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Escape Dead Island : Saturday Night Fail



Dans EDI, vous débarquez sur une île tropicale, pour changer, et vous allez faire des allers et venues sans arrêt comme dans le pire MMO. Or, si vous voulez du jeu multijoueur, Epidemic est là pour ça, et le fait correctement… Non, ici, on est face à un jeu solo qui aurait assimilé le pire du MMO : le « allez tuer 19 sangliers rochecroc » (toute ressemblance est fortuite), ou plus exactement, ‘allez me chercher tel truc de l’autre côté de l’île et revenez« . Ah bon.

Le tout en vue externe façon TPS, qui semble se vouloir un jeu d’infiltration malgré quelques passages à tabac musclés. Enfin, infiltration… Le casino a des statistiques plus fiables. C’est simple : le comportement des zombies est incompréhensible, oscillant entre Stephen Hawking et Clark Kent. D’abord, les textures sont ainsi faites que distinguer le visage du zombie, donc la direction de son regard, n’est pas une mince affaire, mais plus généralement son champ de détection paraît géré par un système totalement aléatoire. Là il vous voit, là il ne vous voit plus, là il a la vitesse de réaction d’un sniper du GIGN, ici celle de Tata Simone qui boit sa bouillie en maison de retraite.

Et puis l’infiltration suppose un peu de défi, comme dans Far Cry, ou Splinter Cell, des enjeux. Ici il s’agit surtout de savoir si vous allez pouvoir suriner un zombie. Répétitif à souhait.

Vous l’avez compris avec l’histoire des textures, le jeu est laid. Pourtant, même avec des moyens limités, quand on fait un jeu qui visuellement tend vers le XIII d’il y a 13 ans, excellent à l’époque, on doit avoir assez de ressources dans la bécane pour programmer des textures correctes. Le Cel Shading a de bons côtés, mais mal exploité, il est aussi désagréable à l’oeil que n’importe quel jeu classique raté. En 2015, hélas, des jungles, on en a beaucoup vues dans les jeux vidéo, et celle-ci ressemble à un herbier de CM1. La comparaison avec un Far Cry, encore lui, fait mal. Du coup, la recherche de photos ou de secrets n’a plus grand attrait.

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Votre héros en short long, le clubber américain standard, donc un personnage auquel on n’a aucune envie de s’attacher, traîne ses maigres talents à travers l’île, et y rencontre régulièrement une mort atroce. Nouveau problème : il y a peu de checkpoints par rapport à la taille, pourtant pas folle, de l’aire de jeu, mais en plus ils sont dans des endroits qui relèvent du grand n’importe quoi. Totalement à l’écart, cachés, on a l’impression que les développeurs ont cherché à mettre un jeu dans le jeu « trouve ton checkpoint« … ou à trouver un expédient assez grossier pour gonfler la durée de vie.

Je ne vous parle même pas, d’ailleurs, des plantages et de vilains bugs, comme perdre son arme… ou son perso. Sympa.

On ne retrouve en plus même pas le craft rigolo de Dead Island : ici, vous avez des armes à peu près nulles et sans intérêt. D’abord, vous les aurez dans l’ordre que l’on vous impose, avec une radinerie bien triste… Quelques armes à feu, à peine plus d’armes de mêlée standards, pour une saga qui a brillé par l’artisanat des armes, voilà qui est triste.

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Et pour conclure en beauté, le scénario, qui aurait pu fonctionner, est miné par une écriture piteuse et une mise en scène bien triste. Il y a certes quelques hallucinations sympathiques, mais mal gérées, et l’ensemble a des allures de nanar de W9 avec ses dialogues navrants et son histoire à dormir debout. Le héros un peu taré, on connait, la corpo méchante, on connait, le groupe de jeunes qui se fait décimer, on connait. Or, le problème, c’est que la nuance entre un nanar sympathique et une vraie daube est assez subtile. A voir de quel côté de la barrière vous vous situez. Qui pis est, la folie du héros, le seul vrai axe narratif du jeu, ne change rien à la situation ni aux défis. Dommage, encore une fois.

Notez cependant que la jouabilité est bonne, puisqu’on n’a pas grand chose à faire : les combats de mêlée sont moins évolués qu’un Double Dragon, et les armes à feu peuvent en revanche se montrer totalement dévastatrices mais sans sel particulier.

De même, la bande-son est bonne. Du coup, si vous êtes prêt à payer 40 euros pour une bonne musique…