutiques sont cools, les animations dans la rue sont cools, les bars sont cools. Les flics roulent dans des voitures de sport et les clochards se baladent en skate. Un peu partout, des jeunes blancs, la vingtaine, se promènent pied nus, planche au bras, cheveux en arrière. Tous vénèrent le Duke Kahanamoku, père fondateur du surf et Dieu des océans.20150507_173413

Mais l’île d’Ohahu est aussi connue pour des trucs beaucoup moins fun que le surf et la plage. Entre autres, c’est à une heure en bus d’Honolulu qu’on trouve le site de l’attaque de Pearl Harbour. 20150507_124349Lorsqu’on arrive, on a un peu l’impression d’être dans une fête foraine. Des groupes de touristes obèses, des portillons de sécurité, des guides, des plans, et tout plein d’attractions. Pas de sacs à l’intérieur, le site est ultra sécurisé et relativement militarisé, et bien entendu ultra patriotique. L’ambiance est quand même bon enfant lorsqu’on visite des sous-marins de guerre et les épaves des navires coulés.20150507_144820Bref, conclusion générale des films qu’on nous montre sur place : « Les Japonais ont fait un coup de pute mais en vrai la bombe atomique les a bien calmés comme il faut. ALL GLORY TO AMERICA FUCK YEAH ! » Enfin c’était pas vraiment dit comme ça, mais c’est la manière dont je me souviens.20150507_151129A ce moment-là, impossible de ne pas se rappeler des octogénaires Japonais en train de pleurer à genoux devant les reconstituions de fillette brûlée jusqu’à l’os, lors de ma visite du mémorial d’Hiroshima. Impossible de nier que les Japonais ont une manière bien différente de rendre hommage à leurs morts après un massacre. Autre ambiance, autre pays, autre culture.

Pour finir, Honolulu est aussi réputée pour le Diamond Head, un cratère de volcan éteint depuis 150 000 ans. L’occasion de se dégourdir les jambes et d’avoir une vue imprenable sur l’île d’Ohahu, mélange incertain de sublime paysage exotique arpenté par des colonnes de béton, de verre et d’acier froid. 20150506_141527Petite anecdote, à l’entrée du site, un panneau indique : « Attention, montée difficile, chemin arpenté. 2 heures de marche pour arriver au sommet ». Après m’être fait surprendre plus d’une fois par de folles ascensions dans d’autres pays qui ont bien failli avoir ma peau, je prends le panneau en considération, fais le plein d’eau et de mental.

Une trentaine de minutes plus tard, j’atteins le sommet du volcan presque sans aucun signe de faiblesse. Mais quelle est cette supercherie ? Tout d’un coup, je prends le temps d’observer les personnes autour de moi et constate que pas une seule ne fait moins de 120 kilos. Les gens sont rouge écarlate, en sueur, prêts à dégobiller leur Burger King ingurgité une heure avant. Ah oui, c’est vrai que nous sommes toujours aux US, même perdus en plein milieu du Pacifique, les Américains conservent leurs codes.

Le lendemain, départ pour Hawaii, la plus grande des îles, qu’on nomme aussi Big Island, pour justement ne pas faire la confusion avec l’Etat d’Hawaii, qui a en fait le même nom que l’île en question.

Big Island : l’île aux volcans20150511_173124Pourquoi aller à Big Island ? Au moins quatre bonnes raisons :

1 – L’île possède une diversité naturelle totalement unique au monde : des montagnes, des déserts, des volcans, des côtes rocheuses, des plages de sable fin, des forêts tropicales et j’en passe.20150509_1132582 – Elle est mondialement connue pour fabriquer le meilleur café au monde. L10904193 – C’est à cet endroit que feu le capitaine Cook, est mort en héros lors d’une bataille sur une plage contre les Hawaïens. L1090415

4 – On y trouve des volcans éteints, certes, mais on y trouve aussi des volcans super actifs qui fument, font couler du magma et crachent de la lave. L1090462Pour avoir traversé toute l’île en road trip, je confirme le point sur les nombreux climats. On passe d’une forêt tropicale pluvieuse et humide à un bord de mer de sable blanc.20150511_163358Quelques minutes plus tard, on marche dans un désert de roches noires pour finalement se retrouver en face d’un immense cratère fumant et faisant jaillir de la lave en fusion. L1090440Plus authentique, plus conservé, plus naturel, Big Island fait un contraste agréable avec Honolulu. L’occasion de choisir un Airbnb au milieu des arbres, dans une hutte en bois où la propriétaire propose un café fait à la main et une corbeille de fruits frais le matin. L1090468Un peu plus tard, nous décidons de suivre les conseils du Lonely Planet pour arriver à trouver la Green Beach, plage de sable réputée pour être… verte. Une scène surréaliste nous attend, au moment où des sortes de passeurs vivants au milieu des poules nous font monter dans un 4×4 et entassent les touristes pour faire la traversée d’un sentier sableux, qui donne l’air d’avoir été mitraillé d’obus.G0136467

Après quelques doutes lorsque le véhicule frôle les falaises, nous arrivons enfin à la fameuse plage verte. Comme une plage de sable blanc donc, mais vert du coup. A cause d’une histoire de coloration dûe à la roche volcanique ou un truc du genre.20150510_143608L’occasion aussi de se faire une belle frayeur, lorsque le dernier jour, mon amie et moi décidons de visiter une plage remplie d’hommes nus et musclés.

