
Bloodbowl est (encore) un jeu Games Workshop, les auteurs de moults produits dans l’univers Warhammer : 40k, les figurines, les jeux de rôles, les jeux de société, et bien sûr les jeux vidéo. Cette tendance, récente chez l’éditeur, a pris des proportions ahurissantes, le géant anglais louant ses licences à tout propos et pour tout type de jeu : TPS, RPG, STR, MMO, et donc jeux de « sport ». Bloodbowl fait d’ailleurs office de vétéran, puisqu’après un éxécutable .jar qui circula longtemps sur internet, le jeu prenait du galon avec Chaos League avant de devenir enfin le Bloodbowl aujourd’hui pourvu d’une suite.
Le Bloodbowl, c’est quoi ? Du foot US. Tout simplement. La petite particularité, c’est qu’y massacrer son adversaire est tout à fait possible, jusqu’à le tuer, tout comme faire usage de magie, ou de corruption, que le public intervient régulièrement, et que l’arbitre est aveugle, sournois, ou les deux. Aux gracieux elfes qui peuvent envoyer le ballon d’un camp à l’autre en se curant les ongles au chaos qui a un goût naturel pour l’empalement et autres joyeusetés, c’est tout un champ du possible pour écraser son adversaire qui s’offre à vous.

Le jeu se joue exclusivement au tour par tour (renonçant à la pause active optionnelle du précédent opus qui de toute façon était injouable), en deux mi-temps de 8 manches, le but étant d’amener le ballon dans l’en-but adverse pour un touchdown. Les joueurs gagnent des points d’expérience, qui leur permettent d’améliorer leurs stats et leurs compétences, et le but à terme est d’amener son équipe au sommet.
Particularité : tout cela se résout par des dés. Vous savez, ces saloperies cubiques qui au mépris de toutes les lois statistiques vous font rater l’inratable… Bon, certes, les compétences et les relances rendent tout de même certains fails improbables, mais ils restent toujours possibles… Et puis il reste que le hasard du jeu pèse sur vous comme sur l’IA. Enfin, sauf pour moi. Sale tricheuse. Je sais que l’IA m’en veut personnellement depuis que j’ai parlé d’elle dans l’immonde étron qu’était Rambo. Du coup, le côté improbable et génial de certaines actions tentées en dépit du bon sens parce que c’est ça ou la défaite vous fourniront leur lot d’anecdotes à raconter, les yeux brillants, entre geeks.
Seulement, jusqu’à maintenant, Bloodbowl était un jeu d’initiés, de vrais qui savent. Et c’est là que les développeurs ont eu une idée géniale : un tutoriel géant qui prend la forme d’une campagne solo.

Vous allez donc prendre en main le destin des Reikland Reavers, en cabalovision, toujours commentée par Bob l’Ogre et Jim le Vampire dont l’humour, quoique vite redondant, fait vite mouche. Votre équipe est une fameuse équipe de tocards, au fond du trou, et vous allez donc, au fil d’un scénario pas si mal écrit et franchement plaisant à suivre, les ramener vers les sommets, en apprenant à chaque match un élément de règle en plus : les passes, le blocage, les relances, la popularité, etc. Et même un néophyte complet, au bout de la campagne, aura compris le fonctionnement du jeu mieux que certains vétérans, même si bien évidemment tout cela ne remplace pas l’expérience, la seule donnée qui permet de savoir à l’évidence que la tortue naine est une vraie saleté.
Une fois ce préalable accompli, vous pourrez vous régaler en solo contre l’IA et faire progresser une équipe de votre choix, une IA qui d’ailleurs n’est plus aussi bête qu’avant, son champ de réactions ayant été considérablement élargie. Elle continuera, parfois, à prendre des décisions étranges liée à son écriture concernant une race donnée (dont elle exploitera parfois trop les points forts, au mépris de la logique) mais, si tout n’est pas parfait, le plaisir est grandement renforcé.

Après, répétons-le encore, c’est l’expérience qui donne la clé de ce jeu. Certaines équipes, par exemple, comme les Vampires ou les Elfes Noirs, sont à déconseiller vivement aux débutants. Mais en ce sens, le solo contre l’IA permet largement de faire ses gammes dans de bonnes conditions, et de vivre quelques morts de joueurs-clés. Et il faut s’y habituer. Pauvre Brutus, blitzer de son état, mort exécuté par un félon Skaven.
Une fois votre résolution fermement acquise, vous pourrez vous risquer en multi, soit pour tâter du ladder, soit pour bouffer de la ligue. Et sur ce dernier point, le travail accompli est génial, car non seulement une même ligue peut autoriser plusieurs championnats, mais la liberté de règles est totale, ce qui est un vrai plaisir, chaque communauté pouvant procéder selon son envie et se faire le Top 14 med-fan ou la NFL des bourrins. Règles, modalités (élimination, tous contre chacun, rondes suisses, ladder), tout est paramétrable, et le plaisir est renforcé par un véritable mercato optionnel, qui permet aux équipes de récupérer des joueurs adverses mis en vente. Une aubaine pour les petits qui peuvent prendre du temps pour chercher la perle rare.

Pour couronner le tout et vous attacher encore plus à votre équipe, vous pourrez aussi optimiser votre stade et créer le Millenium Stadium du Flot de Sang. Et le choix n’est pas que cosmétique : si, comme votre serviteur, vous préférez jouer brutal, certains sols sont plus douloureux que d’autres à l’impact…
Un jeu d’anthologie, alors ? Et bien non. Car vous connaissez maintenant mon côté Castro du jeu vidéo, et un point m’a prodigieusement gavé d’entrée de jeu : 8 équipes. Oui, 8. En fin de règne, Bloodbowl en proposait plus de 20. La raison, vous la connaissez : add-on et DLC. Ajoutons que deux races sont dispos Day One en DLC… Alors certes, Cyanide n’est pas EA, ni même un énorme studio, mais tout de même…
Et puis, sur le fond, exception faite de ces quelques nouveautés, et d’un design graphique grandement amélioré, Bloodbowl reste Bloodbowl, sans révolutionner quoi que ce soit. Il y a de quoi s’amuser des heures, mais autant savoir que si ces nouveautés ne vous parlent pas plus que ça, pas la peine d’investir…

Testé sur une version PS4