….

Mais la dangerosité ne venait pas du statut nudiste de cette superbe plage de sable noir. Non, nous avons en réalité frôlé la noyade en nous faisant engloutir par une effroyable vague d’au moins 10 mètres (sûrement beaucoup moins en réalité, mais dans mes souvenirs ça donnait à peu près ça, sans exagération).

Preuve en photo de la terrible vague, avec mon amie à droite qui fuit une mort certaine.

20150511_215424Remis de nos émotions, nous partons pour la dernière escale de notre voyage, Maui, supposée paradis du surf hippie et de la vie douce.

Maui : la vie cool20150512_190004Hawaii nous réserve des surprises. Au fur et à mesure de notre voyage, nous constatons qu’il ne faut pas se laisser berner par l’aspect aseptisé, bétonné et friqué d’Honolulu. Même si la culture américaine est toujours omniprésente, il faut bien avouer que Maui est la preuve qu’Hawaii, c’est aussi un paradis perdu au milieu du Pacifique, à la végétation luxuriante et à la diversité biologique hors du commun. 20150515_102951Étrangement, Maui n’est pas encore saturée de tourisme. Et pourtant, elle a le statut d’île balnéaire relativement idéale : 26 degrés toute l’année sans humidité, des plages sublimes idéales pour se baigner et commencer à surfer, une culture locale intéressante et un coût de la vie bien moindre que sur Ohahu.  20150512_191847Avec mon amie, nous faisons donc le choix assez logique de passer les quatre prochains jours à boire, manger, dormir, bronzer, surfer et surtout consacrer beaucoup d’énergie à ne strictement rien faire. Il est d’ailleurs tout à fait possible de combiner ces six activités en même temps : après avoir surfé, se poser sur une plage avec du vin et des calmars frits et s’endormir ivre devant le coucher de soleil. Recommencer le lendemain.20150512_183958Après tout, c’est aussi comme ça qu’on visite Hawaii. Quand on interroge les habitants sur le choix d’être venu s’installer au milieu du Pacifique, parfois loin de leur Etat natal, c’est souvent le même sourire, la même réponse : ( Mike, notre prof de surf )

Tu me demandes pourquoi je suis venu m’installer ici ? Regarde autour de toi franchement. Oui, ici c’est cher et c’est loin. Mais moi j’ai envie d’être heureux. Et ici, je suis heureux. Pas de culpabilité, pas d’état d’âme. Cet environnement, ça me suffit à me sentir bien. C’est tout ce qui compte.

G00265697Pour clôturer ce trop court séjour, mon amie décide de me faire une surprise le jour de mon anniversaire en m’offrant un vol en hélicoptère autour de l’île qu’elle avait pris soin de réserver des semaines plus tôt. Une surprise totalement inattendue qui à laissé sans voix l’enfant que je suis.20150515_105829Nous nous envolons parmi les plus beaux paysages que j’ai pu apercevoir dans mon voyage, au milieu de cascades mystiques et de paradis sauvage inaccessible.20150515_102242

Une confession personnelle est alors de rigueur. Ce mot d’adieu rempli de regret et de nostalgie fera d’ailleurs parfaitement office de conclusion  :

Antibes, le 20 octobre 2015

Cher Hawaii,

Je te dois des excuses. Malgré l’acier et le béton qui te ronge, malgré le fait que tu oublies progressivement tes origines ; tu as encore su garder ton charme et tes mystères. Ta cupidité et ton éloignement font que je n’aurais ni le temps ni les moyens de te retrouver un jour et c’est regrettable. C’est donc un adieu mais peu importe, car tu feras partie, à côté de la Polynésie Française, des perles du Pacifique qui m’auront marqué à vie.

A l’avenir, je te promets que je n’aurai pas de préjugés sur un endroit avant d’avoir fini de le découvrir.

Enfin j’essaierai.

Adieu Hawaii.
20150515_103023PS : Tu me manques

 

C’est sur cette superbe journée que le voyage s’achève avant le retour à Honolulu. Pour mon amie, encore un dur retour à la réalité. En ce qui me concerne, direction le Costa Rica. Mais avant d’atteindre l’Amérique centrale, un périple totalement imprévu de quatre jours m’attend. 

A suivre…


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